Louis Bertignac : "Je ne pouvais pas faire autrement que de jouer de la musique"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le musicien, chanteur, guitariste et cofondateur du groupe de rock Téléphone, Louis Bertignac. Il publie une autobiographie : "Jolie petite histoire" aux éditions du Cherche-Midi.
Louis Bertignac est musicien, parolier, chanteur, guitariste et cofondateur du groupe de rock Téléphone. En 1986, lorsque ce dernier est dissout, il créé le groupe Les Visiteurs et poursuit en parallèle une carrière solo. Entre 2015 et 2017, il retrouve deux de ses comparses de Téléphone, Jean-Louis Aubert et Richard Kolinka, en fondant le groupe Les Insus. Sa carrière solo se poursuit et même si la pandémie l'a privé d'une tournée, il en a profité pour écrire.
Louis Bertignac publie une autobiographie, Jolie petite histoire, aux éditions du Cherche-Midi.
franceinfo : Vous êtes un peu né avec une plume dans la main et votre livre Jolie petite histoire est écrit au singulier. Ça veut dire que votre vie est un conte de fées ?
Oui. Ma vie, je prends ça comme ça, vraiment. Je prends cela comme une chance merveilleuse. Alors évidemment, il y a des moments plus difficiles, mais ça fait partie de la vie.
"Les moments joyeux m'ont rendu heureux et les moments difficiles m'ont rendu plus fort."
Louis Bertignacà franceinfo
Enfant, ado, adulte, père, mari, amoureux, vous balayez tous les sujets dans cet ouvrage, notamment un Louis Bertignac bon élève au lycée Carnot.
Oui, j'étais bon élève, mais je n'avais pas tellement de mérite parce que ma grand-mère était institutrice. Elle voulait absolument que je sois excellent. À l’époque, on rentrait à l’école vers cinq, six ans et je savais déjà lire et écrire. Et le premier classement, j'étais premier ex-aequo. Elle a été voir le prof en lui demandant : "Mais pourquoi il est premier ex-aequo ? Pourquoi il n'est pas premier tout seul ?"
Il y a eu une équilibre dans votre vie, c'est que vos parents vous ont toujours beaucoup soutenu. Votre maman était bienveillante, vivait plus pour les autres que pour elle-même, et votre papa vous considérait un peu comme le chouchou.
C'étaient des parents d'amour. C'est vrai que j'étais le chouchou, mais c'est peut-être dû au fait j'étais le deuxième 'Louis', le premier étant décédé à la naissance. Donc, ils m'ont peut-être donné deux fois plus d'amour et ma mère m'appelait toujours : "Mon roi".
Vos premiers pas sur une scène se passent justement au lycée Carnot.
Je profitais. J'avais quatorze ans en 1968 et il y avait des grèves et je jouais. On me disait : "Puisque tu joues un peu de guitare, tu vas attirer les gens dans la salle et ensuite on fera l'assemblée générale pour discuter politique". Moi la politique, je m'en fichais, mais je saisissais l'occasion. Je venais avec ma guitare et mon ampli et je jouais très fort. Et, ça a attiré les gens. Et en fait, après ça, à chaque fois, ils me viraient, mais ils avaient du mal à le faire, je ne voulais pas me barrer.
Il y a un épilogue dans ce livre sur le bateau où la génération du baby-boom s'était embarquée pour partir à la recherche d'un nouveau monde : "Les Beatles ont crié 'Terre' les premiers et moi quand je suis arrivé plus tard à la rame, ce sont les Stones qui m'ont fait découvrir la Terre promise ou j'allais passer ma vie." Les Stones, c'est vraiment le point de départ et notamment l'album "Let it bleed".
Exactement. Cet album m'a transcendé. Je me suis dit : il n'y a rien qui sera jamais aussi beau. Je passais mes journées à écouter ce disque et là, mes notes en classe ont commencé à baisser graduellement jusqu'à la terminale où j'ai raté le bac la première fois parce que j'étais trop amoureux de ça. Et du coup, j'ai ressorti ma guitare et je me suis mis à apprendre, à jouer ces trucs-là et je planais comme un fou avec ma guitare, dans ma chambre, chez mes parents.
"Je me mettais les albums des Stones et je jouais de la guitare en même temps. Je fermais les yeux et j'avais l'impression qu'ils me faisaient des sourires, les Charlie Watts, Jagger, en me disant : 'Tu progresses, ça va aller'."
Louis Bertignacà franceinfo
Vos parents vous ont toujours fait confiance, mais à un moment donné, ils ont eu peur parce qu'ils savaient que vous étiez fan des Stones. Comme les Stones se droguaient, c'était compliqué. Et le jour où votre père vient vous parler de ses craintes à ce sujet, il attend un break dans la musique, entre et là, que se passe-t-il ?
Il me voit en train de fumer un gros pétard et soudainement, il est persuadé que je suis foutu, que le garçon qu'il espérait en ministre, médecin ou avocat, allait devenir un clochard. Et cinq minutes après, ma sœur me dit : "Tu sais, papa, il a pleuré dans les bras de maman". Ça m'a foutu un choc. Je n'ai jamais vu mon père pleurer. Ça m'a fait très mal, mais je ne pouvais pas faire autrement que de jouer de la musique. J'essayais de leur faire plaisir, j'ai passé mon bac, j'ai essayé de faire quelques mois de médecine, mais ce n'était pas mon truc. Je n’y arrivais pas et je ne savais pas ce que je voulais. Plus j'étais angoissé, plus j'étais dans l'incertitude, plus je jouais de la musique parce que c'était le seul moyen d'oublier que ça n'allait pas.
Louis Bertignac sera en concert le 25 juin à Mutzig, le 8 juillet à Divonnes-Les-Bainset le 29 juillet à Civray.
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