Elections au Zimbabwe : l'opposition rêve d'une victoire

Depuis l'indépendance en 1980, le pays a connu une véritable descente aux enfers, échiré par des guerres ethniques. Dans un contexte de répression de la dissidence et de grogne généralisée liée à une économie sinistrée, un "jeune homme" entend faire face au "crocodile".
Article rédigé par franceinfo, Bertrand Gallicher
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le président sortant du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, 80 ans, est surnommé "le Crocodile" pour son caractère impitoyable. (JEKESAI NJIKIZANA / AFP)

Une espérance ténue. À la veille des élections générales au Zimbabwe, prévues le mercredi 23 août, l’opposition espère la fin d’un régime qui a dévasté le pays en 40 ans de règne, malgré des scrutins présidentiel et législatif largement verrouillés.

Human Rights Watch parle "d’un processus défectueux" : listes électorales douteuses, opposants emprisonnés... Les autorités ont même tenté de discréditer les observateurs de l’Union Européenne en les accusant de corruption. 

"Le crocodile" face au "jeune homme"

Le gouvernement qui a succédé à un coup d’Etat militaire en 2017 est dirigé par Emmerson Mnangagwa âgé de 80 ans. Surnommé "le crocodile", cet homme fort du Zimbabwe est candidat à sa réélection. Compagnon de route et rival de Robert Mugabe, le président au pouvoir pendant 37 ans qui a laissé le pays exsangue, avant d’être finalement évincé par l’armée et de mourir en exil, Emmerson Mnangagwa a été ministre de la Défense puis vice-président. Limogé, il avait trouvé refuge à l’étranger. Elu chef de l’Etat en 2018 lors d'un scrutin contesté, il préside depuis cinq ans le Zimbabwe avec des méthodes brutales tandis que le pays continue à s’effondrer.

Face à lui, l'opposition s'est unie. Son chef de file est un avocat et pasteur de 45 ans : Nelson Chamisa, qui se fait appeler "le jeune homme" pour souligner sa différence d’âge avec le président sortant. Il a pris le leadership de la Coalition des Citoyens pour le Changement (CCC) et milite contre le régime depuis des décennies. Nelson Chamisa est charismatique, mais il a contre lui d’appareil d’Etat.   

Des décennies d'une situation économique désastreuse   

L’ancienne Rhodésie du Sud - reconnue indépendante par les Britanniques en 1980 - était autrefois prospère, dotée d’une agriculture riche et exploitant d’importantes ressources minières. Sous la présidence de Robert Mugabe, le pays, déchiré par des guerres ethniques et rebaptisé Zimbabwe, a connu une descente aux enfers. L’expropriation violente de 90 % des fermes appartenant à des Blancs a provoqué la faillite de l’agriculture et une crise économique sans fin. Les 15 millions d’habitants sont confrontés à un chômage massif, à un système toujours inégalitaire et à une inflation effarante.

En 2008 la banque centrale avait dû émettre des billets de 100.000 milliards de dollars zimbabwéens. Aujourd’hui l’inflation s’établirait à 173 % selon les chiffres officiels, en réalité 1.000 % d’après les économistes...

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