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"Les femmes avec lesquelles j'ai travaillé sont des icônes" : Etienne Daho évoque Jane Birkin, Brigitte Fontaine, Dani

Toute cette semaine, Etienne Daho est l’invité exceptionnel du monde d’Elodie. Un tête-à-tête en cinq chansons qui ont marqué sa vie professionnelle comme personnelle. Aujourd’hui, "Comme un Boomerang", "Jungle Pulse" ou encore "Oh pardon tu dormais…", fruits de quelques-unes de ses très nombreuses collaborations artistiques.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 125 min
Etienne Daho et Jane Birkin sur la scène des Francofolies de La Rochelle (Charente-Maritime) le 12 juillet 2021 (GAIZKA IROZ / AFP)

Étienne Daho passe la semaine avec nous sur franceinfo pour revivre des moments forts de sa vie : cinq jours, cinq chansons. Alors qu’Etienne Daho fête ses 40 ans de carrière, il en profite pour rééditer son premier album Mythomane, tout en soufflant sur les dix bougies de son album Le condamné à mort comprenant un duo avec Jeanne Moreau. Il vient aussi de sortir, il y a quelques semaines, un single inédit : Virus X.

Aujourd'hui, Comme un Boomerang, Jungle Pulse ou encore Oh ! Pardon tu dormais…, fruits de quelques-unes de ses très nombreuses collaborations artistiques.

franceinfo : Le 2 décembre dernier, vous avez reçu la grande médaille de l'Académie française pour l'ensemble de vos chansons. Vous êtes aussi un artiste aux multiples collaborations. Vous avez beaucoup travaillé avec et pour les autres comme Jacques Dutronc, Alain Bashung, Daniel Darc, Françoise Hardy, Jane Birkin, Debbie Harry de Blondie ou encore Catherine Deneuve, Marianne Faithfull, Dani, Jeanne Moreau. Les collaborations ont contribué aussi à votre évolution ?

Etienne Daho : Oui, ça fait partie de mon parcours. J'ai commencé à produire pour les autres en 1987, lorsque j'ai créé mon propre label et donc j'ai fait quelques productions où je me suis fait un peu les crocs et j'ai continué. Au fur et à mesure des rencontres, les choses se font et il se trouve que les gens qui m'apprécient, je les apprécie aussi beaucoup. Au bout d'un moment, on se rencontre et la meilleure façon de se rencontrer, c'est d'enregistrer ensemble. Ce qui s'est produit pour pas mal d'albums, notamment pour l'album de Jane Birkin récemment, l'album de Lou Doillon et puis plein d'autres. 

Il y a eu d'ailleurs un très beau duo avec Jacques Dutronc. Beaucoup de femmes dans ces collaborations, mais peu d'hommes ?

Dominique A, Jacques Dutronc, François Marry, Malik Djoudi, il y en a plein, mais c'est vrai que les femmes avec lesquelles j'ai travaillé sont pour la majorité des icônes, donc c'est très impactant.

Notamment Brigitte Fontaine, dont vous avez produit quatre des titres de son album Genre humain (1995). Vous avez-coécrit Jungle Pulse, une chanson très importante pour vous dans ce parcours.

D'abord, ça a été une rencontre avec Brigitte, qui est quand même une artiste d'exception. Vraiment, j'ai beaucoup d'affection et d'admiration pour elle. C'étaient les débuts d'une certaine forme de rap, et ce titre est une forme de rap. C'était une manière de rentrer dans autre chose, de s'amuser avec autre chose, de sortir des clous et de sortir de la pop pour faire autre chose.

"C'est toujours plaisant de sortir de sa zone de confort."

Etienne Daho

à franceinfo

Il y a aussi L'autre moi pour Jane Birkin, et cet album que vous avez réalisé d'une main de maître Oh ! Pardon tu dormais... qui scelle quand même une disparition dramatique dans la vie de Jane Birkin. Ça lui a permis aussi de mettre des mots pour soigner les maux ?

Oui, ça a été la première chanson qu'on a travaillé sur ce disque. Jane avait beaucoup de choses à expulser. C'était vraiment un drame extrêmement puissant, extrêmement douloureux. Comment le dire ? On se pose toujours des questions quand il y a une disparition. Est-ce que c'est un accident, un suicide ?  Et j'ai retenu : Est-ce un accident ? Le point d'interrogation, je trouve que c'est beau. C'était une ouverture.

Quand je l'ai proposé à Jane, silence radio pendant deux jours, trois jours. C'était la première chanson qu'on finissait, c'était donc très important pour nous. Et en même temps, on avance avec beaucoup de précautions, parce qu'on ne sait pas du tout comment ça va être reçu. C'est un drame et on ne pourra jamais nous, vivre le drame d'une mère. Et donc, au bout de trois jours, elle m'a envoyé un message en me disant "J'aime beaucoup". Et puis après, c'était "J'adore, j'écoute sans arrêt, etc."

On a commencé l'album comme ça et une fois passée cette étape de cette chanson pour Kate après, le reste a été extrêmement fluide. C'était presque que de l'amusement, avec une très grande facilité.

Vous avez toujours tendu la main. C'était aussi le cas pour l'album Places avec Lou Doillon, elle cherchait quelqu'un et ça a été une évidence qu'il fallait que ce soit vous. Pareil pour Comme un boomerang de Dani, ça a été un cadeau, cette chanson écrite par Serge Gainsbourg.

C'est un cadeau par-delà le ciel de Serge, vraiment. Parce que du vivant de Serge, je le voyais beaucoup.

"J'ai eu vraiment une belle relation avec Serge Gainsbourg, mais on n'a jamais travaillé ensemble."

Etienne Daho

à franceinfo

J'avais très peur d'être estampillé. Je suis con, car avec le recul, j'aurais adoré avoir un disque avec lui, bien entendu. Mais je ne sais pas, avec la fierté, peut-être l'arrogance de mon succès naissant, je me disais : je préfère me démerder tout seul. Et puis, je n'aurais jamais osé lui demander non plus et donc, on n'a pas travaillé ensemble.

Quand Dani m'a parlé de cette chanson, qu'il aurait pu donner à Catherine Deneuve, à Jane ou encore à Charlotte et bien quand je l'ai écoutée après l’avoir retrouvée, je me suis dit : Mais ce n'est pas possible, cette chanson doit exister. À la base, ça devait être un single pour Dani que je produisais et finançais. Elle tenait absolument à ce que soit un duo et je lui disais : Le texte n'est pas du tout un duo, c'est une erreur !

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