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"Un petit portrait de moi, comme un passeport" : Jane Birkin raconte la chanson "Jane B."

Toute cette semaine, Jane Birkin est l’invitée exceptionnelle du monde d’Elodie. Un tête à tête en cinq chansons. Aujourd’hui le titre : "Jane B."

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Jane Birkin et Serge Gainsbourg posent ensemble tout sourire en 1976. (AFP)

Actrice et chanteuse britannique, Jane Birkin passe cette semaine avec nous sur franceinfo. Pendant cinq jours, on revient sur son parcours avec une chanson marquante de sa carrière, jusqu'à son dernier album, sorti en décembre dernier, Oh ! Pardon tu dormais... Aujourd'hui, elle nous raconte l'histoire de la chanson Jane B.extraite de l'album Jane Birkin - Serge Gainsbourg sorti en 1969.

franceinfo : Jane B., ce titre vous colle à la peau. Parlez-nous de cette chanson.

Jane Birkin : C'est celui que j'aime le plus. Plus que Je t'aime... moi non plus parce que c'est tellement pur. Je trouvais ça tellement génial d'avoir relevé les pages de mon passeport : yeux bleus, cheveux châtains. Tout le contenu était un petit portrait de moi, comme un passeport. Et comme c'était sur du Chopin, c'était romanesque. C'est si joli. Parfois, les gens ne savent pas que c'est du Chopin. Il y a quelque temps, on le jouait quelque part et quelqu'un a dit : "Oh, c'est Jane B. !", j'ai répondu que non, c'était du Chopin.

Quand vous rencontrez Serge Gainsbourg, est-ce que c'est tout de suite le coup de foudre ?

Non. Et peut-être que c'est pour cette raison que ça a duré plus longtemps parce que je le découvrais petit à petit. Au départ, il me terrifiait. Il avait un regard narquois et en arrivant pour faire le tournage, je le trouvais très distant. Alors, il a fait un dîner chez Régine où il y avait une piste de danse. Je l'ai tiré pour aller danser. Il me marchait sur les pieds. Je me suis dit : "Bonheur. Ça veut dire qu'il ne sait pas danser, qu'il est maladroit. Au fond, cette arrogance est pour cacher une personne tellement timide, terriblement candide".

Serge Gainsbourg, c'était une telle trouvaille, c'était un délice d'homme

Jane Birkin

à franceinfo

Serge Gainsbourg est toujours en vous d'ailleurs ?

Oui. Maintenant, je n'ai plus besoin de le défendre, mais à un moment donné, les gens pensaient qu'il était cynique. Au début, il était connu un peu pour ça, pour ses réponses aux journalistes. En fait, les réponses sont géniales. Il y a une pièce de théâtre que la Comédie Française va faire avec six jeunes personnes, dont une fille Les Serge. Ils chantent, c'est tellement ludique et délicieux. C'est vraiment Serge. Ils ont aussi utilisé des morceaux d'interviews. En les écoutant lors d'une répétition, j'ai retrouvé toutes ses réponses qui sont en fait un peu comme Oscar Wilde. Il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir le beau mot, alors c'était ravissant.

C'est avec Jane B. que vous allez rentrer dans le cœur des Français. Vous êtes même considérée comme la plus française des chanteuses 'British". Elle marque cette fusion avec Serge Gainsbourg ?

C'était une époque d'une telle gaieté que j'ai l'impression que c'est un autre monde

Jane Birkin

à franceinfo

Oui, sans doute. Il y avait une innocence quelque part. On faisait toutes les émissions de radio pour rire. On faisait des duos pour les Carpentier avec ravissement. Si on avait des engueulades, c'étaient sur des choses enfantines comme le soir où il a versé tout ce qu'il y avait dans mon panier sur la piste de danse chez Castel. Ce n'était pas vraiment un crime de lèse-majesté, mais je l'ai pris comme tel. Je lui ai envoyé une tarte à la crème en plein figure devant les gens.

Après pour le récupérer, j'ai cavalé plus vite que lui, sur le chemin de la Rue de Verneuil, il était en train d'enlever les morceaux de tarte qui tombaient à gauche, à droite. Que faire pour rattraper le coup ? Quelque chose de dramatique était nécessaire après un tel affront. Je me suis dit qu'il fallait que je le dépasse très vite et que j'attire son attention en me jetant dans la Seine. J'ai attendu derrière un arbre, en bas sur la rive pour être sûre que Serge descendait l'escalier, avant de me jeter dans la Seine, parce que je n'allais pas me jeter pour rien. Et finalement, on est rentrés bras dessus, bras dessous et le petit chemisier Yves Saint-Laurent version nettoyage à sec était devenu une sorte de petit boléro.

Demain on se retrouve pour parler de la chanson Di Doo Dah.

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