Alex Lutz : "Je fais ce métier pour le plaisir de faire professionnellement de la curiosité"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Aujourd’hui, le comédien, humoriste, metteur en scène, Alex Lutz. Depuis ce mercredi 13 avril, il est à l’affiche de "Vortex" de Gaspar Noé et "À L'ombre des filles" d'Étienne Comar.
Alex Lutz est un touche-à-tout. Tour à tour comédien, humoriste, metteur en scène, mais aussi auteur de théâtre, romancier, réalisateur, il a déjà remporté deux Molières de l'humour en 2016 et en 2019, le César du meilleur acteur pour son rôle dans Guy, sa deuxième réalisation. Son rôle de Catherine dans Catherine et Liliane dans l'émission Le Petit Journal sur Canal+, aux côtés de Bruno Sanchez, a contribué à asseoir sa popularité.
Ce mercredi 13 avril, il est à l'affiche de deux films. Le premier : Vortex de Gaspar Noé, dans lequel il joue le rôle d'un fils toxico qui tente d'aider sa mère malade, qui perd la raison et d'approcher son père, avec lequel il entretient une relation assez compliquée depuis longtemps. Le second : À L'ombre des filles d'Étienne Comar, dans lequel il joue le rôle d'un chanteur lyrique qui accepte de mener des ateliers de chant en prison avec des femmes incarcérées.
Il sera aussi sur scène avec son spectacle Alex Lutz dans lequel il nous embarque dans sa vie, du 23 juin au 3 juillet, au Théâtre Libre.
franceinfo : Vos trois actualités vous mettent dans des rôles diamétralement opposés. Ça veut dire que vous avez besoin de vous challenger un peu ?
Alex Lutz : Non, ça veut dire que je fais ce métier pour le plaisir de faire professionnellement de la curiosité. Ça m'importe de pouvoir varier vraiment les plaisirs, les objets, de créer à la fois quelque chose de personnel et qui a pour but de toucher une petite équipe en face. C'est quand même ça le but assez fou et le rêve assez fou quand on fait ce métier.
D'être hyper-émotif, de transmettre des sentiments, des émotions, vous avez toujours été comme ça, depuis tout petit ?
Je trouve fou de transmettre une émotion en musique, fou de transmettre une émotion en dansant, en peignant, en filmant des choses, en jouant sur scène.
Alex Lutzà franceinfo
Hyper-émotif, ça, je n'en sais rien. En tout cas, d'aimer par l'artistique, exprimer des choses, ça, oui. Ça, je le sais depuis le plus jeune âge, c'était ma came. C'est toujours l'artistique qui complète ma connaissance et qui me fait vibrer, je ne peux pas dire mieux.
Dans votre enfance, vous avez choisi très vite les arts plastiques, puis finalement, vous allez monter sur scène. Et là, ça va être une énorme révélation. Vous avez compris que c'était à cet endroit-là, vraiment, que vous alliez pouvoir vous exprimer le plus ?
Oui. En tout cas, tout à coup, le théâtre, mais vraiment le théâtre a réuni plein de choses que j'adorais déjà dans le dessin, que je pouvais avoir en tête. Ça bougeait, c'était en relief. Les points de vue peuvent se modifier. Ça, je trouve ça génial. C'est un village, un plateau, tellement il y a de corps de métiers, d'artisanats différents et c'est passionnant.
En même temps, ce qui vous a donné envie de vous plonger aussi dans ce métier, c'est d'abord la scène, de monter sur scène, de rencontrer un public yeux dans les yeux. Ce qui va arriver là, justement, avec votre one man show. 130 dates déjà ont eu lieu à Paris et dans toutes les régions. C'est votre cour de récréation ?
La scène, c'est un endroit où je me sens bien. C'est une maison qui me rassure plus, que je connais plus.
Alex Lutzà franceinfo
J'ai fait tellement de dates avec mon spectacle précédent et ma compagnie... C'est pour ça que quand les parents sont parfois inquiets pour leurs gamins qui veulent jouer ou embrasser ces carrières-là, je trouve qu'en fait, il n'y a pas de problème. Il faut les encourager à être très curieux.
Vous allez très vite, beaucoup disent que vous aimez, que vous avez besoin de jouer, que vous êtes un boulimique de travail. Cela vient-il de votre dyslexie dans l'enfance ?
Oui, ça crée un rapport à la concentration un peu différent, qui peut peut-être, dans un cursus plus classique et scolaire, être un peu pénible ou handicapant, notamment le temps avec un rapport à la lenteur, etc. Ou à la rapidité. Par exemple, je lis lentement, mais ça n'est pas une mauvaise lecture, c'est comme une lecture où je me souviens de plein de trucs. Par contre, je l'ai lu très longtemps le paragraphe !
Mais vous allez très vite derrière !
Une fois que c'est pigé, je crois qu'on dégaine assez vite.
Ça veut dire que vos parents vous ont beaucoup encouragé ? Votre père vous a assuré, ça c'est sûr. Maman, prof d'allemand. Qu'est-ce qu'ils vous ont apporté ?
Justement, ils n'ont jamais regardé ce métier comme n'en étant pas un, comme une lubie. Ils m'ont donné le goût de la curiosité, de la culture. Mon père est quelqu'un qui lit énormément. Je n'ai pas eu des parents qui balayaient cela d'un revers de main, comme si c'était pas une option possible.
Depuis 2015, vous êtes devenu réalisateur de vos propres films : Le talent de mes amis, Guy, La vengeance au triple galop et pour Guy, vous avez reçu un César. Ça déstabilise ? Ça fait du bien ?
Ça fait tout ce que vous dites ! Tout d'un coup, c'est un bon point qu'on vous donne. Le regard des gens du métier sur votre travail, moi qui est tellement loupé brillamment mes études, c'est important quand même. Des gens qui ont fait un super parcours et vous tape sur l'épaule en disant : "Dis, c'était bien ça!" Vous vous dites : "C'est super".
C'est marrant parce que vous avez vraiment ce côté clown triste. Il y a un côté très poétique dans votre façon de jouer, dans votre façon de regarder, dans votre façon de faire, de proposer aussi. Il y a un côté Arlequin, il y a un côté pantomime...
Peut-être. Oui. À force qu'on me le dise et que les choses se fassent, je me rends compte de qu'il y a autant le rire que pas le rire. Et puis, la poésie... Il y a cette phrase géniale : "Sans poésie, les rossignols se mettraient à roter", c'est vrai.
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