Le décryptage éco. Les Français ont perdu en moyenne près de 500 euros de revenus entre 2008 et 2016
Une baisse de 440 euros précisément qui s'explique par les réformes fiscales et sociales. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Opinion").
Selon l’Insee, les Français ont perdu en moyenne près de 500 euros de revenus entre 2008 et 2016. Cela marque une nette rupture : dans le passé, le pouvoir d’achat des Français avait tendance à progresser et là, 67% des Français ont vu leur niveau de vie amputé. Presque 500 euros en moins, 440 euros exactement. Mais attention, comme d’habitude c’est une moyenne qui cache des disparités. Les 10% des ménages les plus modestes ont en moyenne perdu 160 euros, quand les 10 % les plus riches ont perdu 2 000 euros. Et jusqu'à 5 600 euros pour les 5% les plus riches.
Une baisse dûe à plusieurs raisons conjuguées
Comme on pouvait s’y attendre, il y a un effet crise, qui a augmenté le chômage et dégradé le marché du travail, même si ce sont surtout les plus modestes qui ont été affectés. Mais ce n’est pas tout ,et c’est là le principal intérêt de cette étude qui montre que la baisse du pouvoir d’achat s’explique aussi en grande partie par les mesures fiscales et sociales prises par Nicolas Sarkozy et François Hollande qui étaient aux manettes à cette période. Il y a eu au final beaucoup de hausses d’impôts sur les ménages, notamment entre 2011 et 2014. On parle d’un vrai choc fiscal. L'augmentation des prélèvements a surtout pénalisé les ménages les plus riches. Il y a eu une redistribution permettant d’éviter une plus grande pauvreté. Cela a aussi évité que les inégalités n’explosent et que les écarts ne se creusent entre les plus riches et les plus pauvres
Sauf que ces mesures sociales et fiscales mises en place ont eu des conséquences sur le niveau de vie global des Français et notamment les classes moyennes. La majorité des Français a été touchée et a vu ses revenus diminuer, plus de deux tiers des Français a été perdants. D’où le ras le bol qui peut expliquer, en partie, le mouvement des "gilets jaunes" d’aujourd’hui.
Cette étude a des limites : elle ne prend pas en compte fiscalité locale – comme la taxe d’habitation – qui a augmenté sur la période, ni les impôts indirects, comme la TVA, ou la fiscalité écologique, notamment la taxe carbone mise en place depuis 2014. Autant de taxes et d’impôts qui ont encore contribué à l’appauvrissement du niveau de vie moyen des Français.
Un jeu en partie à somme nulle
L’étude nous dit que, prises dans leur ensemble, les réformes mises en œuvre en 2017 ont eu très peu d’impacts sur les inégalités, même si les impôts sur les ménages a eu tendance à diminuer. L’année dernière, certains foyers modestes ont bénéficié d’aides comme la revalorisation du RSA, mais dans le même temps, ils ont été pénalisés, par exemple par la baisse du montant des aides au logement.
Du coup c’est presque un jeu à somme nulle.
À l’autre extrémité, les plus riches tirent plutôt leur épingle du jeu, puisqu’ils bénéficient entre autres, de la surpression de l’Impot sur la fortune. Reste toutefois une bonne nouvelle, globale : même si on ne retrouvera pas le niveau d’avant la crise, le pouvoir d’achat devrait augmenter cette année de 1,3%.
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