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Chantal Goya, toujours sur scène à 80 ans et bientôt dans une bande dessinée : "Ma vie, c'est une aventure depuis le départ"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, la chanteuse, Chantal Goya. Elle donne les deux dernières représentations de son spectacle "Le soulier qui vole", les 8 et 9 octobre prochains au Palais des Congrès, à Paris.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Chantal Goya à Montpellier (Hérault) le 13 décembre 2021 (SYLVIE CAMBON / MAXPPP)

Chantal Goya est une chanteuse emblématique, atypique, qui touche plusieurs générations. Au fil du temps, elle est devenue une madeleine de Proust pour une partie de ses fans, un personnage féerique pour les plus jeunes. Elle sera au Palais des Congrès, à Paris, les 8 et 9 octobre prochains, pour les dernières représentations de son spectacle, Le soulier qui vole.

Une bande dessinée lui étant consacrée sortira aussi en octobre prochain et dès le 23 octobre, elle reprendra la route pour 24 dates avec son spectacle Sur les routes enchantées.

franceinfo : Vous fêtez vos 80 ans, ce vendredi 10 juin 2022. Vous détestez qu'on vous le souhaite, mais quand même 80 bougies, ça se fête !

Chantal Goya : Non, non, Jean-Jacques (Debout, son mari, NDLR) dit toujours : "Avec ce que les bougies coûtent, il vaut mieux ne rien fêter !" Non, moi je ne suis ni anniversaires ni fêtes.

40 millions de disques vendus, vous êtes la seule artiste de votre génération à remplir près de 40 Zénith par an et à afficher complet au Palais des congrès. Que représente cette carrière, sachant que vous continuez à prendre toujours autant de plaisir, à avoir toujours autant d'énergie pour monter sur scène ?

C'est vrai que j'ai une énergie débordante et que c'est un petit peu mon problème. Ma façon d'être, c'est de toujours donner. Personnellement, je ne pense jamais à moi et c'est vrai que cette carrière est invraisemblable parce qu'elle n'a jamais été programmée dans ma tête.

"Les spectacles sont mon plus grand bonheur parce que je donne au public tout ce que j'ai en moi."

Chantal Goya

à franceinfo

Vous commencez en étant repérée par les plus grands, pour faire du cinéma. Vous avez notamment tourné pour Jean-Luc Godard, mais vous étiez convaincue d'une chose, après la rencontre avec Jean-Jacques Debout, c'est que vous étiez faite pour la chanson pour les enfants.

Oui, c'est vrai que Jean-Jacques Debout avait repéré mon double, cette partie qui était enfouie en moi et qui était proche des enfants, qui était faite pour faire de la scène et communiquer. Je crois que c'est ça que le public a aimé en moi, cette communication vraie. Ce sont, aussi, des rencontres merveilleuses avec des personnes et ce public, surtout, qui m'a faite. C'est le public, pour moi, qui était le plus important.

Votre succès vient, effectivement du public, de son adoption, mais surtout de la force de votre couple avec Jean-Jacques Debout, il y a une complicité. Dès le départ, lui savait. Vous le saviez aussi ?

Non. Quand je l'ai rencontré, il m'avait dit : "On se mariera, on aura deux enfants. Vous serez célèbre à 30 ans", je me disais : il est complètement fou celui-là ! Moi, tout ce que je veux, c'est qu'il me ramène à la maison, déjà très pragmatique, c'est-à-dire qu'il me ramène en voiture, que je ne prenne pas le métro à minuit et que je rentre chez moi, et puis ciao ! Puis j'ai appris à le connaître et à savoir qui il était par moi-même, pas à travers lui. Moi, je suis celle qui va être sur scène, donner tout ce qu'il m'a appris, et lui, il a appris par les plus grands, donc je ne peux pas avoir plus grand professeur, plus beau pygmalion. Jean-Jacques et moi sommes complémentaires.

Que représente votre voix pour vous ?

C'est le son de ma voix que tout le monde reconnaît. C'est ce qu'on me dit : "Ah ! C'est Chantal Goya", mais je n'aime pas m'entendre chanter, je ne m'écoute jamais. C'est bizarre, je ne me regarde jamais à la télé, je me trouve différente que dans la vie. Du reste, quand on me dit : "Vous êtes mieux en vrai", je leur réponds : tant mieux, c'est déjà pas mal, si j'étais mieux à la télé, ça serait con. Je suis contente. Une fois que j'ai terminé Chantal Goya sur scène, je deviens Chantal Debout, Chantal de Guerre ou je ne sais pas quoi, mais je ne suis plus celle de la scène.

Née Chantal de Guerre en Indochine, à Saïgon, vos parents vous ont apporté une éducation, des valeurs. Vous êtes l'aînée d'une famille de cinq enfants. C'est là justement que démarrent, les responsabilités, la capacité à assumer pour les autres ?

Complètement. Parce que toute petite déjà, je protège mon père des Viêt-Cong qui voulaient le tuer. J'avais quatre ans et je me sauve de la maison et je dis à toute l'armée : vous ne tuerez jamais mon père, ce n'est pas possible. Maman, quant à elle, m'a toujours tout appris très jeune.

"À quatre ans, je savais déjà beaucoup de choses, j'étais très maligne, très délurée, intrépide."

Chantal Goya

à franceinfo

Ma vie, c'est une aventure depuis le départ. Une aventure dans le bon comme dans le mauvais. Attention, rien n'est tout rose chez moi, rien n'est facile. Après, la famille s'est agrandie et maman est tombée malade. À douze ans, j'étais une petite maman, je m'occupais de tout le monde.

Toute cette carrière vous représente ?

Il y avait une enveloppe autour de moi qui a été créée grâce à Jean-Jacques, grâce à tout ce qu'il a appris par Roland Petit, Zizi Jeanmaire au Casino de Paris. Yves Saint-Laurent venait à la maison, Pierre Bergé qui rigolait avait dit à Jean-Jacques : "Ta femme, un jour elle marchera, elle fera quelque chose de très important". Je n'ai pas réalisé tout ça, toutes ces années sont passées tellement vite. Et je le vois par rapport au public qui grandit parce que tous viennent me dire : "J'avais cinq ans, j'avais quatre ans et aujourd'hui, je suis papa, je suis maman". C'est Barbara qui m'avait dit : "Tu verras, ma petite Chantal, tu deviendras une institution et tous ces petits seront des gens, des adultes et ils seront toujours près de toi".

Heureuse ?

Oui, heureuse et puis j'ai une belle BD qui sort au mois d'octobre : Intrépide Chantal, qui retrace mon parcours depuis ma naissance à Saïgon. Je veux que cette petite fille, Chantal, soit vraiment celle que j'ai été. Qu'on comprenne pourquoi j'ai cette énergie depuis mes quatre ans. Ma mère était tellement heureuse, joyeuse et me disait : "Allez, ce n'est pas grave, tout va bien", vous avez vu comment je suis ? Comme elle !

Chantal Goya repartira sur les routes de France avec 24 dates pour son spectacle : Sur les routes enchantées à partir du 23 octobre prochain.

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