"Fragile", "On fait le show", "À nos héros du quotidien" : Soprano raconte la genèse de ses chansons
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Cette semaine, un invité exceptionnel, le chanteur, rappeur et compositeur, Soprano. Il se livre en remontant le temps avec cinq de ses chansons incontournables.
Soprano, chanteur, rappeur et compositeur, est devenu en quelques années un incontournable de la scène urbaine et de la variété française. Le symbole que tout est possible si on garde la passion et l'envie comme seuls moteurs.
Il passe cette semaine sur franceinfo et évoque son enfance dans les quartiers Nord de Marseille, son groupe Psy 4 de la rime, sa rencontre avec Akhenaton d’IAM ou encore sa carrière solo sans jamais se départir de son sourire et de son regard bienveillant sur le monde qui l’entoure.
Plus de trois millions de disques vendus, plus d'un million de spectateurs lors de sa dernière tournée. Une série lui est même consacrée sur Disney + depuis le 15 juin dernier. Six épisodes pour mieux comprendre qui est Soprano, comment il a grandi et percevoir son lien indéfectible avec la ville de Marseille qui a joué un grand rôle dans son processus de création et d'écriture.
Son dernier album, Chasseur d'étoiles, est ressorti augmenté de trois titres inédits.
franceinfo : Vous soutenez de nombreuses causes. Vous êtes ambassadeur d'Unicef France. Vous participez à la construction d'écoles aux Comores, vous avez d'ailleurs créé une Fondation. Il y a Marseille aussi ! Que représente cette ville dans ce parcours ?
Soprano : J'adore Marseille, j'aime les gens, j'aime la mentalité, j'aime la façon dont les gens se soutiennent. J'aime les coups de gueule marseillais. J'aime les blagues marseillaises. Je me souviens même d’un concert au fin fond du Canada. La moitié de la salle avait des maillots de l'OM, j'étais mort de rire, je m'étais dit : jusqu'ici ! C'est vrai que ça me suit, mais j'en suis fier.
"Marseille, c'est ma colonne vertébrale. J'y suis né, j'espère y être enterré."
Sopranoà franceinfo
Il y a des choses qui vous font mal, notamment le harcèlement scolaire. Vous y avez consacré une chanson qui s'appelle : Fragile. Cette chanson a permis à beaucoup de jeunes de prendre conscience que ça ne devait plus être un tabou que de dire qu'on était harcelé scolairement. Cette chanson vous colle à la peau ?
Elle fait partie de moi. Je l'ai écrite parce que ma fille rentrait au collège. Et comme on se le dit souvent avec mes amis, on se rappelle de la violence indirecte que le collège peut avoir sur toi si tu n'es pas solide. Et j'avais vraiment peur parce que mes enfants sont en plus, les enfants 'de'. Je ne voulais pas les mettre en école privée, je voulais qu'ils vivent dans une école publique, qu'ils aient une vie normale.
À l’époque, quand j'étais sur les réseaux sociaux, maintenant je n'y suis plus trop, j'essayais de prendre du recul, pour pouvoir vivre une vie plus réelle que virtuelle, pour me protéger ainsi que les miens. Je voyais beaucoup de jeunes qui étaient harcelés. Juste une photo et hop, une rafale de commentaires débiles. Il y a eu plein d'histoires, des jeunes qui ont soufferts de ça, qui se sont suicidés. Et quand on a écrit cette chanson, j'ai vu l'impact que ça a eu auprès de beaucoup et j'ai vu plein de "covers" sur Internet de gens qui chantaient cette chanson pour eux. Ce n'était plus ma chanson, c'était leur chanson et j'étais content.
Dans les chansons que vous avez écrites aussi pour les autres, il y a : On fait le show que vous avez interprété notamment pour les Enfoirés. Grosse fierté puisque votre famille a, effectivement, bénéficié des Restos du cœur. Aujourd'hui, vous êtes l'un des piliers des Enfoirés. Ça fait partie de la transmission de ce que vos parents vous ont donné ?
Oui, oui, oui. Ma mère ne fait qu'adopter des gens à la maison. La dernière fois, j'y suis allé et il y avait quelqu'un alors je lui ai demandé qui c'était. Elle m'a répondu : "Il était là et je l'ai vu en galère. Et je lui dis reste là, on a une chambre en plus". Je pense que c'est quelque chose qu'elle nous a transmis à mes frères et moi. Au début, quand j'étais plus jeune, je ne comprenais pas, mais aujourd'hui, je trouve qu'elle a un cœur extraordinaire, c'est un truc de fou.
"De pouvoir contribuer aux Enfoirés, c'est rendre un peu tout ce qu'on me donne, l'amour qu'on me donne car tous les jours on me dit : 'Ouais, Sopra, la musique que tu fais, les messages que tu donnes, ça nous touche'."
Sopranoà franceinfo
Et quand on m'a appelé pour écrire la chanson, j'ai répondu : oui, je vais essayer de faire un morceau qui soit le plus ouvert possible, en espérant qu'il marche le plus possible avec un refrain qu'on pourra chanter en concert. Je sais que ce ne sera jamais au niveau de la chanson de Jean-Jacques Goldman qui est tellement forte, mais si ça peut apporter de l'argent aux Restos, on est contents.
C'est ce que vous avez fait d'ailleurs avec À nos héros du quotidien. Vous avez totalement dédié cette chanson au personnel soignant et à toutes celles et ceux qui ont pris soin des autres. C'est une chanson qui a apporté de la fraternité à un moment donné où beaucoup ont perdu l'espoir. Beaucoup ont perdu la vie aussi parce que la maladie les a emporté et malheureusement, votre père en fait partie. Cette chanson est un symbole aussi de l'importance de faire attention aux autres ?
Mais oui. À la base, je l'avais écrite avant le Covid parce que j'avais vu des manifestations. C'était la période des gilets jaunes. J'avais entendu un papa, une infirmière qui m'avaient touché. Ça m'a tellement touché que je me suis dit : ce sont eux nos héros ! Ce sont ceux qui se sacrifient, en silence, tous les jours pour qu'on ait un meilleur quotidien. J'ai donc voulu leur dédier cette chanson.
Le Covid est arrivé et c'est là, où, on a pris conscience de la chance d'avoir ces héros du quotidien tous les jours, qui se battent à l'hôpital pour essayer de nous aider contre cette maladie qui nous a confinés. J'avais fait un post pour les remercier pendant le confinement et d'un coup ça avait pris de l'ampleur. Toutes les radios ont commencé à passer la chanson à 20h, tout le monde était sur le balcon avec cette chanson pour les applaudir. C'était vraiment sincère quand je l'ai fait, je me suis dit : les gens écoutent mes textes, donc j'étais content que ces infirmiers puissent entendre qu’ils étaient des héros.
Soprano sera en concert en 2023 : le 13 février 2023 à Epernay, le 24 à Toulon, le 25 à Montpellier, le 4 mars à Amnéville, les 11 et 12 à Nantes, le 17 à Châteauroux, les 18 et 19 à Dijon ou encore le 6 mai au Stade de France à Saint-Denis.
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