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"C’est le seul titre qui manque à notre palmarès" : Allison Pineau et l’équipe de France de handball, les Jeux Olympiques de Tokyo dans le viseur

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd'hui, l'handballeuse championne du monde 2017, Allison Pineau.

Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
La handballeuse Allison Pineau lors d'un match contre le Danemark à l'Euro de hand, le 6 décembre 2018 à Nantes (Loire-Atlantique) (LOIC VENANCE / AFP)

Allison Pineau est handballeuse internationale, évoluant au poste de demi-centre mais également en arrière-gauche en équipe de France depuis 2007. Elle a été élue meilleure handballeuse de l'année 2009 puis sacrée championne du monde 2017 avec l'équipe de France. À 32 ans, elle a dans viseur les Jeux Olympiques de Tokyo cet été et, pourquoi pas, Paris 2024.

franceinfo : L'équipe de France de handball est déjà qualifiée pour les prochains Jeux Olympiques au Japon. Ces jeux sont un peu votre conquête ?

Allison Pineau : On va dire ça comme ça ! C'est la mienne mais aussi celle de toute l'équipe. C'est le seul titre qui manque à notre palmarès. J'en fais une conquête personnelle parce qu'il ne me reste plus beaucoup d'années devant moi, je ne suis plus aussi jeune que ça ! En tout cas, pas aussi jeune que les filles qui ont 20 ans dans notre équipe. Cela me permettrait de partir la tête haute. Je pourrai me dire que j'ai accompli tout ce que j'avais à accomplir même si je ne me mets pas de limites par rapport à Paris 2024, j'ai envie d'y être et d'y penser. Aujourd'hui, je pense à Tokyo parce qu'il y a une génération qui va partir après ces Jeux.

Vous êtes née à Chartres et avez grandi à Aubervilliers avec des parents guadeloupéens. Ils ont divorcé et c'est votre maman qui vous a vraiment élevée. Elle s'est sacrifiée pour vous comme vous l'avez dit à plusieurs reprises. Votre éducation a toujours été votre force ?

Je pense que lorsqu'une maman élève seule ses enfants, elle a un peu tous les rôles donc oui, c'est la force de travail, l'abnégation, la détermination. C'est ce qu'elle m'a appris depuis mon plus jeune âge et c'est quelque chose que j'ai réussi à retranscrire dans ma vie de tous les jours et dès que j'entreprends quelque chose.

Vous avez connu sept équipes différentes : en France, en Roumanie, en Macédoine, en Slovénie. On a l'impression que cette équipe est très importante parce qu'elle est comme une famille, mais que vous avez besoin aussi d'avoir une forme d'indépendance.

Oui, j'ai besoin de cette indépendance mais je suis très attachée à l'équipe de France car j'y ai accompli le plus de choses dans ma carrière et elle m'a aidée à grandir en tant que femme.

Tous ces clubs à l'étranger m'ont permis de me confronter à d'autres cultures, à d'autres langues et ça, c'est très important aussi pour mon évolution personnelle.

Allison Pineau

à franceinfo

Vous avez un gros mental aussi puisque vous avez quand même connu pas mal de blessures notamment à des moments très difficiles. Je pense à celle survenue six mois avant les JO de Londres et pourtant vous êtes revenue. C'est quand même un énorme travail physique et mental.

La blessure à six mois des JO de Londres a été un crève-cœur sur le coup, ça devait être mon moment. J'avais vécu l'olympiade précédente et il y avait des attentes puisqu'une génération était partie après 2008. C'était ma 'target' en me disant : "Voilà tu as vécu les Jeux maintenant il faut prendre le relais et tu sais comment ça se passe". Ça a été très difficile sur le moment à accepter mais finalement quand le verdict est tombé, je me suis dit : "J'y serai". J'ai trouvé cette force, cette motivation, ça a été fondateur pour plein de choses ensuite dans ma carrière.

Avez-vous le sentiment que le sport au féminin a changé depuis vos débuts ? On a considérablement avancé même si le chemin reste encore long. Qu'est-ce qui manque aujourd'hui ?

C'est clair que le sport féminin a changé. En tout cas, son visage et son approche, mais il reste encore beaucoup de chemin. Depuis que j'ai commencé en pro en 2006, je peux mesurer celui parcouru. Il manque une exposition beaucoup plus appuyée et des gens qui veulent investir dans notre sport.

Si on compare avec le football féminin, aujourd'hui le handball féminin a beaucoup plus de médailles, de titres et malgré tout, le foot a beaucoup plus d'exposition que nous.

Allison Pineau

à franceinfo

Je pense que la difficulté aussi, c'est qu'aujourd'hui on n'a pas vraiment de visibilité sur ce que ce sport peut rapporter même pour des gens qui ont envie d'investir. Ils veulent un retour sur investissement et ne pas perdre d'argent et c'est là notre difficulté dans le handball.

Fière du parcours déjà accompli ?

C'est toujours difficile quand on est toujours en activité d'avoir un réel feedback sur ce qu'on a accompli. J'en parle avec mes amis et parfois elles me disent : "Mais tu ne te rends pas compte !" Je pense que je réaliserai une fois que j'aurai arrêté. Ça me permettra de réaliser tout le chemin parcouru, tout ce qui s'est passé, tous les accomplissements.

Vous voyez-vous vivre sans le sport ?

Honnêtement, non. Je vais rester très proche du sport parce que c'est difficile pour moi d'imaginer que je vais vivre sans. Une fois que ma carrière sera terminée, j'aurai du temps pour aller sur beaucoup d'événements. C'est quelque chose que je vais vraiment savourer. J'adore le tennis, la NFL (National Football League), la NBA (National Basket Association) et quand je pense à tout ça, je me dis : "Ça va être génial de pouvoir avoir la possibilité d'y aller après ma carrière !" Donc, je serai encore très proche du sport même après avoir arrêté. J'en ai besoin, c'est une grosse partie de ma vie et j'aurais du mal à m'en passer.

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