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Lynda Lemay : "Je fonce, je plonge, parce que je ne sais pas ce que l'avenir me réserve"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteure, compositrice, interprète et guitariste québécoise, Lynda Lemay. Ce mois de janvier 2023, elle est en tournée avec son spectacle : "La vie est un conte de fous" et elle poursuit aussi sa série de 11 albums démarrée en 2020 : "Il était onze fois".
Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La chanteuse québécoise Lynda Lemay sur scène à Sausheim (Haut-Rhin) le 16 janvier 2022 (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

Lynda Lemay est auteure, compositrice, interprète et guitariste québécoise. Sa particularité reste ses chansons à histoires. Elle a déjà vendu plus de quatre millions de disques. En 1999, le public français l'adopte avec son album Live, classé numéro un des ventes. Quatre ans plus tard, elle recevait la Victoire de la musique pour son album Les Lettres rouges. Aznavour était l'un de ses plus grands fans, l'un de ses plus gros soutiens. Ce mois de janvier 2023, Lynda Lemay est en tournée avec son spectacle : La vie est un conte de fous, avec un Olympia prévu le 18 décembre prochain. Lynda Lemay poursuit aussi sa série de 11 albums démarrée en 2020? Il était onze fois. Le 20 janvier sortira le sixième volume, Il n'y a qu'un pas et le 10 février, le septième : Entre la flamme et la suie.

franceinfo : Les trois prochains albums de votre série sont prévus pour ce mois de janvier. L'écriture est foudroyante chez vous. Est-elle régénérante, revigorante ?

Lynda Lemay : L'écriture est nécessaire. Pour moi, c'est vraiment un besoin. Donc, quand ça fait quelques mois que je n'ai pas écrit de nouvelles chansons, c'est vrai que ça me manque physiquement. Et de toute façon, la vie est tellement inspirante. Peu importe ce qu'on vit. Il y a tellement de thèmes, il y a tellement d'histoires ! Pour moi, les sujets de chansons sont infinis.

32 ans de carrière, 15 album, plus de quatre millions d'albums, même si je crois que ça a encore augmenté pour sortir aujourd'hui 11 albums sur 1111 jours. Le chiffre 11 est un chiffre fétiche ?

Pas vraiment. Ça a été un hasard parce que ma fille avait sur son téléphone une alarme et à 11h11, ça sonnait et sur son téléphone était écrit : "Make a wish" et je me trouvais à avoir son téléphone en main quand le flash de ce projet m'est venu en tête.

"Ce chiffre 11 est devenu un peu un porte-bonheur pour moi. C'est aussi un beau défi à relever, le plus gros projet de ma vie. C'est beaucoup de pain sur la planche, mais que des choses stimulantes et beaucoup de belles histoires qui, je le constate en spectacle, touchent les gens."

Lynda Lemay

à franceinfo

Vous êtes née à Port-Neuf, sur les rives du Saint-Laurent. J'ai l'impression que vous êtes rockeuse dans l'âme et dans l'esprit.

Oui. Si j'avais eu une voix qui m'avait permis cela, je serais une rockeuse. Disons que quand j'étais enfant, à neuf ans, celui que j'ai découvert et qui m'a fait vibrer en premier, c'est Johnny Hallyday. J'aimais des chansons très rock, comme celles d'Iron Maiden, Scorpions et tout ça. Je me suis forgée un style musical très folk parce que c'est ce qui servait le mieux mes chansons.

Vous avez aussi toujours fait avancer les choses, je pense à cette chanson sur l'homoparentalité que vous aviez sortie. Il y a ce besoin aussi, en tant qu'artiste, de faire évoluer les mentalités, de permettre aux gens aussi de se sentir mieux, de se sentir compris, écoutés ?

Oui, parce que je trouve que le silence, souvent, enferme les gens dans quelque chose de lourd, donc de briser des tabous, ça a toujours été très important pour moi. Je l'ai fait en chanson. Ça rend le malheur plus joli et c'est vrai que ça fait du bien de dire : ces choses-là existent, il faut les regarder en face et puis ça aide à trouver des solutions.

Souvent, quand on parle de vous, beaucoup disent que, grâce à vous, ils ont réussi à surmonter une rupture ! C'est-à-dire que vous avez eu cette force-là de créer une autodérision qui permet effectivement de passer les épreuves les plus difficiles. Ça vous touche, ça ?

Ça me touche énormément. C'est vrai que dédramatiser par les chansons, ça fait du bien. Et puis, même quand il se passe des choses dans ma vie qui ne sont pas agréables... J'ai une chanson qui parle de mastectomie partielle. On s'entend qu'il faut le faire. Mais c'est une chanson drôle, ça aussi, fallait oser !

"Il faut réussir à s'amuser en parlant de choses dramatiques. Quand ça arrive, il faut passer à travers, et de quelle façon on peut le faire ? Eh bien avec le sourire."

Lynda Lemay

à franceinfo

En 2017, vous perdiez votre père. C'était vraiment votre héros, l'homme de votre vie. Il est parti à l'âge de 88 ans. C'est deux fois l'infini ce que vous racontez et c'est pour ça aussi que le 11, c'est très spirituel. Ça a accéléré votre envie d'en découdre avec la vie, de profiter de la vie ?

Je pense que ça m'a rendu consciente du fait que la vie peut basculer à tout moment. Perdre quelqu'un d'une bonté infinie et se dire : "OK, papa a été le meilleur homme du monde et là, c'est terminé pour cette partie-là de la vie". Je ne crois pas à la mort, je me dis que la mort est une étape de la vie, j'aime mieux voir ça de cette façon-là. Mais il y avait ce sentiment d'urgence de dire pourquoi je ne ferais pas aujourd'hui ce que je peux encore faire ? Parce que je ne sais pas ce que l'avenir me réserve. Et aujourd'hui, je me sens capable de faire ça donc je fonce, je plonge, je fais ce que j'aime au maximum, maintenant.

Et il y a cet amour du public français. Quand vous êtes arrivée en France avec ce Live, numéro un des ventes, et récompensé par cette Victoire de la musique, les Français ne vous ont jamais lâchée. C'est-à-dire que c'est vraiment une adoption. Vous avez eu votre passeport par le biais du public français. Elle représente quoi cette adoption pour vous ?

J'ai un public fidèle qui m'aime pour de vrai. On dirait qu'on est devenu une espèce de famille.

Lynda Lemay sera le 17 janvier 2023 à Mouilleron-le-Captif, le 18 à Pornic, le 19 à Quéven, le 20 à Bordeaux, le 21 à Pamiers et le 18 décembre à l'Olympia.

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