Jean-Louis Aubert : "Argent trop cher", le succès et l'amertume
Toute cette semaine, c’est le chanteur, compositeur et musicien Jean-Louis Aubert qui est l’invité exceptionnel du monde d'Élodie. Un tête à tête en cinq épisodes soit cinq chansons de son répertoire, pour évoquer de nombreux souvenirs marquants de son parcours. En 1980 : "Argent trop cher".
Dans ce troisième épisode, Jean-Louis Aubert commence par évoquer son travail d’écriture, ses compositions et cette appétence pour les mots, la poésie, "ces choses qu’on ne comprend pas, que celui qui a écrit même ne comprend pas". Ce travail sur les paroles est tout sauf naturel pour lui, tout d'abord : "Je ne savais pas que j’avais l’amour des mots. J'entendais mon père me dire : 'La musique des mots, c’est tellement beau et important', et je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire. Maintenant, je sais tout à fait."
Ce qu’on fait quand on ne sait pas ce qu’on le fait et ce qu’on dit quand on ne sait pas qu’on le dit, c’est ce qu’il y a de plus beau. J’adore ce qui échappe à l’intelligence. L’intelligence est toujours démontable par l’intelligence. La grâce non. La grâce, elle est magique.
Jean-Louis Aubertà franceinfo
L’humanité de Téléphone
Téléphone, c’est aussi de l’énergie en barre. Sa réputation se fait aussi sur sa présence scénique : "Moi, je montais sur scène en disant 'Si c'est le dernier soir c’est bien'. Donc tous les jours, c'était : 'Je vais tout donner'," raconte Jean-Louis Aubert. Et parce que lui aurait été prêt à risquer sa vie pour voir un concert, c’est en toute logique qu’il prend tous les risques "pour le vivre aussi", par exemple lors du concert de la Fête de l'Humanité en 1979 : "Je me retrouve à grimper à 30 mètres de haut sur des échafaudages et en plus j’étais très fort en gymnastique, j’arrivais à faire des sauts périlleux. C’était très dynamique", précise-t-il en se marrant.
Argent de la discorde
En 1980, sort le troisième album de Téléphone, Au cœur de la nuit, enregistré en partie à New York et qui se classe troisième des ventes. Une époque dont se souvient Jean-Louis Aubert : "Ce qui est marrant, c’est que je n’étais pas très riche, à cette époque, c’est curieux, je ne savais pas ce qui se passait. J’étais dans une piaule, je n’avais rien." C’est à ce moment-là que sort Argent trop cher, une chanson à la saveur particulière pour lui : "Elle a quelque chose d'universel, mais aussi quelque chose de très personnel. Je crois que je parle au reste du groupe, qui m'en voulait d'écrire des chansons."
Je me revois en train d’écrire des phrases de cette chanson un soir de Noël. J’étais dans un appartement mais j’étais seul à Pigalle. Je me vois pleurer en écrivant cette chanson.
Jean-Louis Aubertà franceinfo
Avec le succès, les liens qui unissent le groupe se distendent : "Même si on partageait tout, ça ne réglait pas tout à fait le problème. Parce que 'Prenez un enfant et faites-en un roi, Prends ton meilleur ami, fais-en un ennemi', peut-être ce succès naissant, je commençais à sentir la fissure qu’il créait." Un moment difficile pour le musicien encore aujourd’hui et qu’il analyse avec philosophie : "Quelquefois, on avance nez au vent, on est content de ce qu’on fait et puis on ne s’aperçoit de rien. Et on s’aperçoit que des gens sont dérangés, derrière soi, à côté de soi et qu’ils vous en veulent et que vous ne faisiez pas attention."
Je ne sais pas si dans la vie, on peut avancer sans laisser malgré soi un sillage d’amertume.
Jean-Louis Aubertà franceinfo
Refuge, le dernier album de Jean-Louis Aubert, ressort en édition limitée.
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