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"Je ne me voyais pas du tout chanteur, j'avais envie d'être un auteur" : Didier Barbelivien se confie sur ses débuts

L'auteur, compositeur et interprète Didier Barbelivien est l'invité exceptionnel du Monde d'Élodie toute cette semaine. Il se livre en remontant le temps avec cinq de ses chansons incontournables écrites pour les autres ou pour lui-même. Son dernier album, et ultime en tant qu’interprète, est sorti en octobre 2022.
Article rédigé par Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'auteur-compositeur et chanteur Didier Barbelivien à Paris en septembre 2019 (PHILIPPE DE POULPIQUET / MAXPPP)

L'auteur, compositeur et interprète Didier Barbelivien est l'invité exceptionnel du Monde d'Élodie toute cette semaine. Depuis 1970, il a écrit et composé plus de 2 000 chansons. Son dernier album, Didier Barbelivien, qu’il présente comme étant son ultime album en tant qu'interprète est sorti en octobre 2022. Pendant cinq jours, à presque 70 ans, il remonte le fil de sa vie en évoquant ses souvenirs autour de quelques-unes de ses collaborations comme avec Julien Clerc, Gérard Lenorman, Christophe ou encore Johnny Hallyday.  

franceinfo : Très tôt, vous avez eu envie d'écrire. Vous aviez 16 ans quand vous avez commencé à écrire votre premier texte ?

Didier Barbelivien : C'était en 1970 que j'ai commencé à écrire maladroitement. Alors pourquoi ce choix de Julien Clerc ? Parce que c'était mon phare en même temps que celui de Jean-Marc Roberts, avec qui j'étais lycéen à Chaptal. On avait devant nous Étienne Roda-Gil et Maurice Vallet, qui étaient les auteurs de Julien, et on était fascinés par ce trio d'écriture.

En tout cas, cette écriture vous a toujours accompagné. Vous avez grandi dans le quartier Oberkampf, dans le 11ᵉ arrondissement de Paris avec votre grand-mère. Votre grand-mère va vous apporter une notion extrêmement importante que vous allez conserver tout au long de votre vie. C'est la liberté.

Je ne me trompe jamais sur cet essentiel.

C'est quoi être libre ?

C'est de ne pas avoir d'horaires. C'est bizarre, moi, depuis que j'ai 17 ans, je ne sais pas ce que c'est qu'un horaire. Je ne sais pas ce que c'est que le réveil, je n'en ai pas. Je me réveille quand je me réveille. Je me lève quand j'ai décidé de me lever. Je me recouche de la même manière. Je n'ai pas de contrainte.

"Je ne sais pas ce que c'est que la contrainte."

Didier Barbelivien

à franceinfo

Qu'est-ce qui vous a d'abord donné envie d'écrire pour les autres ?

Je me voyais plus dans la peau d'Étienne Roda-Gil et de Maurice Vallet que dans celle de Julien Clerc. Je ne me voyais pas interprète, je ne me voyais pas chanter, pas du tout. J'avais envie d'être un auteur, d'imaginer des textes, des chansons, des situations pour toute cette faune qui se présentait à moi, qui correspondait à la chanson française, quelle qu'elle soit. Ça va peut-être vous paraître bizarre, mais j'avais une passion autant pour Aznavour, Nougaro, Ferré, Brassens que pour Claude François, Hervé Vilard, Christophe, Gérard Lenorman, Julien Clerc bien évidemment. Lui, je le mettais tout en haut de l'armoire. J'avais soif de ça et de cette multiplicité d'interprètes, de toute cette variété qui s'offrait à nous.

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Comment en êtes-vous venu à rencontrer Julien Clerc, alors ? Parlez-nous de cette rencontre parce qu'il était tellement important pour vous !

Oui ! En 1976, dans les studios de la rue du Capitaine-Ferber, les studios Ferber, où il enregistrait, je pense, l'album Souffrir par toi n'est pas souffrir et je n'osais pas l'aborder, carrément. Je parlais avec Étienne Roda-Gil, avec Maurice Vallet, mais jamais avec Julien Clerc. Et puis, un soir, on a dîné chez des amis communs et pendant ce dîner, j'ai remarqué qu'il vouvoyait sa femme. Et moi, j'assiste à la partie de ping-pong et je me dis : c'est étonnant de se vouvoyer tout le temps. Je ne dis rien et en rentrant dans la voiture avec ma femme, je commence à la vouvoyer aussi. Elle me dit : "Mais qu'est-ce qui te prend ?" J'ai dit : écoute, on va jouer à Julien Clerc et Hélène Grémillon. Je vais te vouvoyer jusqu'à la maison.

Quand je suis rentré à la maison, je me souviens, j'ai écrit ce texte [À vous jusqu'à la fin du monde] et je me suis dit : demain matin, j'appelle Julien, je verrai bien ce qu'il va me dire. Si ça se trouve, il va me dire : "Mais Didier, n'y pense même pas. Ce vouvoiement, tout ça, c'est dans mon intimité. Je n'ai pas du tout envie d'en faire une chanson". Il m'a rappelé dans l'heure en me disant : "Écoute, je trouve ça formidable. Est-ce que je peux passer chez toi demain matin ? Je veux te chanter ta chanson À vous jusqu'à la fin du monde". Je lui demande s'il a commencé, il me répond : "Non, j'ai fini" et le lendemain matin, Julien Clerc passait à la maison et la jouait sur mon piano pourri. C'est la première fois qu'il jouait là-dessus.

Il y a une autre chanson qui colle à la peau de Julien Clerc, c'est Mademoiselle.

Moi qui connais tout Julien Clerc, évidemment, je suis enclin à lui chercher des sujets nouveaux. Et je me demande : qu'est-ce que Julien n'a pas abordé puisque tous ces interprètes ont forcément des choses intimes à dire, d'autant plus quand ils n'écrivent pas ? Et l'idée de rendre hommage au corps enseignant lui allait bien.

"Julien Clerc était très ému en lisant le texte de 'Mademoiselle'."

Didier Barbelivien

à franceinfo

C'est un clin d'œil à une institutrice.

Il me dit : "C'est vrai qu'on a tous eu une demoiselle comme ça, dans le cœur, à qui on doit tout et à qui on ne le dit jamais". Ou un professeur masculin. En fait, c'est vrai que tous nos formateurs, on leur doit énormément et malheureusement, on a pu les oublier.

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