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Cinéma : les confidences touchantes de Kad Merad sur son père et ses origines algériennes

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l‘acteur, humoriste, réalisateur et scénariste, Kad Merad. Il est à l'affiche du film de "Citoyen d'honneur" de Mohamed Hamidi, le mercredi 14 septembre.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 272 min
Kad Mérad (RADIO FRANCE / JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT)

Kad Merad est acteur, humoriste, réalisateur, et scénariste franco-algérien. C'est son duo avec Olivier Baroux qui lui a permis d'être adopté par le public. Découvert à la radio puis à la télé et au cinéma avec les films Les Choristes (2004) de Gérard Jugnot, Bienvenue chez les Ch’tis (2008) de Dany Boon, il obtient même le César du meilleur second rôle pour Je vais bien, ne t’en fais pas de Philippe Lioret, en 2007. Ce mercredi 14 septembre, Kad Merad sera à l'affiche du film de Citoyen d'honneur de Mohamed Hamidi.

franceinfo : Vous êtes Franco-Algérien et c'est vraiment le cœur du sujet de Citoyen d'honneur.

Kad Merad : Alors, je ne peux pas dire que je suis Franco-Algérien, parce que je n'ai rien donné à l'Algérie. Moi, je suis né là-bas, et j’en suis parti à l'âge de deux ans. J'adore ce pays. J'adorais y aller en vacances, mais je n'ai rien donné à ce pays. Pour dire qu'on est Algérien, il faut quand même y avoir fait quelque chose. J'ai construit des choses en France, j'ai payé des impôts en France. Je suis un Français qui est d'origine algérienne par mon père. Par contre, si demain je faisais quelque chose en Algérie, je pourrais prendre la nationalité algérienne, en tant que natif d'Algérie. Mais ce n'est pas si simple que ça. Ça se mérite quand même, la nationalité algérienne.

Quand on regarde bien, vous avez toujours eu une carrière un peu rock'n'roll...

Je ne suis même pas loin d'être punk quelquefois même parce que j'ai fait beaucoup de musique et je continue. C'est vrai que ça me définit bien.

J'aime bien l'idée d'être un peu comme le rock, un peu libre en fait.

Kad Merad

à franceinfo

Libre, vous l'êtes à travers ce film, Citoyen d'honneur. C'est vrai qu'il y a quand même une caisse de résonance avec votre histoire. On voit l'image du père qui apparaît. Que vous a-t-il transmis ?

Beaucoup de respect envers qui que ce soit. Malheureusement, il est parti il n'y a pas si longtemps. C'est toujours un peu douloureux pour moi d'en parler. Mais bon, il va bien falloir que j'en parle, surtout avec ce film, forcément. Il ne l'a pas vu et ça, c'est une première douleur, quand même. Je lui avais dit : je vais raconter l'histoire d'un Algérien d'origine qui va revenir chez lui après toutes ces années. Mon père aurait pu vivre cette histoire, en fait et il aurait pu être ce Samir Amin à qui on proposait d'être citoyen d'honneur et revenir comme ça dans ce petit village. Alors lui, il est né à Tlemcen. En fait, il m'a transmis son histoire. Il m'a transmis, ainsi qu'à mes frères et sœurs, pas mal de roustes, des beignes aussi. C'était dur, mais je n'ai pas reproduit ! J'ai fait l'inverse ! Non, il m'a transmis une vraie autorité, une forme de politesse et en même temps, il m'a transmis, j'espère, je crois, le sens de l'humour.

Dans ce film, il y a aussi un hommage qui est rendu à la littérature, à la force des mots, au pouvoir des mots, à l'importance de la liberté d'expression. C'est aussi de ça dont il s'agit. C'est vrai que l'école n'était pas du tout votre truc, mais j'ai l'impression que ce sont les mots à travers le théâtre qui vous ont permis d'être l'homme que vous êtes aujourd'hui.

Mais complètement. J'ai eu la chance enfin de pouvoir apprécier les mots de Molière, de Racine, de Victor Hugo grâce au théâtre.

Les planches sont donc un élément fondateur de ce parcours.

Complètement. Mais j'ai fait d'abord beaucoup de scènes.

Le cinéma, c'est presque un hasard de la vie.

Kad Merad

à franceinfo

Ensuite, vous avez enchaîné effectivement avec ce César.

Oui. Les choristes m'emmènent à Je vais bien, ne t'en fais pas et en même temps, j'ai écrit mon premier film avec Olivier : Qui a tué Paméla Rose ?

Bienvenue chez les Ch'tis va évidemment être un raz-de-marée pour vous. Dans votre nouveau film, on parle d'un écrivain célèbre qui revient au pays dans son village natal, qui est un peu blasé par le système, par le succès aussi. Comment avez-vous géré votre succès ?

Maintenant, avec du recul, je me dis que ce n'était pas forcément la chose la mieux qui pouvait m'arriver. J'en ai profité professionnellement, financièrement. Une boulimie de travail, un tsunami de travail, je n'en pouvais plus et en même temps, j'adorais ça. J'ai grandi avec un père qui partait bosser tous les matins et qui rentrait tous les soirs. Moi, je n'avais pas envie de m'arrêter, je voulais travailler. J'aime ça. Ça aussi, mon père m'a transmis cette notion de mérite et de travail, alors ça n'a pas forcément fait que du bien autour de moi. Et puis surtout, ça vous met dans une catégorie. Moi, j'aimerais bien être l'acteur prometteur et je suis devenu incontournable. Donc forcément il y a les critiques. Vous êtes attaquable très vite parce que vous avez fait 20 millions d'entrées. Vous serez toujours cet acteur qui est peut-être gâté, peut-être trop vite gâté. Heureusement que j'ai commencé à 40 ans, donc je n'ai pas eu de problèmes psychologiques, moraux. Je n'ai jamais fait de dépression, mais par contre j'ai senti beaucoup de jalousie, pas du public, mais beaucoup de la profession.

Ce film est un film d'espoir.

J'ai l'impression, oui.

C'est un regard positif sur la vie.

C'est totalement vous ! C'est totalement moi. C'est celui qui a de l'espoir mais qui n'a aucune solution. C'est beau de voir les artistes s'exprimer, s'offusquer, mais qu'est-ce qu'on fait, en fait ? On a la parole, mais moi, j'aimerais bien qu'on accompagne cette parole par des actes. Et je vous avoue que j'ai fait beaucoup de politique sur Canal+ pendant des saisons et parfois j'aimerais bien être ce personnage qu'était Philippe Rickwaert dans Baron noir. J'aimerais bien être cet homme, c'est-à-dire être capable de dépasser mes paroles.

Kad Merad, président !

Écoutez… N'en parlez pas à Emmanuel Macron…

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