Clovis Cornillac incarne Claude Monet au théâtre : "Je ne regarde plus la lumière de la même manière"
Au départ, pour Clovis Cornillac, il y a eu la transmission du verbe et du jeu par ses parents, puis un coup de foudre pour les planches qui lui a donné envie de quitter la maison à seulement 14 ans. De Karnaval de Thomas Vincent en 1998 à Un p'tit truc en plus d'Artus, qui vient de dépasser les 12 millions d'entrées, il a obtenu un César en passant, pour le rôle de Kevin dans Mensonges et trahisons et plus si affinités de Laurent Tirard en 2004.
À compter de jeudi 12 septembre, du mardi au samedi, il sera à l'affiche de la pièce de théâtre Dans les yeux de Monet au Théâtre de la Madeleine. En plein 1892, Claude Monet traverse une période sombre lorsqu'il arrive à Rouen avec ses pinceaux. Il est logé au-dessus d'une boutique de lingerie avec pour objectif de peindre la cathédrale.
franceinfo : Cette année 2024 va marquer les 150 ans de l'impressionnisme. C'était important pour vous de pouvoir incarner ce personnage ?
Clovis Cornillac : Je n'ai pas cette prétention et le fait que ça arrive aux 150 ans est hasardeux. Il n'y a pas de calcul. C'est quelque chose qui s'est mis en place comme ça. Alors, peut-être que toutes les planètes s'alignent de temps en temps, mais c'est surtout une trajectoire, une pièce que je trouve très bien écrite, très bien faite aussi dans l'aspect "spectaculaire". On offre du spectacle, mais pas stupide et pas didactique. Il s'agit d'arriver à rentrer dans une aventure visuelle, forte d'intentions, forte de rebondissements, pour offrir un accès à des personnages comme Monet qui rayonnent sur d'autres.
Claude Monet, en 1892, est dans une période très compliquée. Il ne sait plus vraiment où il en est. Il est en quête d'argent et cet argent, il le dépense dans des choses un peu inutiles. Mais il y a cette série qu'il a en tête, des cathédrales avec des angles différents, des lumières différentes.
Effectivement, il y a plein d'aspects dans le travail qu'il a effectué à ce moment-là... Je reconnais que je ne regarde plus la lumière de la même manière.
"Claude Monet a un rapport assez dément à la lumière et à l'instant où tu approches ça, tu te dis : ‘mais il y a de quoi devenir fou’ !"
Covis Cornillacà franceinfo
Vous avez toujours fonctionné à l'instinct.
Je l'écoute. Cela ne peut pas être suffisant. Mais s'il n'y a pas quelque chose d'instinctif au départ, je me méfie notamment de moi-même. Du coup, tu ne regrettes jamais ce que tu fais. Je n'ai jamais été dans la posture de me dire : oui, ceci est raté. Quand c'est raté, c'est autant de ma faute que celle de ceux qui me l'ont proposé.
Est-ce que ce que vous avez déjà réalisé, vous a permis et vous permet davantage de vous connaître et d'avancer, de grandir en quelque sorte ?
Je n'ai jamais eu le sentiment de ne pas être moi. Et puis le fait de fabriquer des films, c'est une mise à nu très secrète. Cette notion d'être absolument tout nu parce qu'on donne absolument tout dans un cadre, un plan, un mouvement de caméra, un costume, une lumière, à chaque fois, ça raconte quelque chose de très personnel. C'est comme une exposition, ça oblige à creuser pour soi. Cette histoire de théâtre avec Monet te change. C'est-à-dire qu'à chaque fois, il y a des petits éléments qui creusent. Je parlais de la lumière, c'est vrai que je regarde presque par réflexe et je me dis qu’avant je n'avais pas forcément ce regard-là. Je regardais et je me disais : tiens, ce paysage est très chouette, ou cette personne avec cette lumière, c'est assez joli, mais maintenant, j'ai comme un réflexe de me dire : c'est maintenant et c'est comment ?
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