Le monde de Marie. En Chine, l'annonce de la réforme permettant à Xi Jinping d'être président à vie fait vivement réagir
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Aujourd'hui, cette annonce en Chine par l'agence Xinhua d'un projet de réforme de la Constitution mettant fin à la limite de deux mandats du président chinois, Xi Jinping.
Xi Jinping, 64 ans, président à vie ? Qu'en pensent donc les Chinois ? Difficile de trouver des réponses fiables à cette question dans la presse chinoise, tant les articles sont à court d’adjectifs pour applaudir cette annonce. Le quotidien China Daily, véritable porte-voix du parti, souligne que cette évolution est nécessaire pour perfectionner le parti et sa manière de conduire le pouvoir. La tonalité des commentaires sur les réseaux sociaux est en revanche un peu différente, même si elle reste très retenue. Normal : des milliers de Chinois travaillent à la surveillance et à la censure des réseaux sociaux.
Mais certains sont tout de même parvenus à passer à travers les mailles. Par exemple, un internaute chinois fait remarquer que la Chine aura mis 100 ans à se débarrasser du capitalisme et seulement 40 ans à revenir à ce qu’elle était, c'est-à-dire un pays dirigé par un empereur. Un autre fait remarquer que la limitation des mandats est indispensable pour injecter du sang neuf dans la vie politique.
Une liste noire des mots interdits
D’autres encore, très nombreux, se branchent frénétiquement sur Weibo, le moteur de recherche chinois pour y entrer le mot "migration", à la suite de cette annonce. Du coup, le bureau de censure a publié une liste des mots et expressions désormais interdits. Dans cette liste, figurent les mots et phrases suivantes : "Je ne suis pas d’accord, migration, réélection, règles constitutionnelles, empereur et Winnie l’Ourson".
Aussi étonnant que cela puisse paraître, Winnie l’Ourson, le copain de Porcinet, figure bien dans cette liste. Mais quel crime a donc commis Winnie l’Ourson pour se voir ainsi expurgé de l’internet chinois ? Aucun. Il s'agit simplement d'une vieille plaisanterie de dissidents chinois, qui, il y a quelque temps, ont trouvé une ressemblance entre l’air débonnaire du petit ours et Xi Jinping. Aujourd’hui, Winnie l’Ourson est le surnom du président chinois. Du coup, quand on entre le nom du petit ourson sur Weibo, le message suivant s'annonce : "La réponse à cette recherche ne peut être affichée en raison des lois de ce pays."
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