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Épave de l'"Endeavour" : dispute australo-américaine sur la réalité de la découverte

C'est (peut-être) la fin d'une énigme de 200 ans. Des chercheurs australiens assurent avoir retrouvé l'épave de l'Endeavour, le navire de l'explorateur James Cook. 

Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un plongur examine l'épave de ce qui pourrait être l'Endeavour, le navire du capitaine Cook coulé en 1778, au large de Newport dans l'État de Rhode Island (États-Unis), le 3 février 2022.
 (HANDOUT / AUSTRALIAN NATIONAL MARITIME MUS via AFP)

L'Endeavour a été sabordé par la marine britannique en 1778 au large de Newport, aux États-Unis, pendant la guerre d'indépendance. Ce trois-mâts aux voiles carrées est l'un des plus grands symboles de l'histoire maritime : dix ans plus tôt, il a servi au britannique James Cook pour sa toute première expédition en Nouvelle-Zélande et en Australie, dont il a pu cartographier la côte est.

On a beau savoir où l'Endeavour a coulé (dans une zone de 5 kilomètres carrés où reposent d'autres navires), jusqu'ici personne n'a pu le désigner avec certitude. Son épave n'est encore qu'un numéro RI 2394. Pourtant ça fait plus de 20 ans que les archéologues maritimes fouillent, collectent, analysent. Jeudi 3 février à 11 heures du matin à Sydney, coup de théâtre, les Australiens sortent le scoop : "Ça y est, on a trouvé, c'est lui".

Leurs preuves ? Plutôt des convictions. "Je suis convaincu qu'il s'agit de la dernière demeure de l'un des navires les plus importants et les plus controversés de l'histoire maritime de l'Australie", a déclaré le directeur et PDG de l'Australian National Maritime Museum dans un communiqué de presse accompagné d'un site contenant des graphiques et des vidéos de la découverte.
Kevin Sumption assure que c'est toute une addition de détails qui a permis de lever les derniers doutes. La longueur de la coque (l'Endeavour était beaucoup plus grand que les autres bateaux) le type de bois (du chêne du nord de l'Angleterre), l'emplacement du mât de misaine, etc. Le rapport complet des chercheurs australiens sera publié d'ici quelques mois. Après deux siècles dans les fonds boueux de l'océan, l'épave est très dégradée, 15% seulement du bâtiment sont restés intacts.

"Une annonce prématurée"

Sauf que le monde de l'exploration sous-marine, c'est pire que le Far West. Une heure après leur conférence de presse, leurs conclusions ont été contestées par leurs partenaires de recherche américains. Touché coulé.

"Ce que nous voyons sur le site de l'épave correspond à ce que l'on pourrait attendre de l'Endeavour (notez le conditionnel), mais aucune donnée incontestable" ne le prouve, dit Kathy Abbass, la chercheuse en chef du Rimap (Rhode Island Marine Archaeology Project) dans un communiqué. "Cette annonce est prématurée". Nos conclusions, poursuit-elle, seront les seules "légitimes" : "Elles seront fondées sur un processus scientifique, pas sur les émotions ou la politique".

Ils se font bien savonner la planche, les Australiens ! Ce qui n'a pas empêché un porte-parole du Musée maritime national australien de répondre : "Je ne suis pas d'accord avec l'affirmation selon laquelle nous n'avons pas assez d'informationsMais Mme Abbass a le droit d'avoir sa propre opinion".

Partenaires mais aussi concurrentes, les deux équipes de chercheurs veulent chacune être la première à entrer dans l'histoire et surtout à ramener un bout de l'épave dans leur pays pour l'exposer avec triomphe dans un musée. La bataille navale continue.

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