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Le monde de Marie. Un procureur sicilien assigne à résidence les membres d’une ONG qui vient en aide à des migrants

Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Mercredi, une ONG poursuivie par la justice italienne pour ses opérations de secours aux migrants en Méditerranée.

Article rédigé par franceinfo - Marie Colmant
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Conférence de presse de l'ONG Proactiva Open Arms à Barcelone (Espagne), le 19 mars 2018.
 (LLUIS GENE / AFP)

L’Italie ne veut plus, de ces réfugiés qui débarquent sur ses côtes, et ce sont les humanitaires qui les aident qui sont pointés du doigt. Dimanche 18 mars, un procureur sicilien a fait saisir un de ces bateaux qui viennent en aide aux réfugiés en Méditerranée.

C’est une première. Et le procureur ne s’est pas arrêté là. Le commandant du bateau et ses deux seconds sont assignés à résidence à Catane en attendant d’être inculpés. L’affaire est grave. Et ces deux hommes et cette femme, tous trois membres de Proactiva Open Arms, une ONG espagnole basée à Barcelone qui s’est donné pour mission de secourir les réfugiés perdus en mer, risquent très gros. Leur secteur, c’est la Méditerranée, les côtes turques et grecques mais aussi, la route maritime qui mène de la Libye vers la Sicile.

Des réfugiés sauvés malgré les garde-côtes libyens

C’est là, à 150 kilomètres des côtes libyennes environ, qu'un incident a éclaté jeudi. 240 personnes sont à la dérive quand le navire espagnol Open-Arms, alerté par des garde-côtes italiens, qui ont remarqué les embarcations surchargées, les rattrapent. Le processus d’évacuation commence : les femmes et les enfants d’abord.

Alors qu’ils sont en plein boulot, une vedette militaire leur ordonne de s’arrêter. Ce sont les garde-côtes libyens qui ont autorité sur les réfugiés venus de leur pays, en vertu d’un accord entre l’Italie et la Libye. Conclu en septembre dernier, il prévoyait en échange de matériels et équipements que les garde-côtes libyens ramènent ces réfugiés en Libye. L’ONG espagnole connaît parfaitement l’enfer réservé aux migrants dans ce pays et fait semblant de ne pas entendre. Le ton monte, très vite il se fait menaçant : "Soit vous nous rendez ces gens, soit on vous bute !" hurle le garde-côte. Mais l’équipage de l’ONG ne bronche pas. Finalement les Libyens s’éloignent. Et l’Open-Arms finit par débarquer en Sicile, avec ses réfugiés.

C’est trop pour le procureur qui place immédiatement le bateau sous séquestre. L’équipage pourrait être poursuivi pour association de malfaiteurs en vue de favoriser l’immigration clandestine et de trafic d’êtres humains. Il ne reste aujourd’hui qu’un seul bateau humanitaire en Méditerranée. Il s’appelle l’Aquarius.

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