Cet article date de plus de quatre ans.

Akhenaton et Shurik’n du groupe IAM : ''On est toujours émerveillés par ce qui nous arrive"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, ce sont Akhenaton et Shurik’n, deux des cinq membres du groupe de rap marseillais IAM. Après 32 ans de carrière, dix albums studio et des milliers de concerts, ils se livrent dans un livre autobiographique, "Entre la pierre et la plume", paru chez Stock.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Philippe Fragione aka Akhenaton and Geoffroy Mussard aka Shurik'n, le 20 juillet 2018, à Carhaix-Plouguer, aux Vieilles Charrues. (FRED TANNEAU / AFP)

IAM, considéré comme un des groupes pionniers du hip-hop français, sévit dans nos oreilles depuis 1988. On découvre dans l'autobiographie Entre la pierre et la plume (Stock) que dès le départ, ce qui motive les membres du groupe, c’est de faire de la musique. Cette longévité, Shurik’n la savoure, d’autant plus qu’aucun plan sur la comète n’a été élaboré du haut de leurs 17 ans : "Nous, le souhait à la base, c’était de faire un album donc on est toujours émerveillés par ce qui nous arrive. On profite pleinement de cette chance." Son acolyte complète ses propos en ajoutant que l’aventure c’était de faire de la musique mais comme ils l’entendaient : "Cette liberté-là dans la création est un luxe."

Ça n’a pas été sans dégâts mais on a toujours assumé nos positions, nos décisions, et même si certaines se sont avérées, on va dire, néfastes pour le groupe, on a toujours assumé et surtout on s’est toujours relevés.

Shurik'n

à franceinfo

Cette longévité trouve peut-être sa source dans ce sigle "IAM" qui revêt de nombreuses significations pour chacun des membres dont "Je suis" mais "dans le groupe", et qui nourrissent leurs textes. Akhenaton précise au micro d’Elodie Suigo : "C’est le fait d’exister et d’affirmer son existence dans un collectif. C’est un peu le principe inverse de ce qu’il y a aujourd’hui, c’est qu’aujourd’hui l’individualisme dans la société actuelle prime sur toute chose."

Cette formation de potes n’a rien perdu de son âme depuis trois décennies. Ils n'ont pas perdu non plus cette constance dans leurs mots pour décrire leur vision du monde. Leur créativité est une marque de fabrique de leur humilité, cette façon d’être soi-même dans le respect des autres dans un monde qui change inexorablement : "Les limites qu’on a, ce sont les limites de l’éducation, de ce qu’on perçoit de l’être humain avec nos valeurs. On n’a jamais franchi le pas de la provocation gratuite pour faire de la provoc’ et faire du buzz."

On préfère avoir du caractère que 140 caractères

Akhenaton

à franceinfo

Leur prose a souvent été taxée d’intello. C'est flatteur, mais Akhenaton modère : IAM ce sont des textes spirituels mais c'est aussi l'art et la manière de jouer avec l’autodérision et l'humour, même si le second degré n’est plus à la mode. Au-delà de la musique, le travail d’écriture est primordial et pour Akhenaton, "le prolongement de notre bras". Shurik’n surenchérit : "C’est le tapis volant sur lequel on évolue depuis maintenant 30 ans."

Evoluer, se remettre en question tout en restant fidèles à leurs principes, c’est le crédo d’IAM, une sorte de contrat de conscience qui les anime depuis leurs débuts. "On préfère avoir du caractère que 140 caractères", lâche Akhenathon.

Ce contrat de conscience, c’est quand son sort un album ou qu’on fait un spectacle : est-ce qu’on peut assumer ce qu’on fait, ce que l’on crée et ce que l’on dit ? Je pense que ça a été le leitmotiv qui nous a accompagné tout au long de notre carrière.

Akhenaton

à franceinfo

Ce contrat moral reflète leur souci de justesse au fil de leurs albums. Ils évoquent leur environnement proche. Pour eux, un seul morceau semble leur avoir échappé : Je danse le Mia (inclus dans l'album Ombre est lumière,1993).

"Être conscient que ce que l’on écrit, ce que l’on fait, ça doit nous correspondre et on doit pouvoir le défendre", indique Akhenaton. Face au succès de cette chanson, il y a eu comme une sorte de "gêne" : "C’est le seul exemple de morceau qui nous a glissé des mains. On le percevait d'une certaine manière mais avec le succès, il a été perçu d’une autre manière. C’est presque un morceau d’une génération alors qu’on l’imaginait comme un morceau régional."

Pour écouter l’interview en longueur de ces deux quinquagénaires très complémentaires, c’est juste en dessous :

Akhenaton et Shurik’n dans Le monde d'Elodie - le 29 octobre 2020

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.