Nouvelle-Calédonie : la maire de Nouméa demande à Emmanuel Macron "de ne pas convoquer le Congrès"
Une "pause institutionnelle" pour que "le calme revienne" en Nouvelle-Calédonie : Sonia Lagarde, la maire Renaissance de Nouméa, demande lundi 20 mai sur franceinfo à Emmanuel Macron "de ne pas convoquer le Congrès" visant à entériner la réforme constitutionnelle sur le dégel du corps électoral. Sonia Lagarde pense que le chef de l'État "a bien compris" la "nécessité" de faire "une pause institutionnelle". C'est selon elle, "la seule issue possible" pour apaiser la situation dans l'archipel. "Il faudra donner du temps pour que le calme revienne" et ainsi permettre "aux uns et aux autres de revenir à la table des discussions et de construire quelque chose pour la Nouvelle-Calédonie". Une demande formulée également, entre autres, par la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, membre elle aussi de la majorité présidentielle.
Dans le même temps, Sonia Lagarde estime que la prolongation de l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie est une nécessité. "J'ai bien peur que le président de la République ne soit obligé de le prolonger", assure-t-elle sur franceinfo. Ce régime d'exception est entré en vigueur mercredi dernier, pour une durée maximale de douze jours. Il a été décrété par Emmanuel Macron en réaction aux émeutes dans l'archipel. Depuis huit jours, la Nouvelle-Calédonie est en proie à des violences inédites depuis 40 ans, causées par la réforme constitutionnelle sur le dégel du corps électoral pour les provinciales.
La maire de Nouméa explique avoir eu un échange lundi matin avec le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc. "Je pense qu'on sera dans l'impossibilité de remettre tout en ordre" d'ici la fin des douze jours d'état d'urgence, déclare Sonia Lagarde après cette discussion. "Ça me paraît extrêmement compliqué. Nouméa est toujours une ville martyre et assiégée", affirme-t-elle. La maire de Nouméa assume le terme "assiégé" parce que "des émeutiers tiennent des barrages, encerclent la ville". Une situation "extrêmement difficile pour les populations", déplore-t-elle. Sonia Lagarde assure que "dans les quartiers nord, ça fait plus d'une semaine que les gens n'ont pas réussi à passer des barrages parce que les émeutiers les tiennent de manière très ferme".
"Ça brûle encore"
Selon un communiqué du Haut-commissariat de la République lundi, "la nuit dernière a été globalement plus calme que les précédentes". Mais "ça brûle encore", réagit Sonia Lagarde. Elle salue toutefois le travail "des forces de l'ordre extrêmement actives". Elles "ont réussi à dégager un certain nombre de barrages entre Nouméa et l’aéroport de Tontouta", précise l'édile.
Une opération d'envergure a été lancée dimanche pour reprendre le contrôle de la route stratégique reliant Nouméa à son aéroport international et la libérer des dizaines de barrages érigés par des indépendantistes. Elle a mobilisé "plus de 600 gendarmes, dont une centaine du GIGN", selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Le Haut-commissariat de la République estime que l'opération "est un succès avec 76 barrages neutralisés". La maire de Nouméa est plus modérée. "Non, la route n'est pas sécurisée. Ce serait faux de le dire". Sonia Lagarde souligne que certains barrages se reforment parce qu'il y "a des émeutiers très mobiles, qui ne lâchent pas et qui refont les barrages systématiquement derrière".
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