Bataille navale en mer de Chine méridoniale : les Philippins contestent âprement la souveraineté autoproclamée des Chinois
Après le Tibet, Hong-Kong, et qui sait peut-être un jour Taïwan, la Chine affirme désormais de plus en plus son ambition sur les mers qui la borde. Dimanche 10 décembre, un bateau philippin et un navire des garde-côtes chinois sont entrés en collision dans les eaux des îles Spratleys, dont les deux pays se disputent âprement la souveraineté. Manille accuse Pékin d’avoir harcelé et bloqué trois navires de ravitaillement destinés à des civils. Pékin dément et accuse les marins philippins d’être entrés délibérément en collision avec ses garde-côtes. Un incident similaire avait déjà eu lieu la vieille. De tels accrochages sont fréquents, mais là il s’agit des plus intenses de ces dernières années. Lundi matin, les Philippines annoncent avoir convoqué l’ambassadeur de Chine et évoquent la possibilité de l’expulser.
D'immenses réserves de poissons et d'hydrocarbures
La mer de Chine méridionale est très convoitée. Elle recouvre 3,5 millions de km2 et borde, outre la Chine et les Philippines, des pays aussi variés que le Vietnam, la Malaisie, Singapour, l’Indonésie, et l’État de Brunei. Située sur un couloir maritime stratégique, entre Japon, Chine, Inde et pays du Golfe persique, la zone voit passer près du tiers du trafic maritime mondial. Et ce n’est pas tout : si les eaux sont fertiles en poissons, les sous-sols regorgent de ressources. L'Agence internationale de l’énergie estime ses réserves en pétrole à 11 milliards de barils et ses réserves en gaz autour de 5000 milliards de m3. Chaque pays se positionne donc plus ou moins pour avoir accès à ces ressources.
Les îles Spratleys sont composées d’environ 180 îlots. Il s’agit parfois de simples rochers ou de bandes de sable affleurant légèrement à la surface de l’eau. En 1999, les Philippines n’avaient pas hésité à faire échouer volontairement le Second Thomas, un vieux bateau militaire rouillé, sur un de ces atolls pour en prendre le contrôle. Depuis, la garnison flottante ainsi présente sur place, composée d’une dizaine de marines philippins, y stationne pour empêcher que la Chine ne s’en saisisse. Pékin, de son côté, s’est emparé en 2016 de l’atoll de Fiery Cross, où la Chine a construit une base militaire avec aéroport et missiles anti-aériens. Affirmer sa souveraineté sur ces îlots veut non seulement dire renforcer son contrôle de la zone, mais donne aussi la possibilité d’exploiter les "zones économiques exclusives" qui vont avec : jusqu’à 370 km autour.
La Chine évoque son "antériorité"
Pékin ne s’y trompe pas et revendique au nom d'une antériorité supposée "une souveraineté incontestable" sur cette mer. Dimanche soir, le président philippin, Ferdinand Marcos Junior, a réagi aux évènements de ce week-end. "Nous ne nous laissons pas impressionner", dit-il, assurant, que "l'agression et les provocations perpétrées par les garde-côtes chinois et leur milice maritime contre nos navires et notre personnel au cours du week-end n'ont fait que renforcer notre détermination à protéger notre souveraineté dans la mer des Philippines occidentales". La bataille navale de la mer de Chine méridionale, sous l’œil très attentifs des États-Unis, a encore de beaux jours devant elle.
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