Jérôme Deschamps dans Le Bourgeois Gentilhomme : "Quand je fais ça, je rêve éveillé"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l’invité est l’acteur, metteur en scène, auteur de théâtre, réalisateur Jérôme Deschamps. Il sera bientôt sur scène avec "Le Bourgeois Gentilhomme" à l’Opéra Comique de Paris.
Jérôme Deschamps a plein de cordes à son arc et il se définit comme un homme de théâtre plutôt que dramaturge, trop sérieux à son goût : "Ça fait penser à des choses un peu tristes ! J’aime bien quand c’est joyeux !" Le créateur des Deschiens n’est pas tombé dans le théâtre quand il était môme selon ses dires mais "d’une façon différente parce que quand j’étais petit, j’avais un oncle qui s’appelait Hubert Deschamps, qui était un comédien, qui était un grand second rôle, très très drôle, très fantaisiste, incroyable. Il n’a jamais arrêté de faire le zouave, on était dans un monde complètement irréel, merveilleux".
Des rencontres précieuses
C'est aux côtés de son oncle qu'il observe Jacqueline Maillan ou encore Françis Blanche, qui faisaient partie de la compagnie théâtrale Grenier-Hussenot, une école d’acteurs à forts tempéraments, avec des caractères hors du commun : "Je peux vous dire qu’on ne s’embêtait pas", se souvient-il.
Cette joie de vivre, Jérôme Deschamps la cherche et la cultive. L’humour en héritage, il grandit aussi au contact de Jacques Tati, son oncle par alliance, et il confie au micro d’Élodie Suigo son admiration pour cet homme : "Il était très très très drôle, très pince sans rire. Très impressionnant. Très grand, très beau, très élégant". Il se souvient également de sa venue au moment où la famille Deschiens se produit pour les premières fois au théâtre : "Il m’a dit une chose assez jolie : 'Si mon ami Keaton était là, on se serait mis à travailler ensemble'".
Le Bourgeois Gentilhomme comme point de départ
C’est au lycée que Jérôme Deschamps va très vite se tourner vers le théâtre en se formant au Conservatoire national supérieur d’art dramatique puis à la Comédie française. À l’évocation de ce lieu emblématique, il explique qu’il est obligé de raconter l’évènement qui va être déterminant dans son orientation professionnelle plus tard : "Quand j’avais 6 ou 8 ans, que fait mon grand-père ? Il m’emmène à la Comédie française, voir Le Bourgeois Gentilhomme". C'est la révélation. "J’ai vu la relation tellement chaleureuse entre les acteurs et le public. Les acteurs faisaient partie de la famille du public, ils étaient applaudis quand ils arrivaient. Je me suis dit que c’était extraordinaire !"
C’était la première fois que j’allais au théâtre. Un émerveillement ! J’ai ri comme jamais, et puis j’ai entendu les rires (...) Ce moment de bonheur m’a marqué infiniment
Jérôme Deschampsà franceinfo
À la fin des années 70, commandé par un de ses mentors, Antoine Vitez, il crée le spectacle Les Deschiens, qui par la suite deviendra une compagnie puis une série diffusée à partir de 1993 sur Canal +. Un programme très apprécié pendant cinq ans dont la caractéristique pour ses auteurs était de donner du temps au temps tout en liberté de paroles : "L’idée c’était d’être toujours en avance, de ne pas être forcément lié à l’actualité. On a tellement ri. L’important c’est qu’on fasse ce qu’on veut et qu’on s’amuse."
Chercher la Femme
Impossible de ne pas évoquer sa femme: Macha Makeïeff qui partage sa vie et aussi cette passion du théâtre. "On est très différents, assure Jérôme Deschamps. Elle m’a apporté d’abord une sorte de recul extraordinaire sur ce qu’on faisait. Elle a ce recul, elle a cette distance, elle a cette analyse alors que moi je suis un peu à chaud, dans l’action et dans le jeu comme un gamin".
Quand je l’ai rencontré [Macha Makeïeff], je me rappelle, c’était une nuit à Grasse, dans la rue. Elle était avec une petite fille qui était sa petite sœur. Et je me suis dit : "Elle, ça doit être une mère formidable". Effectivement… c’est une mère formidable
Jérôme Deschampsà franceinfo
Le Bourgeois Gentilhomme à la sauce Deschamps
Quelques décennies plus tard, et une brillante carrière à son actif, l’homme aux multiples casquettes revient là où tout a commencé. Il incarne, enfin, Monsieur Jourdain sur scène et revisite tout en poésie Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, comme une évidence trop longtemps repoussée : "Quand je fais ça, je rêve éveillé. Je sais que j’ai eu un coup de foudre incroyable pour cette pièce. Et puis je me suis dit le temps passe, il faudrait peut-être s’y mettre un peu et j’ai monté ça et c’est un bonheur absolu".
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