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"Artiste, c'est juste être dans une époque" : Tim Dup sort son quatrième album, "Les immortelles"

Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, l’auteur, compositeur, interprète et producteur, Tim Dup. Il sort son quatrième album : "Les immortelles".
Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
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Temps de lecture : 5min
Tim Dup, en 2021. (JOEL SAGET / AFP)

Tim Dup est auteur, compositeur, interprète, musicien et producteur. Son premier mini-album, Vers les ourses polaires, va le propulser sur le devant de la scène avec le prix de l'Académie Charles-Cros en 2016. Son premier album : Mélancolie heureuse sorti en 2017 va toucher le cœur des Français avec un accueil dithyrambique. Son regard est poétique et très présent, notamment dans son deuxième album : Qu'en restera-t-il ? (2020) ou encore dans son troisième : La course folle (2021). Ce vendredi 3 février 2023, Tim Dup sort son quatrième album : Les immortelles.

franceinfo : Pourquoi Les immortelles ?

Tim Dup : Ça me plaisait d'avoir un rapport assez floral, méditerranéen avec ces fleurs de Corse qui parlent aussi de mon enfance et du rapport au souvenir, à la transmission. J'aime bien tirer des liens, de petits fils de disques en disque. Dans le précédent, il y avait la première chanson qui s'ouvrait avec une citation italienne lue par mon grand-père : "Plante des fleurs, les autres les cueilleront pour toi", voilà, Les immortelles, c'était un peu cueillir ces fleurs-là et du féminin pluriel pour complexifier un peu tout ça.

Il est différent, pour vous, cet album ?

Oui, il est quand même particulier. C'est un quatrième. Donc c'est étonnant. On a à la fois l'impression de sentir qu'on commence à trouver sa place, un endroit qui nous fait du bien, un métier qui nous fait du bien et en même temps quelque chose de toujours aussi imprévisible, magique, déconcertant. C'est beaucoup de travail, beaucoup de passion et je pense que c'est aussi un disque spécial parce que, vraiment, il va au bout du bout de mes convictions.

Vous nous livrez d'ailleurs, cette petite voix qui est en vous. Vous démarrez sur le titre : Si je m'écoutais vraiment. On sent que ça résonne. Ça résonne aussi en nous parce que votre histoire est aussi la nôtre. C'était d'abord ça, ce disque, une main tendue pour dire que nous sommes très unis finalement ?

"Je pense que l'universel provient souvent de l'intime."

Tim Dup

à franceinfo

Ça ne fait pas des années et des années de carrière, mais tout de même à peu près huit ans et donc je me dis : tiens, c'est fou. Je me suis vraiment beaucoup construit grâce à cela. De 19 à 28 ans, il s'en passe des choses et ça me plaît de le raconter.

Il y a un côté aussi Cercle des poètes disparus à l'intérieur de cet album avec notamment la chanson : Le club des 27 et cette forme de mélancolie qui nous attrape.

Je trouve qu'elle est omnisciente dans ma vie d'être humain. On est traversé par de la lumière et aussi par des ombres. Je n'ai jamais été dans la dénégation de ça. Ce qui me plaît dans le fait de créer, c'est d'aller chercher de la profondeur. On en veut beaucoup aux œuvres tristes ou mélancoliques, mais il faut y trouver une nuance pour dire que quand même, dans ces ombres-là, il y a toujours une clarté à la fin.

Vous avez d'abord fait des études de sciences sociales à Paris. Vous avez toujours été proche et soucieux des autres. Il y a toujours eu une espèce de bienveillance, un regard sur la vie, un regard sur le parcours de chacun.

Ce qui me plaît en tant qu'artiste, c'est d'observer, de regarder. On parlait des études et finalement, ce choix des sciences sociales n'est pas anecdotique. Elles m'ont ouvert à ça. Je crois qu'artiste, c'est juste être dans son époque et un disque est un instantané, une photographie, un moment de ce qu'on est en train de regarder. Il faut le prendre comme ça, ni plus ni moins. Je crois qu'il ne faut pas trop en demander à un disque. C'est pour ça que je me sens aussi serein sur celui-là.

Vous parlez d'amour aussi dans cet album. C'est un thème récurrent, mais là, il est abordé d'une autre façon, par un autre prisme.

Parler d'amour, tout le monde le fait. Donc, parfois, on se dit : Quelle porte, vais-je pouvoir ouvrir pour avoir quelque chose d'un peu différent ? Peut-être que je suis traversé d'amour parce que je m'aime bien. Et pour s'aimer bien, il faut peut-être faire du chemin, même en tant qu'artiste.

Cet album est donc une renaissance, une nouvelle proposition avec des titres déclamés. Ça, c'est le fait que vous assumiez davantage votre voix ?

C'est aussi le chemin qui veut ça. Je suis arrivé avec un EP, j'avais des textes assez longs, il y avait plus de parlé-chanté et je pense que j'ai essayé sur ce disque d'aller à une écriture plus simple, plus lisible . En tout cas, qui est toujours allégorique, imagée parce que moi, j'aime bien ça.

"J'aime bien qu'il y ait des odeurs dans mes mots, aller plus à l'essentiel."

Tim Dup

à franceinfo

Vous avez signé tous les titres de cet album et vous êtes en train d'écrire un roman. Ça veut dire que l'écriture, c'est ce qui vous met du baume au cœur ? 

L'écriture, c'est plein de choses. Étrangement, ça peut être aussi pour aller un peu moins bien, pour sentir que, du coup, finalement, on va plutôt bien. L'écriture, c'est l'hybridité, c'est la complexité, c'est la nuance. C'est un espace où on a le temps et on est dans une époque qui court. Et l'écriture permet de retrouver un temps lent, un temps qui s'installe et ça, c'est hyper précieux.

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