Danemark : le gouvernement fait adopter une loi autorisant le transfert des demandeurs d'asile dans des centres hors d'Europe
Le gouvernement social-démocrate danois mène l'une des politiques anti-immigration les plus dures d'Europe.
Bientôt des centres d'asile délocalisés au Rwanda ou en Erythrée ? Connu pour sa ligne très dure en matière d'immigration, le Parlement du Danemark a adopté jeudi 3 juin une loi qui permettrait au pays d'ouvrir dans des pays tiers des centres pour demandeurs d'asile, qui y seraient envoyés pendant le traitement de leur dossier.
Selon la nouvelle loi, tout demandeur d'asile au royaume scandinave sera, une fois sa demande enregistrée et à quelques rares exceptions près (comme une maladie grave), envoyé dans un centre d'accueil en dehors de l'Union européenne (UE). S'il n'obtient pas le statut de réfugié, le migrant sera prié de partir du pays hôte.
Prise de distance de l'UE
Pour le moment, aucun pays n'a accepté d'accueillir un tel projet mais le gouvernement danois assure discuter avec cinq à dix pays, non identifiés. Les noms de l'Egypte, de l'Erythrée, de l'Ethiopie et du Rwanda circulent dans la presse danoise.
L'Union européenne a immédiatement pris ses distances avec cette loi. Le projet "soulève des questions fondamentales concernant à la fois l'accès aux procédures d'asile et l'accès effectif à la protection", a expliqué un porte-parole de la Commission européenne, Adalbert Jahnz. Une telle procédure d'externalisation n'est "pas possible" selon les règles européennes, a-t-il souligné, notant toutefois que la décision danoise devait être analysée de "manière plus approfondie" à la lumière des exceptions dont bénéficie le pays sur les questions migratoires.
Politique "zéro réfugié"
A Copenhague, le gouvernement social-démocrate de la Première ministre Mette Frederiksen mène actuellement une des politiques migratoires les plus restrictives d'Europe : retrait du permis de séjour de Syriens parce que leurs régions d'origine seraient désormais sûres, durcissement d'une loi "anti-ghettos" visant à plafonner le nombre d'habitants "non occidentaux" dans les quartiers, ou encore objectif officiel d'atteindre "zéro réfugié".
Seulement 761 personnes ont obtenu l'asile au Danemark en 2019 et 600 en 2020, contre plus de 10 000 en 2015. Rapporté à sa population, le pays accueille dix fois moins de réfugiés que ses voisins allemand ou suédois.
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