Au Danemark, l'ancienne ministre de l'Intégration condamnée à deux mois de prison ferme
L'ancienne ministre danoise de l'Intégration a été condamnée mardi à deux mois de prison ferme pour la séparation illégale de couples de demandeurs d'asile en 2016.
L'ancienne ministre danoise de l'Intégration, Inger Støjberg, était jugée mardi 14 décembre devant la cour spéciale de justice qui se penche sur les cas de ministres ayant failli dans l’exercice de leurs fonctions. Cette femme de 48 ans a été condamnée à deux mois de prison ferme pour avoir illégalement ordonné en 2016 la séparation de 23 couples de demandeurs d’asile dès leur entrée au Danemark.
Les femmes ayant moins de 18 ans à l'époque, la ministre disait vouloir protéger les mineures mariées de force. Or, aucun dossier n'avait été examiné par les services de l'immigration. Tous les couples, y compris ceux ayant une très faible différence d'âge ou des enfants ont été placés dans des foyers différents. Copenhague voulait surtout décourager les candidats à l'exil après les arrivées importantes de Syriens en 2015. Pour la cour, Inger Støjberg a manqué à ses responsabilités et violé la Convention européenne des droits de l’Homme. Elle devrait purger ses deux mois de prison ferme chez elle, avec un bracelet électronique. Mais sa condamnation est définitive, elle ne peut pas faire appel.
"Très surprise" par sa condamnation
Inger Støjberg ne comprend absolument pas sa condamnation. Elle pensait même être relaxée : "Je suis très, très surprise", a-t-elle dit à la sortie du tribunal. "C’est une défaite, pas seulement pour moi mais pour les valeurs danoises." Les partis d’extrême droite crient au scandale et dénoncent "un jugement totalement incompréhensible". En France, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, lui a aussi apporté son soutien. Inger Støjberg reste d'ailleurs l'ex-ministre préférée des Danois, qui placent l’immigration en tête de leurs préoccupations.
Le gouvernement danois, soutenu par la droite populiste, mène une politique migratoire très dure, parmi les plus restrictives d'Europe. Entre 2015 et 2019, Inger Støjberg se vante d'avoir fait adopter plus de 110 amendements pour restreindre les droits des étrangers, venus selon elle "pomper le système".
L'ancienne journaliste - depuis redevenue députée - aime choquer et provoquer. En 2017, elle poste une photo d'elle tout sourire avec un énorme gâteau orné d'un drapeau danois et du chiffre 50, pour fêter son 50e amendement. Ce texte permet de supprimer les allocations des immigrés ayant commis une infraction.
C'est elle aussi qui, pendant son mandat, autorise la confisquation de l'argent et des biens de valeur des demandeurs d'asile pour permettre de financer leur prise en charge dans le pays. En 2020, alors que l'ex-ministre n'était plus en poste, le Danemark est devenu le premier pays de l'Union européenne à réexaminer des centaines de dossiers de réfugiés syriens pour révoquer leur permis de séjour au motif que "la situation à Damas" est redevenue calme.
En début d'année la première ministre a rappelé que son objectif était "zéro demandeur d'asile". Le pays est pourtant loin d'être débordé par les demandes de protection internationale. Il y a moins de six millions d'habitants et l'an dernier, 1 500 personnes environ ont demandé l'asile, le chiffre le plus bas depuis 1998.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.