Le décryptage éco. Le pouvoir d'achat des Français augmente
Le pouvoir d'achat des Français va bel et bien augmenter de plus de 2 % cette année, confirme l'Insee. Seul hic, les Français épargnent beaucoup trop. Le décryptage éco de Fanny Guinochet (l'Opinion).
Ces dernières semaines, Edouard Philippe a souvent dit que le pouvoir d’achat allait "progresser de 2 % en 2019", ce qui représente "un gain moyen de 850 euros par foyer".
Et voilà que l’Insee semble lui donner raison. Du jamais vu ces dix dernières années : en 2019, le pouvoir d’achat des Français devrait progresser de 2,3 %. C’est ce que dit l’Insee dans la note de conjoncture qui vient d’être publiée.
Plus de pouvoir d'achat grâce aux "mesures gilets jaunes"
Pourquoi ce gain ? Essentiellement grâce aux mesures prises par le gouvernement en réponse au mouvement des gilets jaunes. Ces mesures, souvenez-vous, c’est la revalorisation de la prime d’activité, mais aussi la prime exceptionnelle que certaines entreprises ont versée aux salariés entre décembre et mars, ou encore l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités qui gagnent moins de 2 000 euros par mois. Au total, le gouvernement a injecté plus de 10 milliards d’euros.
Cela s'explique aussi par les hausses de salaires, autour de 1,8 % : après des années de crise, les entreprises ont retrouvé un peu de marges. Et puis, dernier point très simple : les Français ont un peu plus d’argent, parce que plusieurs d’entre eux ont retrouvé un travail ces derniers mois. Le chômage baisse.
Les Français épargnent beaucoup
Les ménages peuvent dépenser plus mais dans la réalité, les experts notent que cet argent supplémentaire est surtout mis de côté par les Français, sur leur livret A ou sur leur assurance vie.
Il n’y a qu’à voir le taux d’épargne : au premier trimestre, il a dépassé le seuil des 15 % ! C’est beaucoup. Et ce n'est pas une bonne nouvelle pour l’économie, parce que l’argent dort sur les comptes, et n’est pas injecté dans les entreprises, ni investi. L’Insee reste toutefois optimiste, et table sur une progression de 1,3 % des dépenses cette année, contre moins d’1 % l’année dernière.
Prudence et précaution
Les Français restent prudents, ils attendent de voir, ils se disent que l’argent obtenu en plus risque d'être repris, d'une manière ou d'une autre, par l’État. Si celui-ci augmente les impôts, par exemple. Ils se disent aussi que la conjoncture n’est pas stable, que l’environnement international n’est pas rassurant, et qu’on est pas à l’abri d’une nouvelle crise, ou d’une remontée du chômage. Ils constituent ce qu’on appelle une "épargne de précaution."
L’Insee dit tout de même que le taux d’épargne devrait diminuer, mais on ne sait pas à quel moment et à quelle hauteur les ménages vont consommer plus. Selon l'Insee, ça peut prendre plusieurs mois, et même s’étaler sur presque deux ans. Et là encore, ce n’est pas une très bonne nouvelle pour notre économie, parce que la consommation reste un moteur essentiel de notre croissance. En France, c’est plus de la moitié du produit intérieur brut (PIB) , c’est-à-dire ce que l’on produit collectivement.
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