Avec "La couleur des fantômes", Jean-Jacques Debout publie ses mémoires et a toujours "l'envie de continuer à écrire et chanter"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur, compositeur et chanteur, Jean-Jacques Debout. Il publie ses Mémoires, "La couleur des fantômes", chez Talent Éditions.
Jean-Jacques Debout est auteur, compositeur et interprète. Il a évolué aux côtés des plus grands artistes et figure, d'ailleurs, sur la photo du siècle prise par Jean-Marie Périer en 1966 pour le magazine Salut les copains sur laquelle 46 vedettes des yéyés sont regroupées. On y trouve Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Eddy Mitchell, Serge Gainsbourg, France Gall ou encore Chantal Goya, qu'il épousera cette même année.
Jean-Jacques Debout publie une autobiographie, La couleur des fantômes, chez Talent Éditions.
franceinfo : C’est à votre femme que vous adressez vos premiers mots dans votre autobiographie : "Je dédie ce livre à Chantal Goya. Sa présence auprès de moi a enchanté ma vie". C'est une énorme déclaration d'amour pour cette femme qui partage votre vie depuis 56 ans.
Jean-Jacques Debout : Oui, je pense que si je ne l'avais pas rencontrée, je n'en serais peut-être pas mort, mais je n'aurais pas eu la même vie, je n'aurais pas eu le même parcours. Vous savez, c'est rare de rencontrer quelqu'un avec qui vous pouvez dire : "Tiens, je vais t'écrire une chanson. Est-ce qu'elle te plaît ?" Et elle, de répondre : "Je te laisse faire parce que tu me connais bien".
"Une seule fois, Chantal Goya m'a dit : ’Non’ pour une chanson qu'elle trouvait ridicule. Elle m'a dit : ‘Franchement, je ne peux pas chanter ça’."
Jean-Jacques Deboutà franceinfo
Vous êtes né à Paris en 1940. Votre père était emprisonné en Allemagne. À cinq semaines, vous avez failli mourir, mais vous avez été sauvé par un médecin allemand grâce à votre mère qui s'est vraiment battue. Vous dites que ce n'était pas une époque joyeuse, et d'aussi loin que vous vous souvenez, seule la musique permettait de sortir les gens de la torpeur.
Oui, parce que tout d'un coup, je découvrais une nouvelle vie, une vie ailleurs que la guerre. Et j'adorais la musique. J'écoutais toutes ces paroles. Je pense que je suis né en aimant la musique. Mon père m'engueulait du matin jusqu'au soir parce qu'il voulait que je lui succède dans l'optique. C'était un grand opticien et il avait bien compris que je n'allais pas du tout sur le même chemin.
Ça veut dire que la musique a très vite été une évidence pour vous, qu'elle vous a toujours habité.
La musique était ma raison de vivre. J'avais été quand même assez souffrant. On m'avait envoyé pour me soigner sur le bassin d'Arcachon pendant un an et je me souviens que la dame, dans l'hôtel où l'on me soignait, m'avait emmené voir un comique troupier qui passait au Casino mauresque. C'était Fernandel. Et j'avais été très impressionné par son tour de chant.
Finalement, vos débuts, vous les faites par la "petite porte". Vous rentrez en tant que coursier chez Raoul Breton. Il va énormément vous porter et il est très proche des plus grands comme Jean Cocteau, mais surtout d'Yves Montand. Vous allez accompagner Claude Nougaro pour une première tournée. Il y a un autre artiste qui va énormément compter dans votre vie, qui aujourd'hui n'est plus là, c'est Johnny Hallyday.
La première fois que je l'ai rencontré, je chantais avec Jacques Brel au Cabaret de la Butte Montmartre, chez Patachou, en 1959. On est descendus dîner tous les deux dans une brasserie et à un moment donné, on voit un jeune garçon près d'un juke-box avec le patron qui lui mettait des pièces. Sa voix couvrait le juke-box car il chantait dix fois plus fort. Avec Jacques, on le regardait et on se disait : "Mais attends, on ne le croit pas !" Et tous les autres clients arrêtaient de manger leur soupe à l'oignon pour regarder ce phénomène. Je suis allé le voir et je lui ai dit : venez boire un verre à notre table, il y a Jacques Brel qui voudrait vous parler. Le lendemain, j'ai emmené "le phénomène", rue d'Hauteville, chez les disques "Vogue" voir Jacques Wolfson dans son bureau.
Les débuts ont été un petit peu chaotiques et puis il y a eu l'Alhambra où Jane Breteau, la directrice, avait engagé le jeune Johnny Hallyday en première partie de Raymond Devos. Et pendant que Devos arrivait sur scène, tous les gens criaient : "Johnny, Johnny" et Devos, qui était très intelligent, allait le chercher, le ramenant par le bras. Il disait : "Alors Johnny, qu'est-ce que vous allez nous chanter maintenant ?" Il répondait : "Monsieur Devos, je ne connais que trois chansons que j'ai répétées avec mon orchestre", "Mais ça ne fait rien, vous allez les rechanter !" C'était formidable.
Sans vilain jeu de mots. Qu'est-ce qui continue à vous donner envie de rester debout ?
"Je vais chanter dans quelques temps à la salle Pleyel et ça sera vraiment mes adieux... Suivis d'une tournée qui va durer dix ans !"
Jean-Jacques Deboutà franceinfo
Je ressens l'envie de continuer à écrire et chanter parce que je n'ai toujours pas fait mes adieux dans cette histoire. Mais il va bien falloir que je les fasse, à 82 ans !
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