Louis Bertignac dévoile l'histoire du tube "Cendrillon" : "J'ai mis des mois à l'écrire et à chercher la vraie histoire"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Cette semaine, c’est l’auteur, compositeur et chanteur, Louis Bertignac qui remonte le fil de ses presque 50 ans de carrière avec cinq de ses chansons emblématiques.
Le chanteur, compositeur et guitariste Louis Bertignac est l’invité exceptionnel, toute cette semaine, du Monde d’Elodie. Musicien, parolier, chanteur, guitariste, producteur, le cofondateur du groupe de rock Téléphone ou encore des Visiteurs a entamé une carrière solo depuis 1986.
Il a profité de la pandémie pour écrire, en collaboration avec Guy Carlier, son autobiographie Jolie petite histoire aux éditions du Cherche-Midi. Cet ouvrage lui permet de revenir sur les moments forts de sa vie. De ses sessions musicales avec Téléphone et les Rolling Stones jusqu’à ses histoires tumultueuses avec Corine Marienneau et Carla Bruni. Louis Bertignac raconte toute sa vie sans filtres.
franceinfo : Vous avez débuté très jeune, au lycée Carnot, à la fin des années 60. Vous y faites votre première scène et puis vous allez enchaîné les prix, sous le regard bienveillant de vos parents.
Louis Bertignac : Oui, j'étais fier bien sûr !
Ils vont vraiment être votre premier public.
Bien sûr, mais surtout quand j'avais des prix ! Après, ils étaient moins bon public quand je jouais de la guitare. Parce que c'est vrai que les premières années, on est mauvais. C'est ennuyeux d'entendre le fiston faire du bruit comme ça. Et puis, quand ils se sont rendu compte que je travaillais un peu moins bien à l'école, que je jouais de plus en plus de musique, ils ont commencé à s'angoisser un petit peu et ils m'ont moins soutenu à ce moment-là.
En tout cas, vous dites dans le livre : "À papa et maman, à qui je dois l'essentiel".
Mes parents faisaient tout pour moi.
Louis Bertignacà franceinfo
Oui, parce que quoi qu'il arrive, ils ont été absolument adorables.
Né à Oran, en Algérie française, vous arrivez à Paris à l'âge de trois ans et vous avez entendu vos parents parler de bombes et de toutes les difficultés que ça pouvait engendrer. Vous avez changé de nom de famille pour vous protéger.
Quand j'avais dix ans, il est venu à Tarbes et nous a dit : "Écoutez, on a quatre solutions. Bertignac, Brétignac, Bertini, Brétini. Qu'est-ce que vous préférez ?" Et j'ai dit : Bertignac après avoir réfléchi une minute et donc il a choisi ce nom.
Des parents piliers, des amis aux aspirations musicales certaines. Très tôt, votre but était de monter des groupes de musique. Le point de départ, c'est effectivement les disques des Stones et évidemment des Beatles. Mais le but du jeu, j'ai l'impression à chaque fois, ça a été de vous constituer une famille comme une famille musicale.
Oui, des groupes, parce que j'étais un timide. J'avais du mal à parler même si ça ne m'intéressait pas spécialement. En revanche, jouer de la musique avec d'autres gens, j'adorais ça. Et donc j'avais une grande famille de musiciens qui s'est terminé par le groupe Téléphone. Après, j'ai arrêté de chercher.
Le fameux groupe, justement, est né d'une rencontre avec Jean-Louis Aubert. Ça a été immédiat entre vous même s'il y avait une grosse rivalité au début ?
Oui. Il y avait une rivalité avant qu'on se rencontre. Un copain me disait : 'Tu sais, tu joues vachement bien, mais il y a un autre mec qui joue vachement bien, il est au lycée Pasteur" et moi : 'Q'est-ce que c'est ? L'autre est meilleur que moi ?' Et lui aussi, je crois qu'il pensait comme ça parce qu'il lui parlait de moi. Et un jour, on s'est croisés. Tout de suite, je l'ai senti. Il avait un côté charmant, plein de boutons, des cheveux raides, une grande bouche comme Jagger et on a joué pendant 10h, 12h ensemble et ça s'est royalement passé. On est devenus les meilleurs potes.
Vous allez trouver le nom Téléphone, alors que ça aurait pu être "Hygiaphone" à l'occasion du concert emblématique au Centre Américain.
Oui, parce que c'était écrit partout, sur toutes les cabines téléphoniques dans la rue, il y avait ce nom.
Vous étiez très jeunes. Est-ce que ça n'a pas été trop vite finalement ?
Non, pas trop vite. Pour nous, ça a même été assez lent, puisqu'on a fait une trentaine de concerts avant que ça commence à être un peu connu. On était fous de joie, ça se passait super bien et au bout d'à peu près un an ou deux ans, les gens ont commencé à vraiment entendre parler de nous et on a vendu beaucoup de notre premier album éponyme (1977, NDLR). On s'est éclatés pendant des mois à aller faire des concerts à l'autre bout de la France. On était tous dans le camion avec le matériel. C'était folklo, mais c'était assez sympa.
Le succès est incroyable avec Métro, c'est trop, Hygiaphone, La bombe humaine, Argent trop cher et puis ce titre, en 1982, qui vous définit bien : Cendrillon. Cette chanson, qui vous colle à la peau, a été totalement adoptée par le public. Que représente-t-elle pour vous ?
‘Cendrillon’ était comme mon bébé, il allait se promener à ma place dans le monde.
Luis Bertignacà franceinfo
C'était une des premières chansons que je chantais, qui allait devenir un gros tube. J'ai mis des mois à l'écrire, des mois à chercher la vraie histoire. Au début, c'était une histoire de dessin animé avec des acteurs, Goldorak, Mickey, etc. qui tournent mal, qui sont tous dans la dope. Et puis Romy Schneider venait de mourir, je me suis dit : 'allez, on oublie Mickey, on oublie Goldorak, on va se concentrer sur Cendrillon'. Et au moment de la première tournée qui a suivi la sortie de cet album, je me casse une clavicule. Tournée annulée. Donc je suis dans un lit d'hôpital, ensuite dans une chambre d'hôtel et je ne peux pas bouger. Et juste à ce moment-là, on m'annonce que le single est Cendrillon et qu'il a été pris par Air France.
Ça a montré aussi à quel point vous aviez ce côté romantique.
Moi, j'ai toujours eu ce côté. Je ne sais pas si c'est romantique, mais sex, drugs et rock ’n’ roll, ce n'était pas pour moi, vraiment. Le sexe, c'était de l'amour avant tout.
Louis Bertignac sera en concert le 8 juillet à Divonne les Bains, le 29 au Festival du son à Civray et le 10 septembre au Lysfestival à Comines.
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