Pour l'écrivain argentin, seule la lecture peut empêcher le monde de devenir fou.Nouvel éloge de la folie : Essais édits & inédits ,d’Alberto Manguel, traduit de l’anglais par Christine Le Bœuf, estpublié par Actes Sud (390 p. 24€) Note : **Mot de l'auteur :**"Lorsque les habitants de Macondo furent frappés unjour, pendant leurs cent ans de solitude, par un mal en forme d'amnésie, ils serendirent compte que ce qu'ils connaissaient du monde était en train de sevolatiliser et qu'ils risquaient d'oublier ce que c'est qu'une vache, ce quec'est qu'un arbre, ce que c'est qu'une maison. L'antidote, découvrirent-ils, se trouvait dans les mots. Afin de se souvenir de ce que leurs mots représentaient pour eux, ilsrédigèrent des pancartes qu'ils suspendirent aux bêtes et aux objets :"Ceci est un arbre", "Ceci est une maison", "Ceci estune vache, et elle donne du lait qui, mélangé au café, donne le café conleche". Les mots nous disent ce que nous, en tant que société, nous croyons qu'est lemonde. "Le motif dans le tapis", c'est la formule inventée par Henry Jamespour désigner le thème récurrent qui, telle une signature secrète, parcourtl'oeuvre d'un auteur. Dans beaucoup des textes que j'ai écrits (critiques, notices ou introductions),je pense pouvoir distinguer ce motif insaisissable. Il a quelque chose à voir avec la relation de cet art que j'aime tant, l'art delire, avec le monde dans lequel je le pratique, le "beau monde" deThomas. Je crois qu'il existe une éthique de la lecture, une responsabilité dans notremanière de lire, un engagement à la fois politique et privé dans le fait detourner les pages et de suivre les lignes. Et je crois que parfois, au-delà des intentions de l'auteur et au-delà desespoirs du lecteur, un livre peut nous rendre meilleurs et plus sages."