"J'aime bien quand tout le monde est heureux " : les confidences du chanteur Voyou, en tournée dans toute la France
Voyou est considéré comme le nouvel enfant terrible de la chanson française depuis la sortie de son premier album : Le bruit de la ville en 2019. Au départ, il était bassiste notamment des groupes Elephanz, Pégase et Rhum for Pauline. Depuis 2019, il est donc chanteur et musicien multi-instrumentiste, il compose, arrange pour les autres comme Yelle, Vincent Delerm. Le 24 février 2023, sortait son deuxième album : Les Royaumes minuscules. Il est en tournée dans toute la France.
franceinfo : Les royaumes minuscules est un disque que vous avez construit avec sensibilité et surtout avec une chaleur communicative.
Voyou : Je pense, oui. En tout cas, moi, j'aime bien quand ça se passe bien avec les gens, quand tout le monde est heureux et d'essayer de mettre des bonnes vibrations entre les gens. Et ça vient aussi probablement de la musique que j'ai l'habitude d'écouter, qui est souvent très chaleureuse et qui est plutôt faite pour rassembler les gens plutôt que pour les séparer ou pour parler de soi.
Cette musique vous a toujours accompagné ?
En fait, oui, j'écoute vraiment beaucoup de musique au quotidien. J'ai toujours besoin de découvrir de nouvelles choses, des choses qui viennent de plein de pays différents, de plein d'époques différentes même et de plein de styles différents. Je ne sais pas, j'ai l'impression que c'est ma manière à moi de faire de la sociologie où j'essaie de comprendre les gens, de comprendre le monde, de comprendre comment sont les gens dans des périodes, dans des moments de l'histoire.
La musique est un bon moyen d'ancrer les gens dans le temps et de raconter une période.
Voyouà franceinfo
Vous êtes né Thibaud et avez grandi à Lille.
Oui, dans les banlieues lilloises et populaires.
La musique est entrée dans votre vie d'abord par le biais du Conservatoire et après, il y a eu des orchestres, des bars. Cette musique était évidente dans votre avenir, qui aujourd'hui est devenu votre présent ?
Disons que pour moi, c'était assez évident que j'allais faire ça parce que je le fais depuis toujours. Et surtout, je n'ai jamais voulu faire autre chose que ça. C'est-à-dire que quand j'ai eu le bac, je suis parti tout de suite faire des tournées avec des groupes, en tant que musicien. Et j'ai commencé aussi tout mon travail de recherche sur la musique en écoutant énormément de choses, en essayant de m'imprégner de toutes les cultures musicales possibles et inimaginables. Je pense que j'ai toujours voulu faire ça. Après, je ne me suis jamais posé la question de comment il fallait que je le fasse. J'ai toujours essayé de faire le plus naturellement possible et du coup, j'ai l'impression que c'est assez naturel, le fait d'être là aujourd'hui, en tout cas de pouvoir faire de la musique. Le fait que les gens l'écoutent, c'est encore autre chose, mais voilà !
Vous n'avez jamais cédé à rien. Quand vous ne voulez pas faire quelque chose, vous ne le faites pas.
Je n'ai pas spécialement envie de faire des choses que je n'ai pas envie de faire.
L'art, c'est un endroit, un espace de liberté énorme et j'ai un peu de mal avec l'idée d'être contraint, mais c'est peut-être ça qui fait que je suis un voyou finalement. On ne peut pas me forcer la main à essayer de faire une musique qui n'est pas celle que je sais déjà faire ou encore celle que j’ai envie de faire.
Voyouà franceinfo
Je fais aussi de la musique pour montrer tout l'amour que j'ai pour la musique, alors ça serait débile d'aller casser ça et d'aller faire des choses que je n'ai pas envie de faire.
Dans Les Royaumes minuscules, il y a 11 titres que vous avez effectivement bâtis. Il y a des royaumes de trois minutes que vous avez composé, écrit et arrangé. Est-ce que le fait de vous retrouver seul est un processus de création ?
Le fait d'avoir été très longtemps dans des groupes de musique où j'essayais de proposer des choses, et où j'étais assez vite frustré parce que je faisais face à d'autres egos et à d'autres manières de penser la musique, ça m'a vachement donné envie de maîtriser tous les instruments possibles pour pouvoir enregistrer moi-même. Pour avoir à chaque fois exactement ce que je voulais et être capable d'écrire, de composer et d'arranger les morceaux pour avoir un résultat final, même s'il n'est pas parfait qui s'approche le plus de ce que j'ai dans la tête.
Vous êtes malin parce que vous nous livrer des choses, mais en même temps, vous gardez cette pudeur et on a l'impression que c'est important pour vous de garder ce jardin secret.
C'est parce que je pense que je suis quand même très pudique. Quand je parle de moi à la première personne, j'essaie quand même de créer des espèces de barrières entre ce que je raconte et la réalité, en mettant beaucoup d'images. Par exemple, un morceau comme Les insectes sur cet album, je raconte un truc qui est un peu crado, un peu étrange et à la fois, ça me permet de ne pas trop prendre au sérieux ce que je ressens et de pouvoir le passer à travers d'autres choses.
Donc les pieds sur terre, mais la tête dans les étoiles ?
C'est un peu ça.
Voyou au grand cœur !
Les pieds dans la boue même et la tête dans les étoiles !
Je voudrais juste terminer sur la tournée. Le fait de monter sur scène, c'est aussi une façon de rencontrer votre public de plus en plus nombreux et de profiter de ce tête-à-tête avec eux ?
La tournée, c'est un peu ma vie. Je fais ça depuis que j'ai 14 ans et il se trouve que j'ai eu une opération des cordes vocales juste avant les confinements et après, il y a eu le Covid, ce qui fait que j'ai été privé de tournée pendant hyper longtemps et là on repart. Du coup, je suis excité comme une puce. En plus de ça, c’est avec une équipe trop bien avec laquelle, c'est encore une autre manière de faire de la musique et qui est vraiment le truc que je fantasme depuis hyper longtemps, c'est de pouvoir faire un live où il n'y a pas de matière électronique, dans lequel il n'y a que de vrais instruments qui jouent. On va pouvoir faire de la musique dans la vraie tradition, sur scène on peut faire durer tout ce qu'on veut, autant de temps qu'on veut, on peut même improviser. Il y a des moments qui sont assez jazz, des moments qui sont un peu plus variété. Ça va être assez réjouissant de pouvoir faire vraiment de la musique en se passant complètement des machines.
Voyou sera en concert, par exemple, le 24 mars 2023 à Lyon, le 1er avril à Lille, le 14 à Nantes, le 10 mai à Mérignac, le 16 à Paris, le 15 juillet aux Vieilles Charrues à Carhaix etc…
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