Le violoncelliste Gautier Capuçon souffle les bougies de ses 20 ans de carrière avec un triple album, "Souvenirs"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le violoncelliste Gautier Capuçon.
Gautier Capuçon est violoncelliste et le frère cadet du violoniste Renaud Capuçon. Il est interprète de musique de chambre, soliste d'orchestre dans plusieurs répertoires : le classique, le romantique, le moderne, le baroque. Son nouvel album Souvenirs est un coffret composé de trois CD qui marque un double anniversaire, celui de ses vingt ans d'enregistrements dans sa maison de disques et ses quarante ans de vie.
franceinfo : Ce coffret est un condensé de ce qui vous a construit et vous fait vibrer aujourd'hui. Les années passent, mais votre passion s'accentue davantage chaque jour ?
Gautier Capuçon : Je crois que ce qu'on a vécu pendant cette crise sanitaire a décuplé toutes les émotions. J'ai besoin d'aller plus loin dans les émotions joyeuses, positives, mais aussi dans les autres, celles où parfois, on crie. J'ai l'impression qu'on va plus profond, on s'exprime encore davantage, comme si le temps était compté. C'est curieux.
"Après la crise sanitaire, j'ai l'impression qu'on a tous besoin de revenir à l'essentiel et, l'essence de la musique, c'est le partage."
Gautier Capuçonà franceinfo
J’ai, peut-être, simplement besoin d'aller dans des endroits où on m’attend le moins, de faire des expérimentations, de faire des rencontres. Oui, j'ai encore plus envie de me faire plaisir, de faire plaisir, de partager.
De vos conseils avertis dans l'émission Prodiges à votre enseignement dispensé à des élèves confirmés dans votre classe d'excellence à la Fondation Louis Vuitton, on remarque que la transmission fait partie de votre vie. Vous avez été nommé ambassadeur de l'association Orchestre à l'école. C'est une lourde responsabilité de faire en sorte que les enfants qui sont en face de vous, aient aussi les yeux qui brillent comme les vôtres au même âge.
C'est un projet absolument unique. C'est toute une classe qui apprend la musique. Ce qu'ils vivent ensemble est un cadeau qu'ils garderont dans leur cœur toute leur vie, même s'ils ne poursuivent pas l'apprentissage de la musique plus tard. Mais c'est pouvoir s'exprimer, pouvoir transcender ses émotions.
Et puis, quand j'ai des gamins qui sont dans des situations difficiles... J'en ai un qui vient me voir cet été, lors de ma tournée en France, ils étaient plus de 200 avec moi , qui me dit : "Tu vois, moi, quand je prends mon instrument, j'oublie tous mes problèmes". Et ce gamin, quand il vous dit ça, vous savez que ce ne sont pas les problèmes que vous et moi pouvons rencontrer et là, on se rend compte du pouvoir de la musique.
Vous fêtez vingt ans d'enregistrements dans une maison de disques et 40 ans de vie. Cela signifie que vous avez donné la moitié de votre vie à la musique. Ça a démarré encore plus tôt. Vous rappelez-vous de votre premier tête à tête avec le violoncelle ?
"Ce violoncelle, à quatre ans et demi, je n'avais aucune idée de ce que ça voulait dire, mais j'avais une certitude, c'est que je passerais ma vie avec lui. C'était un sentiment très fort."
Gautier Capuçonà franceinfo
À 40 ans, on commence à regarder un peu ce qu'on a fait et j'ai l'impression d'en être encore au début. C'est très fascinant. Sur scène, j'ai l'impression d'avoir toujours l'excitation d'un débutant et je me dis qu'il y a encore tellement de choses que j'ai envie de faire, d'explorer, d'imaginer. C'est ça qui me motive tous les matins quand je me lève.
Depuis très longtemps, vous démocratisez la musique classique. Quand on dit 'Gautier Capuçon' aujourd'hui, on pense à plein de choses, notamment à l'hommage populaire à Johnny Hallyday dans l'église de la Madeleine, à Paris, accompagné par Yvan Cassar avec entre autres L'hymne à l'amour d’Edith Piaf. C'est important pour vous d'incarner un visage ?
Plus que ça. C'est compliqué d'exprimer certaines émotions qui sont fortes et la musique me permet justement de les vivre et de les partager. Quand on vit ce type de situations, d'entendre de la musique, nous permet tout simplement de rire ou de pleurer. Le violoncelle est mon outil, mon instrument.
"C'est sur scène, finalement, que je réussis vraiment à lâcher prise, à sortir encore une fois de cette zone de confort, de contrôle."
Gautier Capuçonà franceinfo
Avec le violoncelle, je sais que je peux tout faire, je peux me mettre en danger. Qu'est-ce qui peut se passer ? Pas grand-chose, à part une fausse note !
C'est un hommage aussi à vos parents ?
Oui, c'est important de savoir d'où l'on vient. C'est ma culture. La Savoie. Ce sont mes parents. Je leur dois la musique et la vie.
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