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Réforme des retraites : Élisabeth Borne allonge les "carrières longues", un geste à presque un milliard d'euros

La Première ministre a fait un geste et propose d'étendre le dispositif "carrières longues" à ceux qui ont commencé entre 20 et 21 ans. Le décryptage  de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
La Première ministre Elisabeth Borne, lors de l'émission politique "L'Évenement" sur France 2, le 2 février 2023. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Ceux qui ont commencé à travailler à 20 ans pourraient partir à 63 ans et non 64, comme prévu dans le projet de loi, s’ils ont toutes leurs annuités, c’est-à-dire s’ils ont cotisé 43 ans. Et c’est important à condition d'avoir cotisé au moins quatre ou cinq trimestres avant. En fait, Élisabeth Borne étend un peu le dispositif "carrières longues", qui permet à ceux qui ont commencé tôt de partir avant l’âge légal, de façon progressive.

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Pour l’heure, ce système ne s’applique que pour ceux qui sont entrés sur le marché du travail avant 20 ans, pas après. Là, Élisabeth Borne fait donc un pas et met le curseur à 21 ans. Alors jusqu’à 30 000 personnes seraient concernées chaque année et ça coûterait entre 600 millions et un milliard d’euros par an. C’est un geste en direction de la droite.  

Mais, à droite, ça ne satisfait pas tout le monde Aurelien Pradié des Républicains propose une autre mesure. Il propose également un départ plus tôt, là aussi quand on a commencé avant 21 ans, mais en ayant seulement travaillé un trimestre et non quatre ou cinq. Grosso modo, avoir eu un job d’été avant 21 ans suffira à pouvoir partir plus tôt. De fait, ça concernerait beaucoup plus de monde et ça coûterait 10 milliards d’euros par an. D’où le refus du gouvernement.  

Le gouvernement tient à maintenir les comptes

Chaque concession équivaut à des millions voire des milliards d'euros dépensés qui atténuent les rendements de la réforme. Selon le gouvernement, sa réforme doit rapporter 18 milliards d’euros d’ici 2030. Près d’un tiers sont déjà prévus pour financer les mesures d’accompagnement – comme la pension à 1 200 euros

Or, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, alerte : il ne faut pas aller plus loin, car ça coûtera trop cher. Il se souvient certainement, qu’en 2008 - 2009, la suppression de certains régimes spéciaux avait, au final, été très coûteuse pour les finances publiques. Car pour faire passer la réforme, Nicolas Sarkozy avait accordé des bonifications de fin de carrière, des primes, au point que le rapport du député Dord avait montré que la réforme avait coûté plus cher que ce qu’elle n'avait rapporté. C’est ce que veut éviter le gouvernement, mais évidemment, cela limite les marges de négociations. 

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