"L'idée de l'amour, c'est la concession ": les confidences de Fary dans son spectacle, "Aime-moi si tu peux"
Fary est humoriste spécialisé dans le stand-up. C'est sa professeure d'histoire-géographie en seconde qui l'a poussé à se lancer dans cette voie. Elle l'a même aidé à écrire son premier spectacle quelques années plus tard. Le public l'a découvert dans l'émission On ne demande qu'à en rire sur France 2. Par la suite, il y a eu le Jamel Comedy Club, une belle rampe de lancement vers le succès et des salles combles, mais cette fois en solo avec son premier spectacle, Fary is the New Black et le deuxième Hexagone, qui s'est terminé quand même avec une date à l'AccorHotel Arena. Depuis le 27 janvier 2023 et ce jusqu'au 23 mars, il est sur scène avec son spectacle Aime-moi si tu peux au Théâtre de la Renaissance à Paris.
franceinfo : Dans Aime-moi si tu peux, vous parlez d'amour, de passion, notamment celle du stand-up. C'est difficile de livrer son intimité ?
Fary : C'est difficile de se livrer parce que dans l'humour, il faut faire rire derrière. En se livrant dans un spectacle comique sur quelque chose de sincère et de premier degré, on prend le risque que les gens se disent : "Moi, je n'ai pas payé pour ça ! En fait, tu dois me faire rire, normalement". Il y a des moments où on essaie de se livrer, d'être un petit peu profond dans le rapport à l'introspection, il n'y a pas forcément de la moquerie de soi et parfois, les gens sont un petit peu pris au dépourvu. Après, il n'y a pas de moments chiants ou de moments longs, mais parfois, et c'est ce qui est intéressant, c'est que juste sur une phrase, quand il n'y a plus de rire, ils ne savent plus à quoi se raccrocher.
Il y a un énorme côté 'feel good' chez vous.
Oui, je suis 'feel good' !
C'est un terme qui est très à la mode, mais qui vous correspond parfaitement. C'est-à-dire qu'il y a toujours sourire.
Oui et non, parce que je suis aussi beaucoup vu comme quelqu'un d'hautain, de précieux.
Est-ce que vous l'êtes ?
Ça dépend avec qui ! Non, je n'ai pas l'impression de l'être, mais je me suis longtemps caché derrière le personnage que je suis quand je suis intimidé par un contexte, quand j'arrive quelque part et que je ne connais pas les gens, je vais me renfermer sur moi.
Je vais avoir une carapace qui, de l'extérieur, va sembler être de la prétention alors que je suis juste intimidé par ce qui se passe.
Faryà franceinfo
Au départ, sur Fary is the New Black, la personne que je suis, qu'on voit de loin, qu'on ne fait que croiser, on se dit qu'il est un peu hautain. Sur Hexagone, je commence à me confier un peu plus et on peut me trouver un peu plus sympathique. Et sur celui-ci, je crois que ça se rapproche beaucoup plus de ce que je suis dans la vie de tous les jours parce que je suis peut-être un peu plus à l'aise avec ce que j'incarne dans la vie de tous les jours, dans l'intimité. C'est comme si je connaissais de plus en plus mon public et que, du coup, j'étais un peu plus à l'aise avec lui.
Ça se ressent d'ailleurs dans ce que vous dites parce qu'il y a quelques années, vous parliez de l'infidélité, mais vous ne l’assumiez pas. Et, là, vous êtes sur scène, vous parlez du couple, de la vie de couple en disant à quel point, c'est quelque chose de très nouveau pour vous, en tout cas, de voir que la personne avec laquelle vous vivez est là au quotidien. Effectivement, elle fait partie de votre paysage, ce qui peut vous poser quelques problèmes et vous assumez d'être infidèle, vous dites que vous l'avez toujours été.
C'est vraiment une espèce de fil tendu parce que je n'ai jamais été dans ce schéma de couple, en tout cas de mon côté. Et ça marche vraiment comme une introspection, mais aussi comme une espèce de travail thérapeutique. Parce que le fait de l'apporter sur scène et de l'assumer, c'est aussi une partie du travail, ça permet d'échanger sur le sujet. Je pense que moi, j'ai fait ce choix-là, mais il y a des gens qui feront l'autre choix, celui de trouver une personne avec laquelle ils n'auront pas à être monogames. Je pense que c'est aussi ça le choix et l'idée de l'amour, c'est la concession.
Est-ce que l'amour vous fait peur ? Parce qu'il y a quand même un précédent familial. La séparation de vos parents que vous avez très mal vécu. Votre père est retourné au pays. Je me suis posé la question de savoir si justement la scène ne vous aidait pas à ça, car on sent que vous êtes beaucoup mieux dans vos baskets.
Moi, je veux juste savoir combien va coûter cette séance !
Rien du tout ! C'est totalement gratuit !
L'amour dans la façon que j'ai de l'expérimenter, c'est de me mettre dans le risque d'être abandonné, à un moment donné, parce que c'est la façon dont j'ai expérimenté l'amour, petit. Même si mon père a toujours été présent dans ma vie, le fait qu'il soit sur un autre continent, j'ai eu le sentiment d'un abandon assez tragique alors qu'il faisait toujours partie de ma vie. Mais cette image de lui qui part à l'aéroport, ce n'est pas juste, il habite dans une autre ville, c'est : il sort complètement de ma vie, physiquement quoi.
L'idée de l'engagement pour moi, c'est donner la possibilité à quelqu'un de m'abandonner.
Faryà franceinfo
Pour terminer, est-ce que le petit garçon que vous étiez est fier de l'homme qu'il est devenu ?
J'ai dépassé cette phase il y a très longtemps, quand j'ai fait mon spectacle au Cirque d'hiver et au Théâtre du Châtelet, c'était vraiment pour moi les accomplissements les plus lointains que j'imaginais. Je me rappelle, au tout départ, quand je disais : un jour, je ferai la Cigale. Autour de moi, des humoristes avec qui j'étais très proche ne prenaient pas la chose au sérieux donc, c'était déjà invraisemblable. Mais aller faire mon spectacle au Théâtre du Châtelet, capter mon spectacle là où une de mes idoles l'avait fait, Elie Kakou, ça paraissait irréel. Et en fait, une fois que je l'ai fait, après c'était que du bonus.
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