Pouvoir d'achat : pourquoi la hausse du Smic va paradoxalement créer des tensions sociales ?
Le Smic a été revalorisé dimanche 1er mai de façon automatique sous l’effet de l’inflation, mais cela met les entreprises sous pression. Le décryptage de Fanny Guinochet.
Les deux millions de salariés payés au Smic vont gagner 33 euros nets de plus par mois. Ça s’ajoute à l’augmentation qu’ils avaient déjà eue à l’automne. Ils vont toucher un salaire d’un peu plus de 1 300 euros nets mensuels. Ça représente une hausse totale de presque 6% en quelques mois. Mais pour les autres employés, en revanche, tous ceux qui sont au dessus du Smic, il n’y a pas de hausse systématique alors qu’ils subissent comme les autres les augmentations de prix.
Ce qui va poser des problèmes de pouvoir d’achat. Ce salariés vont être tentés de demander des revalorisations de salaire à leurs patrons. Notamment ceux qui jusqu’alors étaient à peine au-dessus du Smic. Parce qu’avec ce nouveau relèvement, ils se retrouvent donc au même niveau : le Smic a rattrapé mécaniquement le niveau des plus bas salaires.
Cette hausse chamboule toutes les grilles, du coup, dans certaines branches – comme l’industrie textile ou la coiffure –, ce sont cinq ou six échelons qui vont passer sous le Smic. Dans d’autres, il n’y a plus que 50 euros d’écart entre le Smic et le salaire le plus haut. Les employeurs s’inquiètent ainsi des tensions sociales possibles. Certains patrons se demandent comment ils vont suivre financièrement face à ces revendications.
Le point d'indice des fonctionnaires sera augmenté
Chez les fonctionnaires aussi ,cette hausse du Smic promet de faire des remous. Comme dans le privé, la hausse met la pression sur l’État employeur car, là aussi ça écrase la grille des salaires. Emmanuel Macron a promis, pour son second mandat des négociations dans la fonction publique avec une reforme complète de la rémunération des agents. Il a promis aussi de relever le point d’indice – qui sert de base au salaire des fonctionnaires – mais il n’a pas dit de combien et c’est tout l’enjeu.
Est-ce que ce niveau va combler l’inflation ? Et du coup, quid des agents qui sont juste au dessus de l’équivalent du Smic ? En tout cas, ça risque de coûter cher aux finances publiques car on estime qu’une hausse de 1% des rémunérations des agents coûte deux milliards d’euros. Autant dire que ces négociations promettent d’être particulièrement tendues.
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