Logements sociaux : "Un projet de loi pour rien, avec un assemblage hétéroclite de mesures démagogiques", tacle l'association CLCV
"Un projet de loi pour rien, avec un assemblage hétéroclite de mesures démagogiques". C'est ainsi que Guillaume Aichelmann, chargé de mission Logement social pour CLCV, décrit le texte destiné à augmenter l'offre de logements abordables que le ministre du Logement Guillaume Kasbarian présente ce vendredi 3 mar en Conseil des ministres.
Dans ce projet de loi, présenté au Conseil national de l'habitat fin avril, le gouvernement a inscrit des dispositions pour mettre plus facilement fin au bail des locataires les plus aisés, dans l'optique d'amplifier les rotations au sein du parc HLM. Le ministre entend appliquer un surloyer, ou supplément de loyer de solidarité (SLS), dès que le plafond de ressources sera dépassé d'un euro. "Le pire dans cette affaire, c'est qu'en plus des surloyers, le ministre propose d'augmenter les loyers à la relocation", ajoute-t-il, déplorant le fait que pour un logement construit dans les années 60, qui "a été largement rentabilisé", "vous allez avoir les mêmes loyers que pour un logement neuf".
Construire plus de logements sociaux
Avec ce texte, l'exécutif souhaite assouplir la loi SRU, qui impose aux villes des quotas de logements sociaux. Si elles sont hors des clous, pour rattraper leur retard, les communes pourront ainsi y intégrer en partie le logement intermédiaire, aux plafonds de ressources et aux loyers plus élevés qu'un logement social destiné donc aux classes moyennes. "C'est une très mauvaise idée en l'occurrence, puisque les logements intermédiaires ne sont pas abordables pour la plupart des demandeurs de logements sociaux", souligne Guillaume Aichelmann.
"L'argent n'est pas magique. Si vous mettez de l'argent sur du logement intermédiaire, ce sera du logement social qui ne pourra pas être construit".
Guillaume Aichelmann, chargé de mission Logement social pour CLCVà franceinfo
Or, pour le représentant de l'association de locataires HLM, "il faudrait agir sur le foncier, ce que le gouvernement refuse". "Nous, ce qu'on recommande, c'est plutôt de construire davantage de logements sociaux et de permettre aux maires de mettre en place plus facilement l'encadrement des loyers", plaide-t-il. Or, "le gouvernement, depuis 2017, n'a fait que détricoter tout ce qui fonctionnait dans la construction", selon lui. La crise du logement a été, en partie, renforcée par des décisions de l'État, qui a réduit les dépenses, renforcé des normes qui ont contribué à renchérir les coûts de construction. "On a saigné littéralement le budget des bailleurs sociaux, et de l'autre côté, vous avez les entreprises de construction et les promoteurs qui hurlent comme quoi il n'y a pas le moyen de construire", résume-t-il.
Autre point de crispation pour le représentant de la CLCV : la latitude supplémentaire donnée aux maires pour attribuer des HLM neufs. "Il va y avoir du clientélisme et on peut même se retrouver dans certaines communes avec des cas de préférence nationale, de discrimination", craint Guillaume Aichelmann.
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