Julien Clerc se confie sur l’histoire de "Femmes... Je vous aime" : "Elle résume très bien ma vie de chanteur"
Julien Clerc, c'est un demi-siècle de chansons, de concerts, d'amour d'un public fidèle composé désormais de plusieurs générations tombées sous le charme de l'artiste qu'il est. Il se raconte toute cette semaine à travers cinq épisodes soient cinq titres devenus incontournables. Après avoir sorti un 26ème album : Terrien, Julien Clerc est en tournée acoustique avec le spectacle Les jours heureux dans lequel il reprend des chansons d’artistes comme Barbara, Bécaud ou encore Trenet.
franceinfo : Entre Étienne Roda-Gil et vous, c'est une belle collaboration, mais aussi une belle amitié. Un titre résume bien cette relation c'est Si on chantait, sorti en 1972. L'un comme l'autre, vous n'aviez qu'une obsession, j'ai l'impression, c'était effectivement celle de chanter et de faire chanter les autres.
Julien Clerc : Oui, je vais vous dire pas trop fort que je ne sais pas encore très bien ce que raconte cette chanson même 50 ans après. Je pense qu'il parle de cuisine, de quelqu'un qui est coincé dans sa cuisine. Enfin, en même temps, c'est limpide et en même temps pas vraiment. Et ça, c'est tout l'art de Roda-Gil et c'est incroyable que l'interprète et compositeur de cette chanson vous avoue aujourd'hui qu'il ne sait pas très bien de quoi ça parle.
Au moins, c'est honnête !
Oui, mais ce n'est pas grave parce que mon cœur comprend ce dont ça parle et je trouve que c'est typique de Roda-Gil.
Dans les textes de Roda-Gil, il y a des images qui font que chacun peut comprendre à sa façon les chansons. Je crois que chacun se raconte sa propre histoire.
Julien Clercà franceinfo
Votre agent a décidé, à un moment donné, de vous conseiller de changer d'auteur, d'aller chercher autre chose. C'est là que vous allez effectivement travailler, notamment avec Jean-Loup Dabadie et Maxime Le Forestier à partir de 1976.
Oui, on va dire qu'il avait un brief différent.
Avec le recul, comment avez-vous vécu cette séparation avec Roda-Gil ?
Non, mais ce n'était pas une séparation ! Simplement, Étienne, ce qu'il voulait, c'était qu'on soit tous les deux sur un disque déjà. Même Maumau (Maurice Vallet, ndlr) le gênait.
Il était très exclusif.
Très exclusif. D'ailleurs, il était un peu condescendant avec Maurice.
Avec tout le monde, même avec Françoise Hardy !
Oui. On lui a donc imposé une personne en plus de Maumau, si vous voulez. C'est sûr qu'il ne l'a pas très bien pris, mais ça n'a pas été une vraie séparation. Il y a une vraie séparation, un peu plus tard, je ne sais même plus pourquoi. On se disputait souvent et puis après, on se retrouvait. Le seul disque où on a été tous les deux en tête-à-tête, c'est pour Utile en 1992.
Ce qui est marqué effectivement de belles retrouvailles, ça, c'est une certitude. Jean-Loup Dabadie a été une évidence pour vous ?
C'est-à-dire que les premiers textes que Jean-Loup Dabadie m'a donné, ça m'a surpris parce que j'étais habitué à Roda depuis 15 ans. Là, c'étaient des angles différents. C'était aussi le brief qui avait été donné à Dabadie, des choses plus simples, plus compréhensibles, dire plus "je". Si je me souviens bien, la première chanson s'intitulait : Je suis mal et puis Femmes... Je vous aime. Et c'est vrai qu'avec Jean-Louis, on a écrit des chansons très populaires.
Était-ce difficile de dire "je" ?
Non, finalement, ce n'était pas difficile. Dire : "Femmes... Je vous aime" l'a été un peu.
Miou-Miou l’a mal pris d'ailleurs !
Oui. Elle m'avait dit : "Femme... Je t'aime."
Cela avait le mérite d'être clair !
Mais même, pour en revenir à la non-compréhension d’une chanson, j'ai appris par la suite que Ma préférence avait été écrite par un ami en colère. Je ne l'ai découvert que bien après.
Ma préférence est une chanson incontournable.
Oui. C'est une musique que j'ai écrite avant le texte. Je ne sais toujours pas comment la suite harmonique est arrivée. Franchement, c'est une drôle de suite. C'est ma façon de composer. Au début, j'ai deux ou trois accords, puis il y a une mélodie qui naît et après, c'est la mélodie qui mène. Et alors, j'essaie de trouver les accords qui vont sur la mélodie que j'invente au fur et à mesure. C'est une chance d'avoir écrit ce truc-là, mais je ne sais toujours pas d'où ça vient.
Pour terminer, que représente Femmes... Je vous aime ? Parce que quand on évoque votre nom, elle vous colle à la peau.
C'est drôle parce que ‘Femmes... Je vous aime.’ est une chanson qui m'a, un peu, été imposée par le public.
Julien Clercà franceinfo
Oui, elle résume très bien ma vie de chanteur. C'est-à-dire que je sors de 15 ans de Roda-Gil et franchement, je trouve ça too much de dire : "Femmes... Je vous aime." Presque obscène. J'ai donc fait la chanson, mais après, je ne voulais plus l'enregistrer. Heureusement que le producteur était anglais, il ne comprenait pas le français, mais il avait bien vu la force de la chanson et me dit : "Non mais ça va pas !" Donc je l'ai enregistrée. Et puis le temps est passé. La chanson a été récupérée par la publicité, prenant une autre dimension à ce moment-là. Et puis elle fût reprise par le karaoké. Moi, j'ai avancé en âge et tout d'un coup, je suis devenu raccord avec ce que je chantais. Aujourd'hui, évidemment, je la chante complètement libéré, avec un très grand plaisir.
C'est vrai que cette chanson a permis à beaucoup de couples de se former quand même !
Je ne sais pas, mais tant mieux !
Julien Clerc sera, entre autres, le 4 mars 2023 à Vittel, le 9 à Gap, le 18 au Cap d’Agde, le 25 à Boulogne-Billancourt , le 6 avril à Bollène, le 29 à Bayonne, le 30 juin à Bouillargues etc…
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