Manuel Valls gagnera-t-il son bras de fer avec l'Europe ?
Est-ce que la France peut gagner son bras de fer budgétaire avec Bruxelles ?
Oui, le ton est monté d’un cran ce week end. Le premier ministre Manuel Valls joue lui aussi le jeu dangereux de la dramatisation, en affirmant sur un ton martial "Je n’accepte pas de leçon de bonne gestion (…) Et je demande beaucoup de respect de la part de nos partenaires européens ". En résumé, Valls dit à Bruxelles et à l’Europe : "La France est un grand pays, fichez nous la paix ". Les leaders du parti socialiste ont entonné le même refrain : haro sur Bruxelles et ses technocrates.
D’abord il est toujours confondant pour des Européens convaincus de retourner contre Bruxelles des règles que l’on a soi- même approuvées et votées, c’est ainsi qu’on alimente le populisme. Et il n’est pas sûr que ce coup de menton soit très productif vis à vis de nos alliés. On le sait, malgré un délai exceptionnel de deux ans consenti par la Commission, Paris a reporté à 2017 la date à laquelle le déficit public repassera sous la barre des 3%.
Mais, au delà du théâtre politique, que disent vraiment nos partenaires européens ?
Aucun de nos partenaires, Fabienne, n’a une envie compulsive de sanctionner la France pour le simple plaisir. Nos partenaires, de gauche ou de droite, petits ou grands pays disent presque tous la même chose, ce qui ne va pas simplifier la tâche de Michel Sapin qui retrouve ses collègues de l’eurogroupe aujourd’hui à Luxembourg.
1 – La situation de la zone n’euro n’est pas bonne, l’Allemagne dont la puissance économique protégeait tout le monde, fléchit désormais elle aussi.
2 – Et oui la France est un grand pays, elle pèse lourd dans la zone euro et donc son état de santé économique a des répercussions tous les autres.
3 – La plupart de membres de l’euro, comme l’Espagne par exemple, ajoutent qu’ils ont fait eux, leur part de travail, pris des mesures difficiles, assumés des plans d’austérité qui leur ont d’ailleurs parfois coûté très cher politiquement. Et ils ne voient bien pourquoi la France pourrait n’en faire qu’à sa tête alors qu’elle a déjà bénéficié de la mansuétude générale.
4 – Enfin, chacun sait que cette affaire peut mal tourner : la crise de l’euro reste dans toutes les mémoires, les marchés peuvent se retourner, s’inquiéter des risques à l’image de l’agence Standard and Poor’s, et faire brutalement repartir les taux d’intérêt à la hausse, ce qui, pour le coup, rendraient pour beaucoup insoutenable la charge de la dette. En conclusion, la France fait peur à ses partenaires, du Nord comme du Sud.
Mais la France dit que la situation économique est à nouveau exceptionnelle, préoccupante et qu’il faut relancer l’activité plutôt que de s’inquiéter des déficits…
Oui. Tout n’est pas faux. Mais faute d’engager des réformes convaincantes, c’est la France qui rend plus difficile l’adoption d’un véritable plan de relance européen. Nos partenaires ne sont point stupides, mais ils ont besoin de preuves tangibles pour s’assurer que la France joue bien collectif. Autant dire que le désaccord de ce week end au plus sommet de l’Etat sur le dossier de l’assurance chômage ne va simplifier la tache de ceux qui vont devoir plaider cette semaine le sérieux budgétaire de la France.
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