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Le décryptage éco. Plan santé : le serpent de mer du dossier médical partagé

Le dossier médical de santé, le DMP, doit être l'une des mesures phares de la réforme de la santé présenté mardi. Un dossier qui apparaît régulièrement depuis 2004. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
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Publié
Temps de lecture : 3 min
Agnès Buzyn, ministre de la Santé. (ERIC FEFERBERG / AFP)

La réforme de la santé est présentée mardi 18 septembre. Une des mesures phares concerne le dossier médical partagé qui va en quelque sorte ressortir des cartons. Un vieux serpent de mer.

Le DMP, ce dossier médical partagé – qui à sa naissance en 2004 s’appelait dossier médical personnel – est remis à l’ordre du jour. C’est quoi le DMP ? c’est une sorte de carnet de santé numérique dans lequel toutes vos données de santé sont regroupées. En quelques clics, les professionnels ont accès à votre dossier, ils voient par exemple les résultats de votre dernière prise de sang, vos antécédents médicaux, cela évite les doublons, les examens et prescriptions inutiles, qui coûtent très cher à la Sécurité sociale. Selon Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, c’est plus de 50 milliards d’euros chaque année. Le DMP, cela permet aussi de gagner du temps en cas d’urgence et d’éviter les erreurs.

En France, le DMP a du mal à se mettre en place

Plusieurs raisons : des raisons techniques, informatiques, tout d’abord, l’harmonisation des logiciels qui n’était pas simple mais aussi et surtout parce que les médecins ne se sont pas emparés de l’outil, c'est-à-dire prendre le temps de remplir ce dossier, le consulter. Bref, après avoir été lancé en 2004 par Philippe Douste-Blazy, alors ministre de la santé, le DMP a végété, pour être relancé en 2008 par Roselyne Bachelot, puis il a été presque abandonné en 2012 pour être encore relancé en 2016. Il est de nouveau testé depuis l’année dernière. Pour cette fois être généralisé à partir du mois prochain.

Des allers-retours qui ont coûté de l’argent

La Cour des comptes a souvent dénoncé le gaspillage. Pour la première mouture du DMP, qui a été suspendue en 2012, elle estime que l’Etat a investi plus de 210 millions d’euros pour à peine 158 000 dossiers créés, et encore près de 90 000 sont restés des coquilles vides.  Même quand il a été interrompu entre 2012 et 2017, le DMP a coûté de l’argent. Selon la Cour, pour son seul  "maintien", 35 millions d'euros ont été dépensés. Cette facture, ce serait la fourchette basse, certains professionnels estiment qu’en réalité, la note est beaucoup plus salée, elle atteindrait presque un demi milliard d’euros dépensés.

Pourquoi cela marcherait cette fois ?

Selon le gouvernement, cette fois, la création de dossiers ne reposera plus sur les seuls médecins : les caisses d'assurance-maladie le proposent aux patients qui peuvent eux-mêmes créer leur DMP. On pourra alors avoir l’ensemble des remboursements effectués par l’assurance-maladie inscrit automatiquement sur le DMP et cette fois les médecins seront encouragés financièrement s'ils mettent à jour leur logiciel pour le rendre compatible avec le DMP. Est-ce que ce sera suffisant ? Pas sûr, car il risque d’y avoir encore des réticences.


Les médecins risquent de trouver que c’est redondant avec leur propre dossier,
cela nécessite un vrai changement des pratiques de la part de tous les professionnels
En attendant, le gouvernement veut se fier aux expérimentations réalisées l’année dernière dans neuf départements : près de 10 000 dossiers ont été créés chaque semaine. L’assurance-maladie vise de plus de deux millions de dossiers ouverts à la fin de cette année.

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