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Le journal de Cannes. "120 battements par minute" : aux origines du combat d'Act-Up

Le Festival a jonglé samedi entre film engagé dans la lutte contre le Sida avec "120 battements par minute", quête de soi avec "The square" et le combat d'un homme avec "Petit Paysan" présenté à la Semaine de la Critique.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'équipe du film "120 battements par minute", le 20 mai 2017. (MAXPPP)

Prendre le temps, 2h20, pour raconter une histoire, retrouver la vérité d’une époque, la beauté désespérée d’un combat. Robin Campillo a frappé un grand coup avec 120 battements par minute, récit collectif et intime d’Act-Up au début des années 90.

Lui-même ancien militant de l’association, qui a choisi la radicalité pour dénoncer l’indifférence des pouvoirs publics et la duplicité des laboratoires face à l’épidémie de Sida, Robin Campillo a puisé dans ses souvenirs, les archives et y a ajouté ce qu’il faut de fiction - une histoire d’amour entre deux hommes, l’un contaminé, l’autre pas - pour offrir à Cannes sa première très forte émotion. Il y a d’abord le groupe, refuge pour des êtres isolés dans la maladie, avec sa force, ses tensions aussi, et une formidable envie de vivre encore.

Rarement les scènes de fête au cinéma ont eu autant de sens et l’isolement qui revient quand la mort approche. On voudrait citer tous les acteurs, tellement ils jouent juste, Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois et Adèle Haenel sont quelques noms de ce casting assez naturellement homosexuel pour Robin Campillo : "J'ai essayé de retrouver les voix de l'époque. Ce ton, cette manière de parler, cette espèce d'humour et cette impression que même sur un débat assez neutre, d'un seul coup l'histoire intime et la violence de la maladie pouvaient surgir à tout moment.

Sur la question du "parler militant", presque du "parler pédé", j'avais vraiment envie qu'il y ait quelque chose que moi j'ai pas à inventer ou à trouver.

Robin Campillo, réalisateur de "120 battements par minute"

à franceinfo

Je ne peux pas vous assurer de l'orientation sexuelle de tous les comédiens dans le film mais je pense que cela a beaucoup joué."

The square ou l'analyse de l'homme moderne

La compétition continue crescendo avec The square de Ruben Östlund, pourvu que ça dure. Le réalisateur suédois avait imposé son style, son regard sans concession sur les comportements contemporains dans Snow Therapie, il poursuit son analyse de l’homme moderne, qui quand il se reconnaît face à l’écran ressent un salutaire malaise.

Christian est un directeur de musée d’art contemporain dans la puissance de son âge, de son apparence physique et de son statut social, un séducteur aussi sympathique qu’antipathique. The square est une exposition qu’il s’apprête à montrer au public de son musée, qui va devoir tester sa capacité à faire confiance à autrui, ou se réfugier dans l’indifférence et la méfiance. Le film avance par étapes où l’absurde le dispute au tragique, entre humour noir et situations ubuesques, il secoue la bonne conscience des milieux aisés et cultivés, avec en second plan des SDF, des immigrés que trop de politiquement correct écartent encore plus de la véritable solidarité. Ruben Östlund provoque ses personnages, comme lors d’une performance où un artiste joue au gorille jusqu’à la violence envers une assemblée très chic, et reconnaît qu’il a quand même de l’empathie pour son protagoniste : "J'ai essayé de regarder Christian comme je me regarde moi-même. Je m'intéresse ici à des question morales, et j'ai créé des situations où il fait le contraire.

Cela questionne l'opposition entre nos valeurs, qui on veut être et comment on se comporte... Est-ce que je suis aussi bien que ce que je prétends

Ruben Östlund, réalisateur de "The square"

à franceinfo

C'est ce que l'on doit gérer au quotidien. J'ai voulu autant de fois que possible mettre en porte-à-faux la morale et ses valeurs humanistes. Mais je le pardonne définitivement pour les mauvaises choses qu'il fait". 

Du côté de la Semaine de la Critique

Dans Petit Paysan, projeté samedi 20 mai à la Semaine de la Critique, Hubert Charuel, jeune réalisateur de 32 ans, fils d'agriculteur, parle d'un monde qu'il connaît bien. Saisissant à l'écran, Swann Arlaud joue un jeune paysan qui ne vit que pour ses vaches laitières, confronté à une épidémie de type vache folle.

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