Berlin : revers électoral pour le parti du chancelier allemand Olaf Scholz
En Allemagne, le parti du chancelier Olaf Scholz se prend une grosse claque à Berlin aux élections régionales.
On pourrait dire que c'était juste une élection locale qui s'est jouée sur des enjeux locaux. Mais ça faisait 20 ans que le SPD régnait sur une capitale allemande historiquement ancrée à gauche. Aujourd'hui, les socio-démocrates sont devancés de 10 points par les conservateurs (28,2%).
Le parti social-démocrate (SPD) du chancelier allemand Olaf Scholz, qui tient la mairie de Berlin depuis plus de 20 ans, est nettement devancé par les conservateurs à l'issue d’élections locales, selon les estimations des chaînes de télévision #AFP pic.twitter.com/3ru2AV1WlA
— Agence France-Presse (@afpfr) February 12, 2023
Non seulement, ils ont perdu, mais en plus, ils enregistrent leur plus mauvais résultat depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, au coude-à-coude avec les écologistes. Ils sont à environ 18% (les résultats ne sont pas encore définitifs) et espèrent ne pas être relégués en troisième position. Déroute pas facile à digérer. La maire sortante, Franziska Giffey, qui va avoir du mal à rester en place, parle d'une "soirée amère" et d'une "situation difficile" pour son parti.
Le SPD pourrait devoir se contenter d'une place de partenaire "junior" dans la future coalition – même si tous les scénarios sont encore possibles. Les négociations seront difficiles, aucune grande formation ne se disant prête à gouverner avec la formation de l’ancienne chancelière Angela Merkel.
Une faible participation
L'élection du parlement régional du Land de Berlin n'a pas du tout motivé les foules : moins de 64% de participation. Sans doute parce que les Berlinois ont déjà voté pour ce scrutin, le 26 septembre 2021, le même jour que les élections nationales qui ont porté Olaf Scholz à la chancellerie. Sauf que ça avait été catastrophique : files d'attente interminables, bulletins manquants... On avait même annoncé des résultats alors que des habitants votaient encore. L'élection avait finalement été annulée, et reprogrammée le 12 février 2023.
Entre-temps, les sociaux-démocrates ont payé le mécontentement des habitants sur les problématiques de logement et de circulation, les écoles et les transports publics, ou encore le retard pris par les travaux du nouvel aéroport Willy-Brandt, le tout "loin des clichés sur l’efficacité allemande, et qui en font la risée du reste du pays” dit la Deutsche Welle. Ils ont aussi été critiqués en raison du chaos la nuit du nouvel an à Berlin, quand pompiers et policiers ont été bombardés de feux d'artifice dans les quartiers populaires. L'opposition les a accusés de laxisme.
Le chancelier allemand fragilisé
Ce mauvais résultat est un signal d'alarme qui ne remet pas en cause la coalition tricolore au pouvoir, mais qui affaiblit Olaf Scholz. D'abord, il confirme l'érosion globale du SPD. Ensuite, un changement de majorité dans le land de Berlin aura un impact au Bündesrat, la chambre haute du parlement fédéral qui représente les 16 landers. Scholz y perdra des sièges précieux pour faire passer les réformes en cours: les votes risquent de devenir plus compliqués.
Berlin: Conservatives win vote but unclear who will rule
— Clean Energy Wire (@cleanenergywire) February 13, 2023
Chancellor Olaf Scholz's SPD suffer setback
More voters pick center-right CDU than any other party, but its candidate may not get to be mayorhttps://t.co/jnCTdXW1Cv
Enfin parce que les autres partis de sa coalition (le FDP et les Verts) reculent eux aussi. Le tout dans un contexte de forte inflation, de débats autour des livraisons d'armes à l'Ukraine. Le gouvernement est déjà critiqué pour ses atermoiements et son manque de leadership.
Trois élections régionales vont se tenir ces prochains mois (dans la ville-État de Brême en mai, en Bavière et en Hesse en octobre). Nul doute qu'Olaf Scholz va les surveiller de près.
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