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Le monde de Marie. Une journaliste chinoise, star d'un jour sur internet

Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Jeudi, une journaliste chinoise devenue en 24 heures la superstar d’internet, jusqu’à ce que son nom soit censuré.

Article rédigé par franceinfo - Marie Colmant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Congrès du Parti communiste chinois, à Pékin, en 2002 (image d'illustration) (FREDERIC BROWN / AFP)

C’est une histoire qui va parler à tous les intervieweurs politiques qui n’en peuvent plus de la langue de bois de certains de leurs interlocuteurs. Dimanche dernier, gros raout à Pékin, la capitale chinoise est sous tension pour le congrès des députés du peuple. De nombreux journalistes sont dépêchés sur place évidemment, pour couvrir cet événement qui n’en est pas vraiment un. On est en Chine communiste, et il n’est pas trop question de poser des questions qui fâchent, ni même des questions où pointerait une légère distance. Tout est écrit par avance.

Derrière une barrière, deux journalistes, deux femmes sont cote à cote, micro en mains. L’une est habillée de rouge, le détail a son importance car c’est évidemment la couleur du drapeau et celle du parti. L’autre porte un tailleur bleu, et semble impatiente de poser ses questions. Mais c’est d’abord le tour de la journaliste en rouge qui se lance dans un monologue de 40 secondes, ultra complaisant sur les projets pharaoniques de Xi Jiping. Et ça dure, et ça dure. La journaliste en bleu n’en peut plus, elle lève les yeux au ciel, toise sa voisine l’air sidéré de tant de fayotage, se retourne un moment même, comme prise d’une nausée.

Des tee-shirts à l’effigie de la journaliste

En tout, la séquence dure moins d’une minute. Mais ça a suffi pour mettre en joie les internautes chinois qui se régalent de cette insolence, de ce pied de nez magistral à ce simulacre de démocratie. Très vite, ils créent un groupe de soutien à la femme en bleu, contre la femme en rouge. Des internautes recréent la scène à l’infini, morts de rire. En moins de 24 heures, des tee-shirts à l’effigie de la femme qui lève les yeux au ciel, mais aussi des mugs, des coques de téléphone sont disponibles online.

Mardi matin, soit 48 heures plus tard, le nom de la journaliste arrive en tête des recherches sur internet. C’est là que la censure intervient. Interdiction de chercher son nom, ni même l’expression lever les yeux. Rien. Quant aux journalistes, ils ont reçu une note qui leur interdit d’évoquer une quelconque femme en bleu. 

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