Le monde de Marie. Au Canada, la légalisation du cannabis à usage récréatif n'inquiète pas vraiment les dealers
Tous les jours, Marie Colmant revient sur un sujet passé (presque) inaperçu. Aujourd'hui, la légalisation du cannabis au Canada proposée par Justin Trudeau.
Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, s’apprête à légaliser la vente de la marijuana au Canada pour mettre un terme au trafic. Jeudi 7 juin, une majorité de sénateurs ont voté le projet de loi déposé par le gouvernement prévoyant la légalisation du cannabis à des fins récréative. Toute la question étant de savoir si ça peut marcher. Pour avoir des réponses, le journaliste canadien Chris Frey a interviewé pour The Guardian deux de ses compatriotes vendeurs de cannabis.
Le premier, Gord, 44 ans, vit de la vente de marijuana depuis l’âge de 16 ans, il a pignon sur rue ou presque tant ses affaires ressemblent à un business légal. Il offre des cartes de fidélité, assorties de ristournes, et il a même un service de livraison à domicile. Ray, a lui un vrai boulot le jour, mais il vend de l’herbe depuis très longtemps, pour ses copains, pour arrondir ses fins de mois et offrir un bon dîner à sa femme. Et tous deux sont plutôt dubitatifs sur cette légalisation et ses effets.
Le cannabis à usage thérapeutique a déjà changé le marché
D’abord sur le plan pratique. Le cannabis à usage thérapeutique est autorisé au Canada et le nombre de dispensaires plus ou moins agréés pour la vente du cannabis a explosé sur le territoire. L’impact de ces dispensaires, qui vendaient moins cher, a eu un impact immédiat sur les activités de nos deux vendeurs, qui ont dû resserrer les coûts, vendre moins cher et gagner moins, pour faire face à cette nouvelle concurrence.
Aujourd’hui, ils sont plutôt sereins sur leur avenir face à la concurrence de l’Etat sur le marché du cannabis à usage récréatif. D’abord, explique Gord, le cannabis sera taxé, c’est aussi la raison pour laquelle, il est légalisé, au Canada. C’est un marché qui représente près de 6 milliards de dollars par ans.
Il sera plus cher, mais il sera aussi plus faible en THC, l’effet grisant de l’affaire, selon nos deux experts. Donc moins intéressant pour les aficionados du cannabis. Ceux-là resteront fidèles à leurs fournisseurs, nos deux commerçants en sont certains. Deux hommes qui ne s’inquiètent pas plus que ça, des poursuites judiciaires qu’ils pourraient encourir à persister dans la clandestinité. Ils ont tous deux des contacts dans la police qui préfère traquer les vendeurs de drogues dures. Envisagent-ils d’en vendre si jamais leur business venait à s’essouffler ? Jamais, répondent-ils, nous on ne vend pas des drogues qui tuent les gens.
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