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Le décryptage éco. Pourquoi l'action EDF est-elle chahutée ?

C’est une des actions les plus chahutées en ce moment à la Bourse de Paris :  EDF a perdu près de 18% sur le mois de janvier. En cause : Hercule, ce projet de réorganisation du groupe qui prend du retard. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le logo EDF sur son immeuble à Paris. Photo d'illustration. (ALAIN JOCARD / AFP)

Le projet Hercule prévoit de diviser le groupe EDF en trois entités séparées : une entreprise publique pour les centrales nucléaires, qui resterait dans le giron de l’État ; une autre partie regroupant la distribution, le commerce et les énergies renouvelables, dont 30% du capital serait introduit en Bourse et enfin, une troisième entité pour les barrages hydroélectriques.  

Cette scission du groupe public est un processus lourd, réglementaire, qui se discute au niveau européen.  Et avec Bruxelles, c’est le problème : les négociations patinent. Le gouvernement français voulait les boucler avant fin 2020 pour une mise en œuvre de sa réforme avant l’élection présidentielle de 2022. Mais cela semble mal parti. Ces délais risquent de ne pas être tenus.  Et c’est ce retard qui inquiète les investisseurs et pèse sur le cours de Bourse.

Mobilisation des syndicats

Les premiers opposants sont les agents EDF eux-mêmes. Depuis novembre, quasiment tous les syndicats ont organisé plusieurs mobilisations,  suivies, selon eux, à chaque fois par un salarié sur trois  Ce n’est pas fini : il y a encore une journée d’action jeudi 28 janvier. Mais la contestation dépasse le seul cadre d’EDF : hier, un "collectif national pour un véritable service public de l'énergie" s’est constitué, regroupant des associations comme Attac, Droit au logement, ou encore Les économistes atterrés, etc. Il y a aussi des élus de tous bords contre ce projet. Tous demandent à un débat public, car pour eux, Hercule n’est ni plus ni moins un démembrement déguisé d’EDF, une privatisation.    

Il y a une forte pression économique car le groupe a plus de 40 milliards d’euros de dette : 2,5 fois son bénéfice brut. À ce niveau, impossible  pour le groupe d’investir et de rivaliser avec ses grands concurrents européens. Surtout qu’en plus, chaque mois, EDF perd 100 000 clients, et accuse retards sur retard pour son EPR, son réacteur nucléaire 3e génération.  Autant d’éléments qui ne facilitent pas la négociation avec Bruxelles  et ne permettent pas d’entrevoir une issue rapide à ce dossier.    

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