Conditions de travail : les salariés des musées du Vatican se rebellent

Les salariés des musées du Vatican menacent leur employeur d'une action collective en justice, lors d'un mouvement social inédit.
Article rédigé par Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un couloir d'un des musées du Vatican, le 13 février 2024. (TIZIANA FABI / AFP)

Ils sont 49 au total sur les 700 salariés des musées. Quelque 47 gardiens, un restaurateur et un employé de librairie qui ont apposé leur signature au bas d'une lettre de mise en demeure envoyée à leur patron, le cardinal Fernando Vérgez Alzaga, qui préside le Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican, autrement dit le pouvoir exécutif. 

Si une médiation n'est pas mise en place, alors ce sera l'action judiciaire en bonne et due forme. Selon le Corriere della Sera, qui dévoile cette histoire, c'est la première fois dans l'histoire du Saint-Siège qu'est lancée une telle procédure de groupe. Ces dernières années, plusieurs de ces salariés ont tenté individuellement de trouver un accord, mais se sont heurtés à un mur, puisqu'il n'y a pas de syndicat au Vatican.

Le Vatican, mauvais employeur ?

Ces salariés se plaignent d'avoir un employeur qui ne respecte pas toujours le droit du travail, au point de porter atteinte "à leur dignité et à leur santé". Ils dénoncent une "mauvaise gestion manifeste" des ressources humaines et des réglementations trop strictes. Par exemple, pendant le Covid, quand les musées du Vatican ont fermé, les employés ont dû rester chez eux, mais ils ont dû rembourser, sur leur salaire, les heures non travaillées.

En cas de maladie, il n'y a pas de plages horaires pour les visites de contrôle, "vous devez rester à la maison toute la journée, car la visite peut avoir lieu à tout moment, dénoncent les salariés. Des cas ont été rapportés où des employés ont été sanctionnés alors qu'ils se trouvaient chez le médecin. Rester à la disposition de l'employeur au-delà des heures de travail est une violation de la dignité de la liberté personnelle".

Les employés assurent encore que les heures supplémentaires sont moins bien payées que les heures de travail ordinaires. Selon le rescrit "Ex Audientia SS.mi" du 28 août 2015, "après six heures passées debout, vous devez continuer votre travail en étant moins bien payé". Les affectations et promotions sont également gérées de façon totalement arbitraire et les salariés rappellent que leur couverture sociale est égale à zéro : "Au Vatican, il n'y a pas d'assurance-chômage et aucun soutien financier en cas de crise ou de perte d'activité". 

La sécurité des musées en question

Au-delà de ce réquisitoire, la plainte des salariés affirme "qu'entre 25 000 et 30 000 personnes traversent les musées du Vatican chaque jour, bien que le nombre maximum d'entrées soit de 24 000 par jour".

Ils pointent aussi des sorties de sécurité trop peu nombreuses, "seulement deux sont accessibles", des "salles sans air conditionné" qui provoquent de "graves maladies" en été et mettent en danger la "conservation des œuvres d'art". "Le faible nombre de gendarmes", a créé des problèmes de sécurité à plusieurs reprises et “les protocoles ne sont pas respectés” pour les détecteurs de métaux.

Les différents sites, qui abritent notamment la chapelle Sixtine, représentent le deuxième ensemble muséal le plus visité au monde avec près de sept millions de visiteurs l'an dernier. C'est une grosse source de revenus. Les frondeurs accusent le Saint-Siège de penser à générer du profit avant tout le reste. 

Le Vatican dispose de 30 jours pour donner suite. François est attendu au tournant, lui qui dénonce régulièrement les dérives du capitalisme. Les employés des musées résument ainsi, "le pape parle souvent de droits, mais nous, ici, nous sommes considérés comme de la simple marchandise". Ils réclament des actes, pas seulement des sermons.

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