Musique : "En concert, on voit bien dans leurs yeux qu'ils viennent célébrer leurs souvenirs", confie Zazie sur ses fans

L’artiste engagée, auteure, compositrice et interprète, Zazie, est l’invitée exceptionnelle du Monde d'Élodie. Son travail d'écriture a toujours été ciselé, constant. Elle a toujours soigné les mots et raconter des histoires qui parlent à tout le monde. Elle écrit, compose et chante pour et avec d’autres artistes. Elle a signé des titres comme Sucré salé (1992), Gravité (2022), Zen (1995), Allumer le feu (1998) pour Johnny Hallyday, Jacques a dit pour Christophe Willem (2007) ou encore les duos en 1996 avec Pascal Obispo Les meilleurs ennemis et en 2001 À ma place avec Axel Bauer.

Elle n’a de cesse de dire des choses, de faire avancer ou de faire évoluer les regards et les mentalités sur bon nombre de sujets de société, mais avec délicatesse et se retrouve être une des artistes les plus primées avec, par exemple, six Victoires de la musique.

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Au total, elle est la maman de 11 albums studio, trois albums live et d'une fille qui s'appelle Lola. Cet ensemble, le studio, la scène et sa vie de famille, forme un équilibre parfait dans sa vie. On le ressent d'ailleurs dans chacun de ses albums et encore plus dans le dernier Aile-P , sorti en décembre 2022 et qu’elle jouera sur scène dans sa tournée des Zénith et des grandes salles, Airtour, dès le mois de septembre.

franceinfo : Une tournée est l'occasion de présenter vos derniers titres extraits de votre album Aile-P sur scène avec votre public. Il vous a manqué pendant la pandémie, la scène également. C'est une période qui vous a beaucoup affectée, notamment parce que la culture a été classée comme non-essentielle. À tel point d’ailleurs que vous êtes partie vivre en Bretagne, au bout d’une pointe…

Zazie : Alors, je suis partie vivre momentanément en Bretagne, mais je reste Parisienne. J’ai la chance d’avoir le choix. Avec mon piano CP-70, qui est devant une baie vitrée, c’est très dangereux parce qu’à chaque fois que je fais une note, j’ai l’impression que c’est sublime, mais en fait, ce n’est pas la note que je fais qui est sublime, c’est le paysage que je vois.

Vous aviez déjà effectué 85 dates de votre tournée quand la pandémie est arrivée. 35 dates ont été annulées. Au début, vous avez essayé de les reporter puis après, ce n’était plus possible... Comment avez-vous vécu cette période ?

Au début bien parce que j’ai pris cela pour des vacances forcées. Je me suis dit : bon ben, cool, on va reporter, ce n’est pas grave. Il faut savoir que je ne fonctionne pas comme un groupe, c’est-à-dire que nos musiciens sont payés sur une mission, sur une tournée et puis surtout, ils sont appelés. Par exemple, mon batteur avait rendez-vous avec Benjamin Biolay pour faire la tournée donc au bout d'un moment, ça fait un embouteillage. J’ai essayé tant que j’ai pu de reporter et puis à force que les salles ferment, etc. J’ai fini par me dire qu’on allait rembourser les gens et qu’on repartira quand ce sera un peu plus ouvert. Mais oui, ce qui m’a heurtée… Que certains métiers se retrouvent plus dysfonctionnels que d’autres, que ce soit les discothèques, les restaurateurs, c’est normal puisque la mécanique était de ne pas se rassembler. Évidemment qu’on peut comprendre ça.

"Bien sûr qu’il y avait des aides pour les intermittents du spectacle pendant la pandémie, le gouvernement n’a pas été complètement dans le déni. Mais, j'aurais bien aimé une ou deux phrases de ceux qui nous gouvernent sur le nutriment que sont la musique, la danse, le spectacle vivant."

Zazie

à franceinfo

Quel est votre regard sur le temps qui passe ? Parce qu'il y a eu Speed, qui était comme un battement de cœur et on sentait que c'était aussi une façon de vivre, d'accélérer la vie, d'en profiter. Et je pense aussi à la chanson sublime Temps pluvieux, qui est une chanson qui parlait du temps qui passe. Avec cette pandémie, est-ce que justement vous avez changé votre regard sur ce temps qui passe ?

J'avais pas de problème sur le temps qui passe. Ce n'est pas le problème sur la fin de vie. Je ne fais pas partie des gens qui s'angoissent de ça. J'ai du bol ! En revanche, comme tout le monde, ce que fait l'apesanteur sur un visage ne me plaît peu guère. Ce n'est pas pour ça que je vais faire 53 opérations de chirurgie esthétique. Moi, je suis la première à dire que je m'en fous, mais ça ne peut pas se résumer qu'à ça. Quand on fait une émission et qu'au début de la promotion, par exemple pour l'EP, on ne m'a parlé exclusivement que de cette mèche de cheveux argentés qui n'était pas teinte. Wow ! Je trouvais que c'était quand même un peu résumé l'ensemble de ce que je proposais en terme musical. Je comprends. Mais enfin, pour les femmes, il y a quand même une espèce d'obsolescence programmée qui est un peu compliquée, surtout quand on est surexposée. Bon, ça fait partie des trucs un peu sacrificielles chez moi. Je me dis que si ça peut aider une ou deux personnes à traverser ça quand elles auront mon âge comme une Jane Birkin m'a aidée à traverser l'adolescence avec son peu de poitrine, mais sa beauté totale, eh ben voilà.

Je voudrais justement qu'on parle de ça. C'est plus dur d'être une femme dans ce métier-là ?

Oui, je ne pense pas que le fait d'être sur les routes, de faire de la promo, de retrouver l'inspiration, d'enchaîner ces pleins et ces déliés, soient plus compliqués pour une femme ou pour un homme. Je pense qu'en revanche, l'industrie, le fait de passer les années peu à peu est plus compliqué pour les femmes d'une manière générale, que pour les hommes. Et donc, l'industrie du disque n'échappe pas à ça.

Est-ce que vous êtes fière de ces 32 ans de carrière, de ces 32 ans passés à nos côtés ?

Je suis un peu émerveillée de ça, même si je sais qu'il y a des sacrifices qui ont été faits de ma part, même si je sais le travail que c'est... Oui, je trouve ça toujours un peu magique que les gens me fassent la grâce de bien vouloir me laisser le fait de sortir un album en plus. Après, on verra bien. Ils ont aussi le droit de ne pas l'aimer.

Dans quelques jours, vous êtes sur scène pour démarrer cette tournée des Zénith et des grandes salles. Tellement d'attente aussi. Et puis ce public qui n'a de cesse de vous suivre, de vous plébisciter.

"Un concert, c'est comme un rendez-vous amoureux avec des gens qu'on ne connaît pas ou en tout cas un rendez-vous festif !"

Zazie

à franceinfo

C'est génial cette fidélité. Voilà, tel jour, je vous propose qu'on partage un moment autour de mon répertoire, mais ça pourrait être n'importe quoi. On voit bien d'ailleurs dans leurs yeux qu'ils viennent aussi célébrer leurs souvenirs.

Pour terminer, artiste libre jusqu'au bout des ongles ?

On va tenter ! Je pense que si je continue, je ne pourrai pas être autre chose que ça.

Zazie sera en concert le 9 septembre à Bourgoin-Jallieu au festival Les belles journées, 16 septembre 2023 à Dijon, le 21 à Nantes, le 22 à Rouen, le 28 à Bordeaux, le 29 à Toulouse, le 30 à Aix-en-Provence. Le 6 octobre à Caen, le 7 octobre à Rennes et le 13 octobre à Paris.