Attaques du 7 octobre : en Israël, des membres de l'association juive ultraorthodoxe Zaka accusés d'avoir menti

Le quotidien israélien Haaretz a révélé cette semaine que l'association Zaka a altéré des scènes de crime lors des attentats perpétrés par le Hamas.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un volontaire de Zaka recherche des traces de sang sur les lieux d'une attaque au couteau à Beersheba, le 23 mars 2022. (ABIR SULTAN / EPA)

Zaka est une association juive ultraorthodoxe qui, depuis des années, rassemble des morceaux de cadavres après des attentats pour les enterrer en entier, selon la tradition juive. Mais après les attaques du 7 octobre, certains de ses membres auraient menti et entravé des investigations. Une enquête publiée le mercredi 31 janvier dans le très sérieux quotidien israélien Haaretz révèle que Zaka, les bons samaritains du judaïsme, ont été très loin d’être exemplaires.

Nous sommes le 7 octobre, c’est un carnage autour de Gaza. Près de 1 200 corps jonchent les rues des villes de Sderot, d’Ofakim ou du festival de Reim. Des cadavres brûlés sont retrouvés dans des abris et dans des maisons des Kibboutz les plus proches de l’enclave. Israël est sonné et la population découvre avec effroi, au petit matin, les premières vidéos de l’attaque. Les secours sont débordés et très vite les membres de Zaka occupent le terrain. Ils ramassent des corps de victimes, bien avant que la police scientifique ne puisse intervenir. Ils sont donc les premiers à travailler sur ces scènes de crimes, qu’il ne faut à ce moment-là absolument pas altérer.

Mais que reproche-t-on aux volontaires de Zaka ? Tout d’abord d’avoir mal fait leur travail : ils ont transmis aux légistes des corps qui n’étaient pas entiers. Un volontaire parle par exemple de sacs mortuaires dans lesquels il a trouvé deux crânes, rendant impossible en l’état de déterminer sérieusement les causes de certains décès.

Des mensonges à la presse et des dons qui ont afflué

Plus grave, Zaka aurait négocié une sorte d’exclusivité sur le ramassage des cadavres et une centaine de soldats, pourtant spécialisés dans ce type de mission, n’ont pas été mobilisés. Ce sont aujourd’hui certains d’entre eux qui témoignent et on peut imaginer que s’ils étaient intervenus, les preuves de possibles crimes de guerre auraient été plus simples à collecter. Enfin, Zaka est accusé d’avoir profité de la situation pour faire sa promotion. Certains de ses membres ont recouvert les sacs mortuaires noirs de l’armée par d’autres sacs avec le logo de l’association. Ils ont fait venir des donateurs sur les scènes du carnage, sans autorisation. Ils ont aussi tourné sur place des vidéos en mettant en avant leurs actions.

Et puis ils ont menti à la presse, en exagérant l’horreur. Je vous passe les détails de ces témoignages qui se sont ensuite révélés faux... Mais comment expliquer qu’une association aussi importante se soit livrée à de telles pratiques ? Selon l’auteur de l’enquête, le journaliste Aaron Rabinowitcz, c’est une histoire d’argent. Avant le 7 octobre, l’association Zaka de Jérusalem était endettée. Ces difficultés financières faisaient suite à un scandale sexuel dénoncé par le même journaliste il y a trois ans. Mais à partir du 8 octobre, Zaka a lancé une campagne de don et récolté plus de 10 millions d’euros. L’État y a aussi été de sa poche : les volontaires de Zaka ont nettoyé 500 maisons et l’association a touché environ 150 000 euros d’argent public.

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