En Bolivie, trois semaines de contestation et Evo Morales démissionne
La planète tourne et nous posons le doigt à La Paz en Bolivie. Le président depuis 2006 a finalement démissionné, lâché par le chef d'État Major de l'Armée.
C’était le mandat de trop. Celui d’un homme qui a incarné les rêves d’une gauche sud-américaine, indigène, démocratique. En trois semaines, le rêve d’Evo Morales est devenu le cauchemar d’une grande partie de son peuple. Celui qui a tant fasciné en Amérique du Sud, et en Europe, est allé trop loin. Tout commence le 20 octobre, Evo Morales est déclaré vainqueur de sa quatrième élection présidentielle au premier tour alors que tous les bulletins ne sont pas encore dépouillés. Son opposant Carlos Mesa dénonce une fraude grossière. Les Boliviens descendent dans la rue, demandent à l’ancien héros de reprendre le processus électoral. En quelques jours le pays bascule dans la contestation et dans le conflit.
L’armée finalement le contraint à la démission
Dimanche 10 novembre, un deuxième ministre de son gouvernement démissionne mais c’est du chef d’état-major de l’armée, Williams Kaliman, que vient le coup de grâce. Depuis plusieurs jours, en plus des manifestations monstres dans le pays, des mutineries ont commencé dans des casernes de police à Cochabamba, Sucre et Santa Cruz. Deux médias publics, Bolivia TV et Radio Patria Nueva, sont occupées samedi. Et l’armée assure alors qu’elle n’affrontera pas le peuple. Le signal est donné. Dimanche soir, le chef de l’armée demande à Morales de démissionner. C’était fait une demi-heure plus tard à la télévision.
Au pouvoir depuis 2006, cet ancien dirigeant syndical avait secoué le continent : il avait réussi à s’attaquer à la pauvreté, à l’analphabétisme, dans ce pays andin, pauvre de 11 millions d’habitants. Evo Morales est issu d’une famille très modeste d’indiens Aymara, il n'est quasiment pas allé à l’école, et maîtrise mal l’espagnol quand il est arrive au pouvoir en 2006. Il tente de promouvoir une politique alliant l’écologie et la défense des intérêts boliviens face aux multinationales. Mais la corruption de son entourage et son désir de rester coûte que coûte au pouvoir ont eu raison de l’espoir qu’il incarnait encore pour une partie de la gauche sud-américaine. Alors que des manifestations similaires ont lieu en ce moment au Chili voisin, mais aussi, plus loin, en Algérie, au Liban ou en Irak, c’est un message clair : les dirigeants peuvent tomber.
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