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Le monde d'Elodie. Charlélie Couture : "Le coronavirus m’a pris et m’a entraîné dans le fond, c'est dur de résister"

Le chanteur et peintre a été frappé par le virus Covid-19, il témoigne d'un combat difficile à mener et il pense à ceux qui le livrent seuls.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Charlélie Couture, chanteur et peintre. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Elodie Suigo : vous venez d’affronter le virus, ce Covid-19, vous avez d’ailleurs publié sur Facebook un témoignage terrible de votre traversée de la maladie, vous parlez de "Huit jours et huit nuits terribles, au fond du trou"…

Charlélie Couture :  J’avais eu de la fièvre la semaine précédente, je me disais que c’était un mauvais moment à passer parce que j’avais le sentiment quand même d’être d’une constitution assez costaud et puis d’un seul coup ça m’a pris et ça m’a entraîné dans le fond, quoi ! C’était très difficile de résister, je n’avais pas vécu une épreuve comme ça depuis des années ! Le fait d’avoir beaucoup de fièvre, une perte de conscience du temps, qui rendait les journées infinies. J’avais l’avais l’impression de ne plus avoir de corps, de force, de rien. En même temps, on dit qu’on s’en sort par soi-même donc je voulais rester persuadé que j’allais m’en sortir de toute façon, que je n’allais pas faire partie des 2%, de ceux qui allaient avoir besoin d’une assistance médicale. Bon, à moment donné, je ne tenais plus…

Vous avez eu peur ?

Il y a deux moments où j’ai vraiment eu peur, oui, mais surtout au milieu de certaines nuits, quand on n’arrive plus à recoller les morceaux dans sa tête. Ce n’est pas tant que c’était douloureux, mais c’est surtout que ça épuise et je pensais à tous les gens qui vivaient ça dans des conditions encore plus difficiles que moi, qui ai la chance d’être bien entouré. D’ailleurs, autour de moi, les quatre autres adultes qui sont mes deux filles, leur copains et ma femme ont eu la chance de passer à travers les gouttes apparemment, donc c’est plutôt bon signe, j’avais juste à me concentrer, si je puis dire, sur ma résurgence.

Pourquoi avez-vous souhaité rendre publique votre bataille contre ce virus ?

Parce que j’avais un peu ironisé au début, sur la chose,  que je voyais comme une méchante grippe et comme tout le monde disait qu’on s’en sortait tout seul, je trouvais paradoxal d’arrêter le monde pour un truc qu’on pouvait résoudre tout seul si vous voulez. Et puis, c’est quand même un peu plus que ça. Mais là ça va, je sais que je vais reprendre le dessus, il n’y pas de problème. La preuve, c’est que je peux vous parler. Hier, j’aurais eu du mal.

Quel message vous envoyez à ceux qui ne se sentent pas concernés par ce virus ?

Je n’ai pas vraiment de message de prudence à adresser, je peux imaginer que les gens qui sont en bonne forme physique combattront le virus par eux-mêmes. Simplement, c’est quelque chose d’invisible, donc c’est une menace qui est latente comme ça…

Avez-vous le sentiment d’être bien assisté médicalement dans cette traversée ?

Oui, absolument, et même sans avoir vu le médecin, le fait de l’avoir eu au téléphone, le fait qu’il appelle régulièrement, presque le matin et le soir, même ce n’est pas moi qui lui parlais, c’était ma femme qui le tenait informé de la chose, ça me rassurait quand même.

Vous êtes peintre, vous êtes chanteur, est-ce que ça vous donne envie d’écrire, de peindre ?

Vous savez, là où j’en étais, je n’avais pas d’inspiration, c’est peut-être maintenant qu’il y aura quelque chose qui émanera de moi, mais vous savez, la création artistique, c’est une histoire d’énergie : on fait et après on voit ce qu’on va en faire. On est d’abord motivé par une envie de faire et là, des envies je n’en avais plus du tout. Qu’une seule envie, c’est que ça s’arrête !

Rassuré aujourd’hui ?

Oui oui, clairement et mes enfants aussi sont rassurés. Et même si encore une fois je suis encore un poil fragile, je sais que le plus dur est passé et vive la vie !

Vous avez vécu ces dernières années à New-York, qui est en train de devenir l’épicentre de la pandémie, est-ce que vous avez des amis au téléphone, comment se préparent-ils ?

Honnêtement, je n’ai pas eu d’amis au téléphone, j’ai eu des messages, mais vous êtes la première personne à qui je parle vraiment depuis huit jours. Mais quand je pense à mes amis new-yorkais, je sais dans quelles conditions de précarité déjà en temps normal ils vivent et comment ça doit être difficile pour eux de gérer ce diable invisible, ce virus, dans le contexte new-yorkais qui est très très inhumain, ça doit vraiment terrible pour ceux qui sont atteints.

Quel message d’espoir aux auditeurs de franceinfo ?

 Le meilleur, c’est celui des 98% de gens qui s’en sortent, tout simplement. Il faut y croire et puis que l’amitié est quelque chose qui rassure beaucoup dans ces conditions là, le fait que j’ai eu le soutien, même si c’est que des mots, mais encore une fois, quand on se retrouve à 3 heures du matin à ne plus savoir à qui se raccrocher si je puis dire, là on s’accroche à ces messages et à ces liens d’amitié. Dès que je vais avoir repris un peu du poil de la bête je vais certainement refaire des trucs sur internet, justement pour d’autres personnes, je pense beaucoup aux gens dans l’isolement, à ceux qui vivent ça d’une manière solitaire. Et pour eux, ça doit être vraiment très dur.

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