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Le décryptage éco. La pénibilité, une des voies de sortie du conflit sur les retraites ?

Les partenaires sociaux défilent les uns après les autres au ministère du Travail pour parler de la pénibilité, mercredi. Gouvernement et syndicats tentent de trouver un accord. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Express").

Article rédigé par franceinfo - Fanny Guinochet
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Un ouvrier travaille sur les voies ferrées sous la neige. Photo d'illustration. (MAXPPP)

Mercredi 8 janvier, les partenaires sociaux vont défiler les uns après les autres au ministère du Travail pour parler de la pénibilité. Pourquoi, dans le débat sur les retraites, est-ce si important ? Parce que s’il faut travailler plus longtemps alors il faut mieux prendre en compte la difficulté des métiers : c’est ce que disent les syndicats. Un couvreur, un maçon, une infirmière de nuit auront plus de difficultés à rester à leurs postes qu’un cadre dans un bureau. C’est en simplifiant l’esprit du compte pénibilité, crée en 2014, sous François Hollande, lors de la dernière réforme Touraine, qui avait alors allongé la durée de cotisation.

Ce compte pénibilité peut donner droit à de la formation, du temps partiel payé à temps plein mais aussi à un départ anticipé à la retraite pouvant aller jusqu'à deux ans. Depuis la création du dispositif, 1,5 million de comptes ont été créés, mais pour le moment très peu de salariés l’ont utilisé pour partir à la retraite plus tôt. C’est ce compte que les syndicats veulent encore améliorer dans le cadre de la réforme des retraites et le gouvernement n’est pas contre : preuve en est, les discussions sur le sujet se tiennent cette semaine.  

La réforme peut-elle mieux intégrer la pénibilité ?

Déjà, Le gouvernement a abaissé des seuils : par exemple, pour le travail de nuit, vous aurez des points à partir de 110 nuits par an, alors qu’avant c’était 120. Autre avancée, si vous travaillez en 3/8. Vous aurez des points à partir de 30 nuits au lieu de 50. Rien qu’avec ces deux changements, plus de 1,2 million de personnes seront concernées contre 850 000 actuellement.

En revanche, le gouvernement est moins allant concernant des critères supplémentaires comme l’exposition aux vibrations mécaniques, le port de charges lourdes, ou encore les postures pénibles. C’est un des combats de la CFDT : Laurent Berger milite pour que ces critères ouvrent des droits à la retraite comme c’était le cas jusqu’en 2017 quand ils étaient encore dans la loi Touraine avant qu’Emmanuel Macron ne les retire, sous la pression du patronat. S’il est facile de compter le nombre d’heures que vous réalisez la nuit, disent les employeurs, comment mesurer chaque jour votre exposition aux vibrations ? Comment estimer que vous portez des choses lourdes ? Un casse-tête selon les employeurs

Et là, il y a blocage entre le gouvernement, le patronat et les syndicats. Même s’il a eu une petite avancée hier. Muriel Pénicaud, la ministre du Travail a fait une ouverture concernant l’exposition aux produits chimiques. Le gouvernement va étudier comment la prendre en compte dans la retraite.  

Le secteur public devrait être pris en compte. Jusqu’à présent, les fonctionnaires n’avaient pas accès au compte pénibilité .Avec la réforme et le système par points, demain, ils en bénéficieront . Nous évoquons ceux qui ne sont pas dans des fonctions régaliennes, comme les policiers, les militaires qui eux garderont un régime spécifique. Sur la pénibilité, en tout cas, le gouvernement veut aller vite. Après les réunions de cette semaine, il prévoit de faire des annonces le mardi14 janvier.             

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