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Le monde d'Elodie. Mathias Cassel alias Rockin' Squat : "La culture hip-hop m'a adopté et m'a construit"

Mathias Cassel, plus connu sous le nom de Rockin' Squat, précurseur du rap en France avec son groupe Assassin. Il revient avec un album, 432 Hz

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Le rappeur français Mathias Cassel alias Rockin' Squat, précurseur du hip-hop en France avec son groupe "Assassin". (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Elodie Suigo : Mathias Cassel, vous êtes plus connu sous le nom Rockin' Squat, rappeur, producteur, réalisateur français, fondateur du groupe Assassin, co-fondateur du festival de films franco-brésilien Planeta Ginga, dans les favelas. Votre père était le comédien Jean-Pierre Cassel, votre frère est Vincent Cassel, votre demie-sœur Cécile Cassel, chante sous le pseudo Hollysiz. Vous sortez un album, 432 Hz et vous avez sorti un livre intitulé Rockin Squat, chronique d’une formule annoncée. Vous êtes un des précurseur du hip-hop avec le groupe I am et NTM en France avec votre groupe Assassin. Vous avez été nourri très tôt au hip-hop, dans les rues de New-York, où vous viviez avec votre mère divorcée. Amoureux de ce son là dès le départ ? 

Mathias Cassel : Oui. En plus, j’ai quand même une culture musicale. J’ai été baigné par le jazz, par la soul music, par le blues, qui sont les racines du hip-hop. Donc j’ai tout de suite été touché par cette culture. Étant très vite livré à moi-même, j’ai vu l’opportunité que cette culture m’apportait pour pouvoir m’exprimer. Ça a été un vrai exutoire pour trouver mon équilibre. Ça m’a permis de m’épanouir dans la musique, dans le graffiti, dans la danse. Je suis vraiment un élément et un produit de ce mouvement et j’ai touché à beaucoup de disciplines.

Cela marque une époque, celle de l'émission télé Hip-Hop, où on voyait cette danse, ces tags. C'était votre exutoire, les tags ?

Plus que le dessin, c’était de faire quelque chose que personne ne faisait. En plus de ça, illégal. Et avec cette envie d’être reconnu, alors que j’étais un jeune adolescent pas du tout calculé et sans soutien parental. Je me suis retrouvé avec cette culture qui m’a adopté et qui m’a construit. 

Comment vous vous êtes construit, sans cette autorité parentale ? 

Grâce à des gens comme James Brown, comme les New York City Breakers, plein de héros qu’on avait et qui nous ont parlé, en fait. Et quand la deuxième vague du hip-hop aux États-Unis est arrivée,  avec des gens comme Public EnemyBeastie Boys, avec des vrais lyrics qui nous parlaient, parce que moi j’ai parlé anglais très tôt, ça m’a permis de comprendre que je n’étais pas tout seul et qu’il y avait des gens qui s’exprimaient pour moi. 

Le Hip-hop vous a sauvé Mathias ? 

Et il m’a permis en tout cas de trouver une stabilité pour pouvoir rebondir, pour pouvoir trouver ma voie. 

Avec la rue comme terrain de jeu quand même… 

Mais la rue, grâce au hip-hop a été très vite politisée et très vite ancrée socialement. Ce n’était pas du tout un mouvement culturel que pour se divertir. Dans tous les noms que je vous ai cités, il y a aussi l’esprit du Black Panthers Party, de l’American Indian Mouvement, des gens qui se sont battus contre le racisme, contre les inégalités sociales. Et ça a permis d’avoir un bagage culturel et de voir la vie complètement autrement.

Votre album s’appelle 432 Hz. Dans la chanson Grandir vous parlez de l’escalvagisme. Là, on est en plein cœur de l’affaire dramatique de la mort de George Floyd. Vous en pensez quoi ?Je pense que ce n’est pas nouveau. Le vrai problème de la violence policière, c’est un problème de justice. Parce que s’il n’y avait pas une justice à deux vitesses et que la justice condamnait les meurtriers de bavures policières au même titre que le citoyen lambda et que le peuple voyait qu’il n’y a pas une justice à deux vitesses, déjà, on serait beaucoup plus apaisés. Depuis très longtemps, moi j’ai écrit des textes comme l’État assassine, l’État policier. C’est très triste tout ça. C’est une preuve qu’il y a des gens qui sont au-dessus des lois. 

Vous êtes réputé pour dire ce que vous pensez. Vous abordez votre famille dans cet album. Vous interpellez l’auditeur en lui disant Tu  connais quoi de ma vie ? C’est dur de s’appeler Cassel ? 

Non pas du tout. C’est même une fierté. On a eu beaucoup de chance d’avoir un père qui était un artiste très entier et et artisan par son métier. C’est quelqu’un qui vient du théâtre. C’est différent du cinéma, même si on a beaucoup de respect pour le cinéma. Le  théâtre, c’est un peu comme la scène, on est tous les soirs devant un public et on ne peut pas bluffer. Donc on a eu la chance d’évoluer et de grandir à travers un vrai exemple de stabilité. Et puis en plus, dans notre famille, il n’y a pas que des artistes. Il y a aussi tout le côté de ma mère, qui sont des gens de la terre et donc toute une autre sagesse. 

On sent que votre mère vous a beaucoup donné… 

Une mère dans une famille, c’est une stabilité pour tout le monde. Je pense que les femmes sont beaucoup plus conscientes du  monde qui nous entoure. Donc, plus on a de femmes autour de nous et plus on a des chances d’être moins cons ! 

Heureux aujourd’hui ? 

Heureux, c’est un bon qui ne veut pas dire grand chose. Mais en tout cas équilibré ! 

Mathieu Cassel alias Rockin'Squat avec ce nouvel album 432 Hertz et ce livre, si vous voulez découvrir les cultures urbaines, Rockin'Squat, chroniques d’une formule annoncée.

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