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De "La grande bouffe" aux Flâneries d'art contemporain : Andréa Ferréol fière d'avoir osé

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, la comédienne Andréa Ferréol.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
La comédienne Andréa Ferreol à Bastia (Haute-Corse) le 6 octobre 2015 (OCEANE BALDOCCHI / MAXPPP)

Comédienne et présidente de l'association Aix-en-Œuvres, Andréa Ferréol est une figure incontournable de grands films telles que La Grande bouffe de Marco Ferreri (1973) ou encore Le dernier métro pour lequel elle a été nommée aux César du meilleur second rôle en 1981. Elle a créé les Flâneries d'art contemporain dans les jardins aixois, dont la quinzième édition se déroulera les 26 et 27 juin.

franceinfo : L'idée des Flâneries est de prendre les promeneurs par la main et de leur faire découvrir des œuvres.

Andréa Ferréol : Cette année, il y a 19 exposants mêlant peinture, sculpture, photographie, bijoux et bien sûr, il y a de la musique et de la littérature. Quasiment tous les arts sont représentés.

Les Flâneries, c’est d'abord faire découvrir des jardins privés qui sont quand même l'âme d'Aix-en-Provence et puis j'y mets des œuvres.

Andréa Ferréol

à franceinfo

C'est important pour vous, la musique ?

Je vis avec de la musique, surtout de l'opéra et de la musique classique tous les jours. Je connais plein d'opéras par cœur. Je chante des airs avec Pavarotti, mais très mal. Il ne faut pas oublier qu'en 1948, Gabriel Dessurget créé le Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence.

Quand j'ai eu dix ou douze ans, mes parents m'ont fait découvrir ce festival. Là, j'ai dit, je veux être chanteuse d'opéra, cheffe d'orchestre. Je n'ai rien fait de tout ça, mais cela m'habite depuis que je suis toute petite, c'est important.

Pourquoi la comédie, ce métier d'actrice ?

Dans la vie, les gens disent qu'il n'y a pas de hasard. Moi, je pense qu'il y a des hasards. Quand j'étais aux Beaux-Arts, une amie me dit : "Tu ne viendrais pas avec moi aux cours de théâtre de Martial Rèbe à Aix-en-Provence ?" J'ai dit "Oui, je t'accompagne". Elle en est repartie très vite et moi, j'y suis restée.

C'est Jean-Laurent Cochet, un professeur d'art dramatique très connu qui va prendre soin de vous. Il a aussi repéré des comédiens comme Gérard Depardieu, Fabrice Luchini, Danielle Darrieux. Que vous-a-t-il le plus appris ?

Moi, je l'ai rencontré au Festival d'art lyrique, on a sympathisé et je suis venue à Paris pour son cours. Et là, j'ai passé une scène. Je n'avais travaillé qu’avec Martial Rèbe et Martial Rèbe, c’était Gaston Baty, Louis Jouvet, Charles Dullin, un jeu à l'ancienne. Quand il a vu ça, il m'a dit : "C'est formidable" et il m'a laissé deux mois sur le banc à écouter les autres. Après, il m'a donné une fable ou deux à travailler. Et quand j'ai eu compris la note, j'ai pu travailler des scènes. Il m'a redonné vie, de l’authenticité, de la modernité.

Et puis, il voulait visiter la Camargue. J'ai pris la voiture de mes parents et lui ai fait visiter la Camargue. Il y avait vraiment une relation un peu plus amicale que simplement professeur-élève. Je lui dois beaucoup parce que sinon, je ne sais pas comment j'aurais joué aujourd'hui.

Vous avez eu du mal à vous faire confiance ?

Oui. Quand je suis arrivée à Paris, tous les matins, je me levais tôt et j'allais taper aux portes des théâtres. Alors, bien sûr, la porte me claquait vraiment souvent au nez et puis, il y en a un qui a dit : "Pourquoi pas. Il y a une tournée qui se prépare. Vous allez faire un petit rôle, mais vous ferez aussi habilleuse". Et donc, voilà, il fallait que je travaille. Je voulais travailler et j'ai essayé de ne jamais m'arrêter de travailler. Et je n'ai pas envie de m'arrêter de travailler.

Comment vous avez vécu la sortie de La grande Bouffe en 1973 ? C'est un film incontournable qui a été très controversé au début.

Quand je l'ai fait, je ne me rendais absolument pas compte que ça allait être ce film-là. Et puis, il explose à Cannes avec le scandale pour ou contre, et malgré tout, je ne peux pas renier ce film.

Je ne renierai jamais le film ‘La grande bouffe’. Il a fait ma carrière, il a fait ma vie et m'a ouvert les portes de tout le cinéma européen.

Andréa Ferréol

à franceinfo

Il y a eu Les galettes de Pont-Aven (1976 )et puis Le dernier métro de François Truffaut. C'est un film qui va, j'ai l'impression, vous permettre de grandir.

Oui, absolument. Ce qu'a permis Le dernier métro, c'est qu'on ne me parle plus de La grande bouffe. Entre 1973 et 1980, c'était tout le temps et puis il arrive et là, c'est comme si on tournait une page avec moi. C'était vraiment formidable.

Vous avez passé les dix dernières années de la vie d'Omar Sharif à ses côtés. Sa disparition vous a fait revenir à l'essentiel ?

Les deux dernières années de sa vie étaient très difficiles parce qu'il avait un début d'Alzheimer et perdait ses repères. Et tu sentais qu'il avait un besoin énorme de quelqu'un sur lequel s'appuyer. Bon, j'ai été là, mais c'était terrible parce que je pense que vraiment, la dernière année de sa vie a été terrifiante, très dure pour lui.

Quand on était devant Omar Sharif, on était devant le charme absolu.

Andréa Ferréol

à franceinfo

C'est une belle histoire d'amour.

C'était une histoire d'amour extraordinaire. 

Vous avez été nommée deux fois aux César, vous avez reçu le prix Reconnaissance des cinéphiles pour l'ensemble de votre carrière. Quel regard avez-vous sur ce parcours ?

Je trouve que j'ai fait un parcours formidable, j'ai eu beaucoup de chance. Beaucoup de travail, c'est vrai. Mais je crois que dans la vie, il faut oser les choses. Et quand on m'a proposé de faire La grande bouffe et de prendre du poids soit 25 kilos, j'ai dit oui parce que je suis un peu folle. Et je pense que c'est cette folie qui a fait que tout d'un coup, les choses ont démarré. J'ai osé. Quand on est comédien, il faut oser.

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